Focus – « Metz est le club qui m’a permis de devenir Amandine Leynaud »
(photo : Bertrand Delhomme)
Quant il s’agit d’évoquer la place qu’occupe Amandine Leynaud dans le paysage handballistique français, on peut rapidement se retrouver en manque de superlatifs, tant la jeune retraitée tricolore a marqué sa discipline… et continue de la marquer en club à Györ.
Gardienne hors pair, personnalité admirée, respectée et reconnue, la native d’Aubenas s’est bâtie un palmarès colossal au fil des années, en s’imposant comme l’une des toutes meilleures gardiennes de l’histoire de notre sport, si ce n’est la meilleure. Dévoilée à Bourg de Péage, c’est à Metz que la carrière professionnelle d’Amandine Leynaud a débuté, « Bourg de Péage et Metz, mes deux clubs formateurs, occupent une place particulière pour moi dans ma vie de sportive et de femme » évoque l’intéressée. Gravement blessée au genou alors qu’elle n’avait que 17 ans, elle a été tenue éloignée des terrains pendant plus d’un an. Un épisode marquant qui aurait pu freiner la progression de la jeune pépite qu’elle était à l’époque, mais il n’en a rien été. Déterminée, Amandine Leynaud a pris la décision de signer à Metz, « Je n’avais pas mis un pied sur un terrain pendant un an, et Metz m’a fait signer mon premier contrat professionnel et à l’époque ce n’était pas rien. Les gens ne comprenaient pas mon choix de rejoindre aussi jeune une machine comme Metz, alors que je revenais de blessure. » explique t-elle, avant d’ajouter : « j’avais tellement envie de progresser, qu’il fallait que je m’entraîne avec les meilleurs et à cette époque il n’y avait pas meilleur que ce club en France. J’ai eu la chance d’avoir du temps de jeu rapidement, et pour la jeune gardienne que j’étais, ça m’a permis de progresser énormément.« . Un choix payant. Dès son arrivée à Metz, Amandine Leynaud marque les esprits, s’impose rapidement dans les buts lorrains, et se retrouve convoquée avec l’équipe de France. Le début d’une épopée fantastique, qui la propulsera sur les sommets du handball international. « Metz est le club qui m’a permis de devenir Amandine Leynaud, d’évoluer dans les plus grands clubs européens. Metz gardera une place spéciale dans mon coeur.« .
(photo archive : Icon Sport)
Championne de France à six reprises avec le Metz Handball, désignée meilleure gardienne du championnat de France de 2008 à 2011, Amandine Leynaud était installée dans un fauteuil en France, intouchable. Au sommet de son art, elle va alors prendre la décision de partir à l’étranger en 2012, avec la volonté de progresser encore et toujours, « Je voulais me mettre en danger, pour apprendre et progresser, avec la volonté de gagner le plus beau titre : la Ligue des Champions. J’ai toujours eu ce besoin d’apprendre« . Des débuts à l’étranger qui n’ont pas été simples, avec une première expérience à Valcea perturbée par une blessure et la mise en faillite du club roumain. C’est en Macédoine que l’internationale française va briller aux yeux de tous. Arrivée au Vardar Skopje en 2013, Amandine Leynaud va enchaîner les campagnes européennes avec une obsession : gagner la Ligue des Champions. Brillante dans les buts du champion macédonien, le graal va lui échapper à plusieurs reprises, malgré cinq participations au prestigieux Final 4 avec le Vardar (2014, 2015, 2016, 2017, 2018). Recrutée par Györ en 2018, le destin va enfin lui sourire l’année suivante avec une Ligue des Champions remportée en finale contre Rostov, et une performance XXL réalisée par la gardienne tricolore. Une période enrichissante, qui lui a permis de grandir encore « Cela va faire dix ans que je joue à l’étranger. Ces années ont été une vraie expérience handballistique et humaine. Se retrouver loin de sa famille, de ses amis, dans des équipes avec une grosse concurrence, c’est ce que j’étais venue chercher en partant de France. J’ai toujours eu ce besoin d’apprendre, et d’évoluer dans un club comme Györ, qui reste le club emblématique de la dernière décennie, ça reste une expérience incroyable.« .
