Emmanuel Mayonnade, Passion intacte
Emmanuel Mayonnade, l’esprit déjà tourné vers la saison 2013-2014.
Emmanuel, un entraineur peut-il vraiment couper pendant les vacances ?
(Sourires) Disons que c’est un métier tellement passionnant que l’on y pense un peu tout le temps. Même quand on a la possibilité de prendre des vacances l’été, il y a toujours la tête à ça, quelque chose à régler. Les joueuses parviennent à couper sans trop de souci en général. Un entraineur, lui, n’est jamais totalement en vacances. Mais je ne vais pas m’en plaindre car nous faisons un métier de passion.
Il est important malgré tout de décrocher un minimum, en tout cas essayer (sourires). Par exemple, j’essaie de couper au maximum mon téléphone, mais je reste très joignable par mail.
L’intersaison est-elle plus agitée cette année avec la création de l’UMB-B ?
Lorsque j’étais à Mios Biganos, je me disais quasiment chaque année : “Plus jamais je ne connaîtrai une intersaison comme celle-ci !“. Mais au final, c’est toujours un peu pareil (sourires). Contrairement à ce que les gens peuvent penser, avec l’UMB-B nous ne sommes pas devenus milliardaires du jour au lendemain.
Avec Jean-Sébastien Lopez (responsable du Centre de Formation de l’UMB-B, ex-entraîneur du CAB en D2F, ndlr / notre photo) notamment, nous mettons les mains dans le cambouis de la même façon que nous le faisions les années passées. Nous organisons le déménagement des joueuses, qui habiteront pour la plupart sur Bègles. Nous faisons des choses qui ne sont pas forcément du ressort d’un entraineur. Mais nous sommes une société nouvelle, en pleine création (SAS, société par actions simplifiée. L’UMB-B devient le 3è club de LFH constitué en société sportive, ndlr). C’est normal que l’on s’implique tous.
L’entraîneur du CA Béglais Jean-Sébastien Lopez prend la direction du centre de formation de l’UMB-B.
Nouveau club, nouvelles ambitions ?
Je n’ai pas envie de penser que les objectifs seront différents. J’ai toujours coaché avec la volonté de gagner tous les matches. On ne fera pas 100% de victoires mais je pars toujours avec cet état d’esprit de compétiteur et je ne compte pas changer. Nous n’avons pas attendu d’être à l’UMB-B pour avoir des objectifs. J’espère que nous ferons au moins aussi bien qu’avec le MBBA.
C’est plus au niveau extra-sportif que les choses évoluent, par exemple nous allons représenter un territoire plus important (Gironde/Aquitaine). Et dans la façon de concevoir les choses, la gestion quotidienne sera plus rigoureuse, nous serons mieux structurés, ce qui est positif.
Une page se tourne, une autre est en train de s’écrire. Comment le vivez-vous à titre personnel ?
A titre très personnel, c’est effectivement un changement. Les choses s’annoncent différentes, pas mieux, ni moins bien, juste différentes. Il faut s’y retrouver, que chacun trouve sa place et que l’on puisse travailler sereinement. J’ai très peu d’appréhension par rapport à cela car j’ai la sincère impression que tout le monde est animé par la même volonté.
Justement, quel est l’objectif de l’UMB-B ?
La 1ère marche importante dans l’avenir sportif de la structure, est de faire partie du Top 6 le plus rapidement possible. Et de vivre une fin de saison propice pour le développement du club. Mais ce sera compliqué, comme pour les autres. Il y a 10 équipes pour 6 places en Play-Offs.
L’internationale française, sacrée meilleure joueuse de LFH en 2011-2013, est de retour en France.
Votre recrutement est-il bouclé ?
Nous regarderons si des choses vont bouger mais a priori le groupe* est complet.
Comment avez-vous convaincu Alexandra Lacrabère de venir ?
Alexandra, je pense qu’elle n’aurait jamais signé à Mios, ni ne serait revenue à Bègles dans les dispositions actuelles. En tout cas au MBBA, je ne l’aurais même pas envisagé. Nous ne pouvions pas l’accueillir dans de bonnes conditions. C’est vraiment le rapprochement entre le CAB et le MBBA qui a rendu sa venue possible. Au début, j’avoue que cela me semblait surréaliste mais elle a été réceptive car elle partage les mêmes valeurs que le club. La possibilité de se rapprocher de sa région a également joué.
A quand remontent les 1ers contacts avec elle ?
Ils se sont faits relativement tard. Il a d’abord fallu officialiser la création de la société sportive, partager la volonté de travailler ensemble, puis trouver un accord. C’est incroyable, au regard de tout ce qu’elle peut représenter, de ses qualités sportives. C’est super pour l’équipe et le club.
