LBE (Mérignac) – Parole à… Audrey Deroin : « quand on m’a donné le feu vert, j’étais la plus heureuse du monde »
Maman d’une petite fille depuis le début de l’année, Audrey Deroin a repris le chemin des entraînements depuis un peu plus de deux semaines. Après plusieurs mois d’absence, la meilleure buteuse du Mérignac Handball la saison dernière en D2F, a hâte de retrouver le chemin de la compétition, pour aider son équipe dans une fin de saison qui verra le MHB disputer les playdowns, pour tenter de sauver sa place en Ligue Butagaz Energie. Sa grossesse, son retour, la gauchère de 30 ans s’est livrée avec son franc-parler habituel, dans l’entretien de la semaine.
Audrey, bientôt de retour sur les parquets de la Ligue Butagaz Energie ?
J’ai été suivie pendant toute ma grossesse par des professionnels, et j’ai repris la préparation physique trois semaines après mon accouchement. Cela fait maintenant quinze jours que j’ai pleinement réintégré le groupe, et je vise un retour à la compétition le 14 mars, mais avec l’équipe réserve en lever de rideau de la D1. Et si tout va bien, j’aimerai revenir en Ligue Butagaz Energie le 4 avril contre Besançon (ndlr match de la J21).
Il y a une volonté de ne pas griller les étapes ?
C’est exactement ça. Même si j’ai déjà connu des pépins physiques dans ma carrière, revenir d’une grossesse ça n’a rien à voir. Même si j’ai continué la musculation jusqu’à la veille de mon accouchement, je n’avais pas couru depuis plusieurs mois, et il faut que mon corps se réhabitue aux efforts physiques spécifiques au handball. C’est pas facile, on ne veut pas faire n’importe quoi. Il faut que je me sente bien physiquement, et le handball va revenir progressivement.
Après plusieurs mois d’absence, on imagine qu’il y a une grosse excitation à l’idée de retrouver la compétition…
Je n’ai jamais été autant excitée ! (rire) Si vous m’aviez vue il y a quinze jours quand j’ai touché le ballon pour la première fois, c’était comme si j’avais une côte de bœuf entre les mains. Je suis une passionnée, j’ai besoin de ça, et quand on m’a donné le feu vert pour reprendre les entraînements, j’étais la plus heureuse du monde !
Tu as gardé contact avec le groupe pendant ta grossesse ?
C’était frustrant pour moi de ne pas pouvoir aider l’équipe, mais je passais les voir régulièrement au moins une fois par semaine. J’ai des amies dans ce groupe, et on a évidemment continué à se voir en dehors. Après j’avais une préparation physique spécifique à suivre de mon côté, pendant ma grossesse pour garder ma masse musculaire, et puis après mon accouchement. C’est forcément difficile de travailler seule, mais étant hyperactive, je ne pouvais pas rester sans rien faire pendant ma grossesse, à manger du saumon fumé dans mon canapé avec des chips. J’allais au sport tous les deux jours, et j’ai vraiment essayé de mettre toutes les chances de mon côté pour faciliter ma reprise. Mais clairement, le ballon m’a manqué, et c’était pas facile de rester sur le côté pour regarder les filles s’entraîner. J’ai essayé de prendre la balle quelques fois, mais Philippe n’était pas d’accord (rire).
Dans quel état d’esprit es-tu ?
Ce que je sais c’est que je n’ai jamais été aussi excitée à l’idée de retrouver la compétition. Quand j’arrive à l’entraînement, j’ai la « patate », le sourire, et il n’y a rien de frustrant pour moi. J’ai un ballon entre les mains, et c’est ce que j’attendais depuis longtemps. Et puis maintenant, si j’ai été en difficulté sur un entrainement, quand je rentre la maison, je retrouve ma famille, ma fille, et on a pas le temps de cogiter comme avant. Je me sens plus forte mentalement, et j’ai une énorme motivation pour aider Mérignac en cette fin de saison.
Jutement, quel regard portes-tu sur la saison réalisée par ton club ?
Je ne suis pas surprise des résultats du Mérignac Handball. On savait que la marche était grande entre la D2F et la Ligue Butagaz Energie. Les conditions n’ont pas été idéales pour débuter la saison avec de nombreuses absences. Nous avons un groupe jeune, qui manque d’expérience, et même si je ne pensais pas qu’on ferait ce bilan, je savais que ce serait difficile. Maintenant il ne faut surtout pas baisser la tête, il y a d’autres équipes qui ont été dans notre situation avant. Nous avons la chance, avec la formule des playdowns, même si nous partons avec 0 point, de pouvoir recommencer à 0 pour aller chercher notre maintien. C’est sur que nous ne serons pas dans la meilleure position pour y parvenir, mais c’est aussi la beauté du sport, nous aurons une carte à jouer. Tu gagnes le premier match des playdowns, l’avant dernier perd, tu te retrouves déjà à égalité de points avec lui. Ça peut aller très vite. J’ai connu ça avec l’UMBB et Dijon, et nous nous étions maintenues !
Qu’est ce qui manque au Mérignac Handball pour aller chercher une première victoire dans l’élite ?
Nous avons souvent connu des baisses de régime en début de seconde période. Physiquement nous sommes impactées sur la durée d’un match, et on a l’impression qu’il faudrait arrêter les rencontres à 45′. Le manque de rotations lié aux blessures a joué, mais on peut voir que ça avance dans le bon sens sur les derniers matchs de l’équipe. Si on arrive à retrouver notre collectif au complet pour les playdowns, et avec une volonté sans faille, pourquoi pas. J’espère que le parcours que nous avons eu depuis le début de la saison va avoir un impact sur notre fin de saison.
Malgré le contexte, le MHB prépare activement la saison prochaine…
Tout le monde nous envoie en D2F, et pourtant, le club a annoncé de nombreuses recrues pour la saison prochaine. Le projet du club est attractif, et même si nous n’arrivons pas à décrocher notre maintien, nous aurons l’ambition de remonter immédiatement derrière. Ce n’est pas une fin en soi de redescendre après une montée, si on arrive à rebondir dès la saison suivante.
Peux tu nous parler de ton projet de reconversion dans le vin.
J’ai validé un diplôme de conseillère internationale en sommellerie, et je suis dans une des régions viticoles les plus attractives au monde. J’ai fais une pause de 9 mois, mais c’est vrai que c’est très enrichissant pour moi d’être dans cette région. J’ai eu la chance de faire la Bourgogne quand je jouais à Dijon, maintenant la région bordelaise avec Mérignac… mais je ne vais pas changer de club à chaque fois en fonction du vin (rire). J’ai toujours continué mes études en parallèle de ma carrière sportive, et aujourd’hui j’ai mes diplômes. Il ne me reste plus qu’à travailler, mais pour le moment il y encore le handball.
La retraite sportive n’est pas encore d’actualité ?
Pas du tout ! Tant que mon corps répond présent, que les projets sportifs sont intéressants et que je suis passionnée, je n’ai pas de raison d’arrêter. J’aime toujours autant mon métier, et puis après neuf mois de break, je peux vous dire que je l’aime encore plus ! Je n’ai qu’une hâte, c’est que ma petite vienne me voir jouer au handball !
Nous remercions Audrey d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.