Dans la famille Atila… avec Anaïs et Eden

Cette semaine, pour notre long format, nous vous emmenons une nouvelle fois « Dans la famille de… » à la découverte de deux sœurs du handball tricolore. Il s’agit cette fois d’Anaïs et Eden Atila qui font respectivement les beaux jours de Palente Besançon Handball et de Lomme Lille Métropole Handball. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en plein automne, la jovialité des deux frangines fait du bien ! Interview.

Anaïs, Eden, pouvez-vous vous présenter ?

Anaïs : Je m’appelle donc Anaïs, j’ai 25 ans, je joue au handball depuis que j’ai l’âge de 9 ans. Je suis demi-centre. J’ai découvert le hand grâce à une intervenante qui était venue dans ma classe en primaire, à Montargis. J’ai commencé par le handball mixte, assez rapidement. Et j’ai continué en région parisienne par la suite, vers 13 ou 14 ans. Et puis ensuite je suis allé au pôle espoirs d’Orléans où j’ai fait toutes mes classes jusqu’à la terminale. Après je suis passée par le centre de formation de Fleury où je suis restée 3 ans. J’y ai notamment vécu mes premières expériences en première division et puis ensuite je suis partie pour finir mes études sur la région de Valence, au Pouzin. Après il y a eu le covid, j’ai été vers Saint-Etienne. Et maintenant je suis à Palente, depuis deux saisons.

Eden : Du coup, moi, je suis Eden, j’ai 21 ans et j’ai commencé le handball à 6 ans, en suivant ma sœur dans le club de Montargis. J’avais bien aimé aussi la pratique donc j’ai continué. Et j’évolue aussi comme demi-centre ! Ensuite j’ai fait quasiment le même parcours puisque je suis entrée au pôle d’Orléans où j’ai fait mes 4 années jusqu’en terminale. Mais j’ai bifurqué ensuite vers le centre de formation de Chambray-les-Tours, où j’ai fait 3 ans. Et je viens de signer ma première année comme pro à Lomme Lille Métropole Handball.

En parallèle du handball, je crois que vous êtes aussi assez occupées. C’est bien le cas ?

Eden : Oui. De mon côté, je suis toujours étudiante. J’ai démarré avec des études dans la nutrition, mais j’ai changé entre temps. Je poursuis actuellement une formation de responsable petite et moyenne structure, c’est assez généraliste avec du marketing et de la gestion.

Anaïs : De mon côté, j’ai eu mon bac et j’ai ensuite fait STAPS jusqu’à la 2e année et ensuite j’ai fait un BP musculation et haltérophilie dont j’ai été diplômée, à Montélimar. Et depuis je suis donc handballeuse et coach sportif.

C’était important pour vous de ne pas être tournées que vers votre carrière de joueuses ?

Anaïs : Honnêtement oui. Et c’est une vérité, le sport féminin ne permet pas de vivre pleinement de ça, sauf à atteindre vraiment le niveau élite en première division. On est obligé de travailler à côté. Il vaut mieux avoir un travail et un diplôme qui permettent d’anticiper la suite.

Eden : Une carrière de handball, ça se termine généralement dans la trentaine donc il reste pas mal de temps avant la retraite ensuite (rires). Quand j’étais à Chambray, j’ai vu quelques joueuses qui avaient arrêté leurs études pour privilégier leurs carrières et qui ont repris ensuite, comme Alexandra Lacrabère par exemple. Ça m’apparaissait très dur ! J’ai préféré continuer dès maintenant.

Le handball a été un coup de foudre immédiat pour vous ?

Anaïs : On a fait énormément de sports avant le handball. Moi il y a eu des moments où je faisais des crises comme à la danse ou à l’équitation… Je n’y suis pas restée longtemps, parfois un ou deux mois. Et le handball, ça a été l’un des seuls sports où j’ai réussi à faire une année complète (rires). Ce qui était ennuyeux néanmoins, c’est qu’avant, il n’y avait pas d’équipe fille -12 ans. Au départ, j’étais en mixte avec les garçons et il n’y avait pas d’équipe mixte le week-end… Ce qui fait que je ne jouais pas les week-ends. Après en -14 ans, ça n’a plus été le cas et j’ai accroché direct.

