La trêve, avec le Nantes LA
La capitaine Gaëlle Le Hir et ses coéquipières, le regard tourné vers 2014 ? (©Nantes LA)
Stéphane Moualek, avez-vous donné des consignes à vos joueuses pendant les fêtes ?
Non. Depuis le 23 juillet (début de la préparation 2013/2014 de Nantes, ndlr) les joueuses arrivent vraiment fatiguées. Je les ai libérées le 19 décembre au soir. C’est la période des fêtes, je veux qu’elles profitent, qu’elles fassent une bonne coupure pour repartir de plus belle.
Cette semaine, j’essaie de les laisser libre, qu’elles rechargent les batteries en famille, c’est très important aussi. On sait bien qu’en cette période, les repas sont lourds, copieux… Mais les joueuses savent se gérer et elles ont aussi le droit de se faire plaisir. S’il y a eu quelques excès, il faudra faire en sorte de les rattraper rapidement. Nous reprenons le 28, cela arrivera vite. J’en profite pour souhaiter de joyeuses fêtes à toutes et tous.
Vous n’avez plus joué depuis le 20 novembre (Nice 23-22 Nantes, J9), comment avez-vous occupé la trêve internationale ?
Après le match à Nice, j’ai laissé une dizaine de jours aux filles. Nous avons repris le 2 décembre. 3 semaines d’entraînement durant lesquelles nous avons travaillé le handball mais aussi, et surtout, physiologiquement. Nous avons fait beaucoup de physique, de renforcement musculaire.
C’est un bon moyen de se préparer, d’être en forme pour le début d’année 2014, janvier, février, où un gros bloc de matches nous attend.
Avez-vous disputé des matches amicaux ?
Non. En revanche, j’ai utilisé les matches de l’équipe réserve (N1) pour faire jouer les filles qui ont eu un peu moins de temps de jeu en 1ère partie de saison. Face à Dreux (7 décembre) puis Rennes (14 décembre), 2 matches nous ont permis de faire jouer 5 à 6 filles de l’équipe 1.
Ce n’était pas forcément du goût de nos adversaires, mais cela me permettait de donner du temps de jeu en compétition, et faire reprendre confiance à des filles qui avaient moins eu l’occasion de s’exprimer.
Sur cette photo, 4 internationales qui viennent de participer au Mondial, dont 2 vice-championnes du Monde.
Après 3,5 mois de compétition en LFH, cette trêve tombe-t-elle bien ?
Je dirais que non. Les garçons, dont l’Euro se dispute en janvier (11-26 janvier 2014), ont plus de chance. En handball féminin, on est obligé de lâcher les filles une 1ère fois, fin novembre, puis de reprendre l’entraînement sans matches officiels, et les relâcher à nouveau pour les fêtes. Ce n’est pas la période idéale pour s’arrêter même si on peut profiter pour travailler différemment, sans la pression du résultat.
Les joueuses sont-elles motivées la semaine, sachant qu’il n’y a pas de match le week-end ?
Rien ne remplace la vraie compétition. Et quand il n’y a pas la carotte au bout, et bien on essaie d’en trouver (sourires). Les 2 premières semaines, il y avait les rencontres de la N1. J’attendais le dernier moment pour convoquer les filles qui allaient jouer, histoire de les garder toutes concernées. La 3è semaine, j’ai ressenti une petite baisse de motivation, même si nous avons poursuivi le travail physique.
On imagine qu’en dehors des entraînements, vous avez suivi les 4 Nantaises au Mondial ?
Oui, on était de tout cœur avec elles. Maroua (Dhaouadi/Tunisie) a gagné la “Coupe du Président“ avec sa sélection (compétition en marge du Mondial pour les équipes éliminées au 1er tour, ndlr), Louisa (Makubanza/RD Congo) a fait de belles prestations, elle a été élue meilleure joueuse du match face à la Corée du Sud, au 1er tour. Elles ont toutes brillé à un moment ou un autre de la compétition, j’étais content pour elles.
C’est une fierté, aussi, de voir nos 2 Serbes (Jelena Popovic, Katarina Tomasevic) évoluer jusqu’en finale. Quelque part, on se dit que l’on ne s’est pas trop trompé dans notre recrutement. Katarina termine parmi les meilleures gardiennes de ce Mondial (99 arrêts, à 42 % de réussite) et Jelena a réalisé de belles prestations, notamment en 1/8è de finale (6 buts face à la Corée du Sud, victoire 28-27, ndlr).
C’était une belle finale, une belle médaille d’argent malgré tout, dans une ambiance incroyable (près de 20 000 spectateurs, ndlr). J’espère qu’elles reviendront avec plein d’envie.
2 des 3 gardiennes du Nantes LA ont participé au Mondial.