(photo : Bertrand Delhomme)
Multi-médaillée avec l’équipe de France, Amandine Leynaud a tout connu avec le maillot bleu blanc rouge. Des périodes difficiles aux grandes épopées, elle s’est imposée comme un élément déterminant dans la construction des succès que les Bleues ont connu. Après de nombreuses années de bons et loyaux services, elle a décidé de prendre sa retraite internationale après les Jeux-Olympiques de Tokyo. Une retraite dorée sur les toits de l’olympe, « C’est totalement fou d’avoir terminé ma carrière internationale sur un titre olympique. » admet l’intéressée, avant d’ajouter : « Quand on gagne des médailles comme nous l’avons fait ces dernières années, tu en veux toujours plus. Mais la médaille d’or des Jeux Olympiques reste la plus belle des médailles, que tout sportif rêve d’avoir une fois dans sa carrière. Finir sur ça c’est un honneur, et je me sens chanceuse.« . Un timing parfait, et un retrait en toute sérénité, conforté par une relève assurée par des gardiennes de talent comme Cléopatre Darleux et Laura Glauser, « J’ai eu la chance d’évoluer avec Cléopatre et Laura en l’équipe de France. C’est un nouveau binôme et elles ont réalisé un très beau Mondial. Elles ont été performantes, dans des moments importants. J’ai toujours été attachée aux deux, et humainement ce n’était jamais facile de voir une co-équipière déçue ou triste. Aujourd’hui elles ont eu l’occasion de s’exprimer ensemble et elles l’ont très bien fait.« .
Mary Patrux, Allison Pineau et Amandine Leynaud
Si sportivement Amandine Leynaud a pris ses distances avec l’équipe de France, elle est resté au plus prêt des Bleues pendant le Mondial 2021 organisé en décembre dernier en Espagne, avec un rôle de consultante pour beIN SPORTS, diffuseur officiel de la compétition. « Les choses se sont faites un peu au dernier moment. J’ai été invitée par beIN en tant que consultante et c’est vrai que dans ma tête, je n’y avais pas forcément pensé. Je m’entraînais avec Györ, et c’était tout nouveau pour moi de ne pas être avec l’équipe de France. Je n’avais pas calculé que j’allais avoir mes week-ends de libre, ça ne m’était jamais arrivée depuis 20 ans. » explique t-elle. Une nouvelle expérience qui a beaucoup plu à la gardienne de Györ, qui connaît parfaitement les rouages de l’équipe d’Olivier Krumbholz, « Ça a été une superbe expérience, j’ai été très bien entourée par l’équipe de beIN et Mary Patrux, et j’ai pu évoluer dans de très bonnes conditions. J’étais là pour parler de l’équipe de France, qui représente beaucoup pour moi. Parler des filles, de ce qu’elles font… J’ai énormément apprécié cet exercice. Je sais comment les choses se déroulent à l’intérieur, c’est l’un des plus beaux sports au monde« . Une consultante de luxe, qui a eu le temps de prendre du recul sur sa décision de se retirer de la sélection, « Je me suis posée plusieurs fois la question pendant le Mondial, pour être sûre de la décision que j’ai prise de prendre ma retraite avec l’équipe de France. La sensation que j’ai eue c’est que j’étais à ma place tout simplement. Je suis très heureuse d’avoir pu arrêter sur un titre olympique. Je me sens hyper privilégiée et je sais tous les efforts qu’il faut accomplir au quotidien, pendant une longue période, loin de ma famille… J’ai très bien vécu le fait d’être de « l’autre côté », et en même temps j’ai été très fière de leur parcours. J’étais leur première supportrice en Espagne. » conclut la jeune maman de deux petits enfants, qui n’a pas voulu en dire plus sur son avenir, mais qui a encore de belles choses à vivre avec la formation magyare de Györ.
(photo : Icon Sport)
Ce weekend, Metz se déplace à Györ dans le cadre de la dixième journée de la phase de groupe de la Ligue des Champions. Amandine Leynaud n’a pas manqué de souligner la qualité du collectif lorrain, qui avait posé pas mal de problèmes à son club au match aller, « C’est toujours difficile de gagner à Metz, nous avons pu le voir au match aller. Elles ont une très belle équipe avec de jeunes talents et des joueuses plus expérimentées. C’est un collectif complet et elles ont vraiment les armes pour aller loin dans cette compétition, et retourner au Final 4 est quelque chose de tout à fait possible.« . Interrogée sur la longévité du club lorrain au plus haut niveau, Amandine Leynaud n’a pas tari d’éloges à propos de son club de coeur, « Toutes les jeunes joueuses françaises rêvent de jouer une fois dans leur carrière à Metz. C’est une référence dans le handball féminin. Il y a toujours eu Metz, et il y aura toujours Metz. Il y a une constante remise en question dans ce club et ils progressent toujours en allant chercher de jeunes pépites, en les formant. Il y a un vrai système en place, une structure, qui permet au club de perdurer dans le temps.« , une recette qu’Amandine Leynaud semble avoir très bien assimilée pendant ses années sur les bords de la Moselle.
B.D