Quel est le budget de l’UMB-B pour sa 1ère saison en LFH ?
Toute cette partie-là n’est pas vraiment de mon ressort. Il devrait être légèrement supérieur à 1 million d’euros, il me semble. Nous sommes dans une phase de création, il y a pas mal d’impératifs administratifs. Nous souhaitons avancer avec détermination, humilité et modestie. Ce sont nos valeurs.
Mios Biganos, emmené par sa capitaine Sabrina Ciavatti-Boukili, a atteint le dernier carré du championnat de France la saison dernière.
Dans quelles salles allez-vous vous entrainer, et jouer ?
80% des entrainements se feront à la salle Duhourquet à Bègles, où s’entraînaient déjà es filles du CA Béglais (D2F). Certaines séances se feront au CREPS de Talence où sera notre Centre de Formation. La plupart des rencontres devraient se disputer dans l’agglomération bordelaise, ainsi que sur le Bassin d’Arcachon. Des possibilités de délocalisation sont envisagées lors de “matches- événement“.
Aurez-vous ainsi la possibilité d’être davantage télévisé ?
La salle à Biganos (la Verrerie, aussi appelée “le Chaudron“, voir notre photo ci-avant) était, il est vrai, un frein à une éventuelle diffusion de notre part. Désormais cela devrait être plus facile, en tout cas plus approprié. La télévision pouvait être intéressée l’an dernier pour nous diffuser, et au final nous ne pouvions répondre favorablement. Cela pouvait être frustrant. Nous aurions aimé montrer nos qualités, montrer que l’on existait. Nous n’avions malheureusement pas la salle adéquate pour cela. Si nous remplissons désormais les conditions, ce sera avec plaisir si nous sommes diffusés à domicile.
Qu’en est-il du projet de nouvelle salle à Biganos ?
Un grand projet avait effectivement été lancé mais pour x raisons, notamment politiques, il n’a pas pu voir le jour. Le projet n’a pas abouti mais il n’a pas été abandonné et s’il peut être relancé, ce sera positif pour la ville.
L’UMB-B disputera son 2è match amical à Nîmes, face au HBCN.
Vous avez fixé la reprise des entrainements au 22 juillet, les matches amicaux** et donc les déplacements, à partir du 14 août.
Sur le découpage des clubs en France, nous sommes le club le plus “isolé“, de fait c’est nous qui avons les plus longs déplacements. L’an dernier pour vous dire, notre plus petit déplacement était Fleury Loiret. Nous sommes donc ravis de voir Nantes évoluer en LFH la saison prochaine ! (sourires) Ce sera notre plus court déplacement (environ 300 kms, ndlr).
C’est aussi l’une des raisons pour laquelle j’ai tissé un petit réseau avec l’Espagne pour les matches amicaux. Nous allons jouer 2 fois face à Bera Bera. Après si on peut faire des matches à “mi-distance“ comme à Saintes face à Nantes, à Poitiers face à Issy Paris, cela nous arrange toujours.
Durant la préparation, un entraineur peut-il déjà prédire si la saison sera belle, ou contraire, “galère“ ?
Je me méfie beaucoup de cela… Car l’an dernier, nous faisons une préparation très compliquée (défaites face à Cergy, Mérignac en D2F). On gagne seulement notre dernier tournoi et on commence plutôt bien la saison. Oui, on peut percevoir quelques signes de rendement, individuellement, par rapport à des joueuses mais sur le déroulement de la saison, il n’y a pas de vérité.
Quelle bilan dressez-vous de votre saison 2012-2013 ?
Beaucoup de départs (7, + 2 fins de carrière) et d’arrivées (8 nouvelles joueuses au total, ndlr) à l’intersaison et à l’arrivée nous réalisons plutôt une saison de qualité. Nous avons accumulé plusieurs blessures en fin de championnat, mais c’est le lot de toutes les équipes. En ½ finale de Play-Offs, nous nous inclinons face à Fleury Loiret qui était plus fort que nous. Nous décrochons une belle 4è place. J’ai très peu de regrets si ce n’est de ne pas avoir plus existé en Coupes Nationales.
Iveta Luzumova, l’une des 8 recrues d’Emmanuel Mayonnade l’été dernier, termine 2è meilleure buteuse de LFH 2012-2013.
A seulement 30 ans, vous entamez votre 8è saison consécutive en D1 Féminine. Pourquoi et comment êtes-vous devenu entraîneur ?
J’ai pratiqué le hand mais j’ai très vite été limité par mes qualités de joueur (sourires). En parallèle, j’étais aussi très amoureux du terrain, j’ai toujours eu le sentiment d’avoir eu la fibre d’entraîneur. Je me suis naturellement inscrit dans l’histoire familiale du MBBA (son grand-père Roger est le Président historique du MBBA, son père Gérard, en était le Vice-Président et entraîneur adjoint, ndlr). Aujourd’hui, j’aborde l’aventure avec l’UMB-B comme la prolongation ce que l’on a pu faire auparavant.