Eden : Ma sœur, c’était mon exemple ! Donc forcément je voulais faire la même chose qu’elle (rires). Et quand j’ai commencé, pareil, c’était mixte, mais j’aimais bien car j’étais déjà grande à ce moment-là. Surtout c’est un sport complet et collectif… Et ça c’est hyper important pour moi. On a des copains, des copines, on n’est pas seul comme en athlétisme par exemple.

Vous êtes toutes les deux demi-centres, comment cela se fait-il ?

Eden : Peut-être parce que l’on n’était pas très grandes (rires).

Anaïs : Moi j’ai fait un peu d’aile en première division pour dépanner, ce qui m’avait permis de prendre ma place à Fleury. Mais je suis quand même demi-centre de base. Mais je pense que comme on avait globalement le même profil au pôle, on s’est retrouvé au même poste.

Eden : Même avant le pôle, il me semble. On distribuait déjà.

Est-ce que cela dit quelque chose de vous le poste que vous occupez ?

Anaïs : Je crois qu’on est toutes les deux très organisées dans notre vie. On est altruistes aussi.

Eden : Je partage ça aussi. Et puis j’avais testé des postes comme pivot ou ailière et on est quand même très dépendantes du jeu des autres… Et je n’ai pas trop aimé. C’est peut-être pour ça que je suis demi-centre.

Vous échangez beaucoup sur vos performances, sur votre poste ?

Eden : Cela arrive qu’après certains matchs, on discute un peu de ce qu’il s’est passé. Donc on se donne parfois des petits conseils, oui.

Anaïs : Au niveau handball, on n’est pas dans la critique, on discute simplement. En début de saison, elle m’avait par exemple dit qu’elle trouvait que je pouvais plus tirer dans certaines situations et le match d’après j’y ai pensé et j’ai fait un très bon match. On se parle en se mettant à la place de l’autre généralement.

Vous n’avez jamais joué ensemble. Est-ce que c’est quelque chose qui vous manque ?

Anaïs : Non. Ça ne me dérangerait pas de jouer avec elle, mais comme on est sur les mêmes postes et sur la base arrière, je n’ai pas envie qu’il y ait de potentiel conflit. Même si je sais que cela n’arrivera pas. Si on veut évoluer toutes les deux, c’est mieux que ça ne soit pas dans la même équipe. Je préfère jouer contre elle qu’avec elle finalement.

Justement vous vous êtes affrontées en début de saison. Comment l’avez-vous vécu ?

Eden : Quand je suis arrivée dans le championnat de D2F et que ma sœur est remontée aussi, je me suis dit que c’était trop bien car j’allais jouer contre elle. Et je me suis rendue compte qu’en fait on n’avait jamais joué l’une contre l’autre ou ensemble. Et que le seul moment où on avait touché le même ballon, c’était quand elle était à Saint-Etienne et que j’étais venue m’entraîner une fois avec elle. Inconsciemment, comme on a le même jeu, j’avais l’impression d’avoir déjà joué avec elle. C’était sympa. Quand j’ai vu que le premier match de la saison, c’était face à Palente, je me suis dit : « Ok, c’est le choc des sœurs Atila d’entrée ». J’ai vraiment aimé. C’était super bien. Comme je savais un peu ce qu’elle était capable de faire, j’en ai profité à un moment, j’ai réussi à faire une petite montée inversée sur elle (rires). Ça fait des souvenirs.

Anaïs : Au club, les coachs n’ont fait que de me charrier avant que le match n’ait lieu (rires). Je me suis vraiment dit que ça allait être bizarre, car je l’ai beaucoup regardée jouer aussi, même si j’étais moins présente sur ses matchs plus jeune car j’avais déjà quitté le cocon familial. En fin de compte, le match s’est bien déroulé. Après même si on perdait le match, ce qui m’importait c’est que ma sœur joue bien. J’avais peur qu’on s’en mette plein la tête mais ça a été plutôt cool.

