Camille Ayglon : “On a vraiment à cœur de se rattraper“
Camille Ayglon (Nîmes) et Nina Kanto (Metz), près de 400 sélections en équipe de France sur cette photo.
Camille, dans quel état d’esprit abordez-vous la réception de Nantes ?
On a vraiment à cœur de se rattraper par rapport à notre match à Besançon (ESBF 31-27 Nîmes, J14). Après la rencontre, on s’en est toutes énormément voulu. Depuis le début de l’année, on était sur une bonne dynamique, et là, sans rien enlever à Besançon, je crois que nous avons livré notre “pire“ match de 2014. Individuellement et collectivement, on n’y était pas.
C’est tombé face un concurrent direct pour les Play-Downs, ce qui est encore plus dur à encaisser. Nous avons joué un vendredi (28 février, ndlr), ensuite, nous avions un week-end de 3 jours. 3 jours qui sont parus bien longs… On a eu le temps de ressasser la défaite, j’espère que cela nous servira de leçon.
Les actuelles 3 dernières équipes au classement se tiennent en 1 point : Nîmes 10è (19 points), Besançon 9è (20 points), Nantes 8è (20 points). La lutte pour les Play-Downs s’annonce intense ?
Chaque match sera un combat, on se doit de jouer avec le coeur et avec nos valeurs, c’est à dire ne rien lâcher. Le but à l’heure actuelle, c’est de ne pas finir dernier à la fin de saison régulière. Quand on part avec 4 points, cela laisse une marge d’erreur. Celle-ci devient très mince si on part avec 0 point.
Ce sera difficile jusqu’au bout, on le sait, mais même face aux grosses équipes, Metz (J16), Fleury (J17), ce sera très compliqué mais nous allons jouer notre chance jusqu’au bout.
Avez-vous déjà vécu pareille situation avec Nîmes ?
Il y a 2 saisons, nous avons joué les Play-Downs, mais nous étions en course pour les Play-Offs jusqu’à la dernière journée de la saison régulière. Nous étions donc parties avec 4 points. Aujourd’hui, cela semble plus compliqué, même si je ne désespère pas qu’une décision de “bon sens“ soit prise quant au retrait de points dont le club a fait l’objet (défaite sur tapis vert face au Havre*, ndlr). Ces 3 points-là ne nous feraient pas de mal.
Les Nîmoises prêtes à se battre comme des Lionnes.
Face à Nantes, votre club a pris l’initiative d’inviter toutes les femmes au Parnasse. Comptez-vous sur le soutien du public ?
Oui, c’est très important. Voir le Parnasse bien garni, c’est toujours une force supplémentaire pour nous. Depuis début 2014, on a senti que le public se déplaçait davantage au Parnasse, les résultats y étaient sûrement pour quelque chose. C’est important et cela fait plaisir.
Face à Nantes, je pense que le public sera au rendez-vous et surtout, on a envie de leur montrer un autre visage que celui face à Besançon.
Après avoir donné naissance au petit Milo, le 24 septembre 2013, vous avez repris l’entraînement en décembre 2013, la compétition fin janvier. Etiez-vous impatiente ?
“Impatiente“, je ne sais pas si c’est le bon terme car j’ai choisi de devenir maman. C’est une aventure que j’ai souhaitée et que j’ai savourée. Ce n’est pas la même chose que quand on se blesse et que l’on subit une convalescence.
J’ai savouré pleinement ma grossesse, ainsi que le fait de devenir maman. Mais j’étais contente de reprendre. Je m’étais fixée la reprise 2,5 mois, 3 mois après l’accouchement. Je m’y suis tenue. L’activité physique commençait à me manquer.
Etait-ce difficile de vivre les matches depuis les tribunes ?
Oui, c’est pénible… Encore plus avec la conjoncture du club. Dans ces moments, on n’a qu’une envie, c’est être avec le groupe, être dans la galère avec elles, essayer de se sentir utile. En tribune, c’est trop frustrant.
Avez-vous souffert lors des premiers entrainements?
Le 1er footing a été particulièrement difficile ! Sur le moment, j’avais vraiment l’impression que mon corps n’était plus fait pour le sport (sourires). Il fallait remettre la machine en route… Aussi au niveau du bras, il fallait retrouver de la puissance. J’ai eu un peu mal, une petite tendinite à l’épaule, comme cela peut arriver en début de saison. Mais moi, mon début de saison, c’était en janvier (sourires).
Pour les sensations, je ne les ai pas encore totalement retrouvées, mais cela revient assez vite.
Championnes du monde 2003, internationales françaises, dont Camille Ayglon, réunies lors du tournoi Razel Bec à Paris-Coubertin (01/12/13)
Etre sportive de haut niveau et jeune maman : on imagine vos journées bien occupées ?
C’est toute une organisation et c’est vrai que le soir, par exemple avant quand on rentrait de l’entraînement, on pensait à se mettre devant la tv, regarder un film, manger. Maintenant, après l’entraînement, je récupère le petit chez la nounou, on lui donne le bain, on le fait manger, on le couche et ensuite, on peut penser à nous. Enfin presque… Il ne fait pas toujours des supers nuits, et il n’a pas encore fait ses dents (sourires).
Mais tout cela, c’était dans le contrat (sourires). Même si on le sait, il faut le vivre et au final, ce n’est que du bonheur. Dès qu’il nous fait son petit sourire, on oublie tout, il se fait vite pardonner (sourires).
Maintenant que vous êtes maman, abordez-vous la compétition de façon différente ?
Pas spécialement. J’ai vécu une grosse frustration le week-end dernier et cela ne m’a pas empêchée de refaire 46 fois le match dans ma tête. Si Milo n’était pas là, je l’aurais peut-être encore davantage ruminé. Après, dans la vie en général quand on a des contrariétés, on relativise un peu plus je pense. Milo réclamera toujours son biberon et c’est la vie qui continue.
Après, j’ai toujours eu un certain recul par rapport aux événements sportifs mais cela ne change pas mon investissement, l’énergie que je mets à l’entraînement, en compétition. Ce qui change, c’est juste que j’ai moins de temps libre, pour moi, en dehors des entrainements et du handball.
Retrouver l’équipe de France est également un objectif ?
Si j’ai eu envie de revenir après la grossesse, c’est aussi parce que je me suis fixée un dernier gros objectif sportif : les JO de Rio en 2016. C’est un objectif que j’ai en tête et forcément, j’aimerais retrouver l’équipe de France. J’espère que cela se fera, à moi de tout faire pour pouvoir revenir, cela commence par bien faire mon travail en club.
Julie Goiorani sera Nîmoise les 2 prochaines saisons, est-ce une bonne nouvelle ?
Oui. J’ai déjà joué avec elle à Nîmes, c’est une personne que j’apprécie sur et en dehors du terrain. Elle connaît bien le club, l’entraîneur, donc il n’y aura pas de problème d’intégration. C’est une très bonne recrue, qui va nous apporter beaucoup.
*Le 26 février 2014, La Fédération Française de Handball a informé le HBC Nîmes du rejet de sa réclamation concernant la rencontre Nîmes – Le Havre du 11 janvier (J10). Nîmes s’incline sur tapis vert 0-20 suite à l’envoi tardif du dossier médical de Camille Ayglon. Une procédure est en cours concernant la sanction infligée par la COC fédérale au club de Nîmes, puis confirmée par la Commission des litiges.