Etiez-vous en contact avec elles ?
La 1ère semaine de compétition, j’ai tenu à envoyer un petit message d’encouragements à chacune, par mail. Ensuite, j’avais des infos par mes joueuses qui correspondent sur les réseaux sociaux. Moi, je n’ai pas de Facebook.
Au 2è tour, je me suis rapprochée des 2 Serbes pour leur souhaiter à nouveau bonne chance. J’ai eu une réponse de Jelena, qui disait qu’elles donneraient tout pour aller au bout.
Appréhendez-vous “l’après-Mondial“, avec un éventuel contrecoup ?
Toute compétition, on y laisse de l’énergie, encore plus quand on va loin. Et si on ne gagne rien au bout, cela n’en est que plus difficile physiquement, psychologiquement. On revient émoussé mais on vit aussi des émotions fortes, notamment par Jelena et Katarina. Tout ce pays derrière elles, cela peut leur donner un surcroît d’énergie et contribuer à les transcender. Les filles ont porté haut et fort les couleurs de leur sélection, avec elles, on veut porter haut et fort les couleurs de Nantes.
Il faudra faire attention aux blessures et aux contrecoups, être juste dans l’utilisation des joueuses. Ce sera la 1ère fois pour moi, j’espère ne pas trop me tromper. En janvier, nos joueuses africaines (Louisa Makubanza, Maroua Dhaouadi) repartent au Championnat d’Afrique des Nations. Nous le savions cet été. Ce sera une grosse débauche d’énergie pour elles, j’espère qu’on les récupérera pas trop fatiguées.
Aviez-vous également un oeil de recruteur ?
J’avais la possibilité d’être sur place, à Belgrade, avec d’autres entraineurs de LFH. J’ai préféré rester sur Nantes, travailler avec le groupe. Même si la saison est loin d’être finie, oui, nous sommes en phase de construction et bien sûr, on commence à penser à l’an prochain. Et le Mondial, cela reste la meilleure vitrine pour observer, référencer un maximum de joueuses.
Quelles ont été vos bonnes surprises ?
J’ai bien aimé des nations comme les Pays-Bas, la Pologne, la Corée du Sud, même si nous avons peu de chance de faire venir une Coréenne. J’ai eu un oeil avisé sur des joueuses qui n’évoluent pas forcément dans les grands championnats mais qui sont de très belles joueuses. Dans tout recrutement, il y a un facteur très important à prendre en compte, celui de l’adaptation.
Les 3 derniers matches officiels du Nantes LA étaient face à… l’OGC Nice (2 en Coupe de la Ligue, 1 en championnat). (©Nantes LA)
Comment se situe la LFH par rapport aux autres championnats ?
C’est ma 1ère saison en LFH mais je crois sincèrement que le championnat de France n’a rien a envier aux autres grands championnats. Les statistiques que j’ai vues sont intéressantes. Cela prouve que le championnat est de qualité. En finale, c’était le championnat qui avait le plus de joueuses, en ¼ de finale également : 21 joueuses de LFH étaient en 1/4, contre 20 pour le Danemark, qui est le championnat le plus pro du monde.
C’est aussi une preuve de la qualité des choix dans le recrutement des clubs français. Par contre, la “mauvaise nouvelle“ dans un championnat aussi dense, c’est qu’il n’est pas facile de s’en sortir. Le promu que nous sommes va devoir s’accrocher. C’est un championnat qui s’est renforcé à tous les étages.
Nantes débutera 2014 avec la réception de Fleury Loiret (11/01) puis un déplacement à Metz (18/01)
2 gros matches qui nous attendent, face aux 2 premiers du classement. Avant cela, la Coupe de France (5/01) à Nîmes sera un moyen de nous remettre dans le bain, mais ce n’est pas un objectif prioritaire.
Etes-vous satisfait de votre 1ère partie de saison ?
Je suis très mitigé. Nous savions que le début serait très compliqué, nous avions en plus des blessées. Depuis le 15 octobre, nous avons fait de bons matches. Mais nous avons seulement 2 victoires (et 7 défaites) au compteur, en championnat. A mon avis, il nous en manque une pour que l’on puisse espérer se mêler à la lutte pour les Play-Offs. Là, cela devient plus compliqué même si on donnera tout pour y être.
Mais sur le contenu, j’ai été très agréablement surpris par notre défense qui tient la route. En attaque, nous avons été plus embêtés. On a beaucoup parlé des blessées à Nîmes. A Nantes aussi, nous n’avons pas été épargnées. Nous avons ou allons en récupérer plusieurs(dont Alissa Gomis, Rafika Marzouk, Maroua Dhaouadi). Elles ont peu ou pas joué lors des matches aller. Je considère leur retour comme un recrutement.