Il y aura tout de même une petite revanche à prendre pour Eden…

Eden : C’est clair ! Et ça sera chez nous.

Vos parents ont dû être heureux de vous voir face à face…

Eden : Oui. Dès qu’ils ont su, ils ont préparé le déplacement. Et ce qui était sympa c’est que l’on a passé le week-end ensemble ensuite. C’est assez rare.

Quel regard portez-vous sur l’autre dans sa pratique ?

Anaïs : Depuis qu’elle est toute petite, je suis trop contente de partager avec elle cette même passion. Moi j’ai toujours voulu que ma sœur réussisse là où je n’ai pas pu aller. Étant l’aînée, je peux lui donner des conseils et des astuces sur des choses à ne pas faire ou accepter dans le handball pour qu’elle ne se retrouve pas dans de mauvaises situations. Je veux qu’elle ait la carrière la plus fluide possible. Le fait qu’elle ait signé pro en sortant du centre de formation de Chambray m’a rendue plus contente que quand j’ai signé mon premier contrat pro.

Eden : Ça a toujours été mon exemple, ma star. Forcément je voulais faire tout comme elle. Elle a eu des moments pas faciles et j’ai essayé de reproduire tout le positif surtout en prenant ses conseils.

Qu’est ce que vous voleriez à votre sœur dans son jeu ?

Eden : Moi j’ai toujours trouvé que c’était une joueuse avec beaucoup de puissance. Au niveau des appuis et du tir. Si je voulais perfectionner mon jeu, j’aimerais avoir son bras.

Anaïs : Elle, elle est beaucoup plus fine. Elle place bien le ballon je trouve. Et elle a aussi une certaine insouciance dans le jeu. Elle semble détachée, plus calme, là où je peux me tracasser plus.

Vous étiez comment enfants ?

Anaïs : Nous, on est de la campagne ! Nos parents habitaient dans une rue où il n’y avait pas beaucoup d’enfants. Donc, on a toujours joué ensemble, dehors. On a eu un quad à une époque, on jouait toujours avec, on allait sur la route alors que c’était interdit. On faisait du roller aussi. Et aujourd’hui, dès que l’on peut, on fait des trucs ensemble, mais on n’est pas fusionnelles non plus comme d’autres pourraient l’être.

Eden : Petites, on se chamaillait quand même pas mal, mais c’est fini (rires).

Anaïs : Surtout on peut ne pas s’appeler pendant 2/3 semaines et quand on s’appelle on y passe des heures. On a une bonne relation mais on ne se colle pas.

Eden : Comme elle est partie assez tôt au pôle, ça donne un autre équilibre. Et ce qui est drôle, c’est que pendant la période covid, j’ai retrouvé ce que c’était d’avoir une sœur. On ne s’était jamais autant vues ! On était tout le temps ensemble.

Quelle est la meilleure handballeuse des deux ?

Anaïs : Je ne sais pas. Ça dépend des critères. Si on se base sur le CV, c’est moi car je suis plus ancienne et que j’ai plus d’expérience. Mais sur la qualité, je ne me vois pas jouer, donc je dirais ma sœur (rires). Surtout si ma carrière devait s’arrêter, ça ne serait pas grave tant que celle de ma sœur est réussie.

Eden : C’est trop mignon ça…

Eden, on vous sent émue…

Eden : Quand même oui.

Comment on fait quand on a une sœur aussi sympa ?

Eden : C’est chiant quand même (rires).

Parce que dans le fond, la meilleure c’est vous (rires)…

Eden : Forcément, sans même l’avoir écoutée, j’aurais dit que c’était elle ! C’est ma star, je l’ai déjà dit. Et puis elle a fait plus de choses que moi quand même. Elle a été en France Jeune, elle a joué en première division et elle a aussi pas mal d’expérience en D2. Moi je démarre tout juste…