Je suis ravi d’entraîner et surtout je n’oublie pas d’où je viens. J’ai bien conscience que je ne serais pas grand chose sans Mios Biganos. Les 2 clubs étaient plus ou moins arrivés au bout de ce qu’ils pouvaient faire et grâce à la création de la société sportive, nous sommes parvenus cet été à évoluer en termes structurels. Pour Mios Biganos comme pour Bègles, l’Union est simplement un prolongement du travail effectué par les 2 clubs jusqu’ici.
Vous entrainez en D1 Féminine depuis l’âge de 23 ans !
Oui, j’ai pris l’équipe 1ère à 23 ans. J’entame ma 8è saison en D1. Avant, j’étais éducateur avec des équipes de jeunes, à Mios. J’ai ensuite commencé par l’équipe réserve féminine avant de prendre l’équipe 1ère.
Est-ce particulier d’entraîner des filles ?
Je ne peux pas trop faire de comparaison car j’ai surtout entrainé des filles, mais je ne m’en plains pas. Il y a une part de psychologique que j’aime bien même si les filles apprécient aussi qu’on leur dise les choses en face. Je me retrouve assez bien dans ce mode de fonctionnement.
Gérard Mayonnade, ici au côté de son fils, est le Vice-Président de l’Union Mios Biganos-Bègles.
Depuis 8 saisons que vous entrainez, le championnat a-t-il évolué ?
Au niveau structurel, les choses ont pas mal évolué. Il y a 8 ans, notre effectif de LFH comptait 2 joueuses professionnelles, contre 10 aujourd’hui. Cela change bien de choses dans le quotidien, comme le fait d’avoir des filles complètement disponibles pour le handball. La densité physique a progressé, la qualité individuelle également. Le niveau de jeu augmente.
Le fait le plus “marquant“ est peut-être le nivellement des équipes. Metz est une nouvelle fois champion, pour la 18è fois, mais on voit qu’ils ont de plus en plus de mal à le devenir. L’écart entre les clubs se resserre. Toutes les équipes peuvent espérer gagner face à n’importe quelle autre équipe. Fleury Loiret présente un bel effectif pour la saison à venir, Issy Paris s’est encore renforcé, mais il faudra aussi se méfier de Nantes, il faudra se méfier de tous nos adversaires.
Avez-vous jeté un œil sur le calendrier ?
Oui bien sûr. Mais cela fait longtemps qu’il n’y a pas de bon ou mauvais calendrier… Si nous gagnons les 3 premiers matches, nous dirons que c’était un bon calendrier. Si nous les perdons, on dira tout l’inverse… Quel que soit l’adversaire, ce sera très compliqué. Si je devais l’analyser, je dirais juste que l’on finit la phase aller comme la phase retour face à Fleury Loiret et Metz. Nous serons donc bien inspirés d’engranger des points avant.
On commence par un déplacement à Toulon, une équipe très forte, le week-end du 7 septembre. Ce sera une 1ère journée compliquée pour tout le monde.
*Effectif de l’UMB-B 2013-2014
Joueuses. Alexandra Lacrabère (Zvezda Zvenigorod), Samira Da Rocha (Zvezda Zvenigorod), Sabrina Ciavatti (MBBA) Zivile Jurgutyte (MBBA), Elsa Deville (CAB), Laure Lewille (MBBA), Alice Lévêque (Besançon), Alice Durand (MBBA), Céline Senamaud (CAB), Marion Maubon (MBBA), Delphine Bellaud (CAB), Mireya Gonzalez (MBBA), Julie Foggea (MBBA), Noémie Lachaud (CAB), Pétra Blazek (Hypo Nö).?Staff. Emmanuel Mayonnade (entraîneur), Romain Lala (Kinésithérapeute), Fethy Bensaad (Médecin), Christian Cerda (Officiel)
**Programme des matches amicaux. Mercredi 14 août. Match à Biganos contre Bera-Bera? / Vendredi 16 août. Match à Nîmes contre Nîmes / ?Samedi 17 août. Match à Nice contre Nice? / Lundi 19 août (matin) : Match à Nice contre Nice? / Mercredi 21 août. Match à Saintes contre Nantes / ?Vendredi 23 août. Match à Poitiers contre Issy Paris / ?Mercredi 28 août. Match à Bera-Bera (Esp.) contre Bera-Bera? / Week-end du 30-31 août : Panthera Cup à Fleury en présence de Fleury Loiret, Issy Paris et Le Havre.