ITW (Toulon) – Eden Julien : » j’ai une attache très forte avec Toulon »
(photo : Icon Sport)
Engagée dans la lutte pour le maintien avec Toulon, Eden Julien a pris le temps de répondre à nos questions avant le duel important à venir ce mercredi 2 février contre Celles sur Belle. Formée dans le Var, l’ailière gauche de 26 ans a récemment prolongé son contrat avec le TMV jusqu’en 2024, et dispute actuellement sa onzième saison sous le maillot toulonnais. Sa construction, l’évolution de son club, sa relation forte avec Toulon… Eden Julien se livre dans un entretien à découvrir ci-dessous.
Tu as récemment prolongé ton contrat avec Toulon. L’histoire continue !
J’ai signé pour la première fois à Toulon en 2009 et je suis très contente d’avoir prolongé mon contrat jusqu’en 2024. Pendant toute cette période, je suis juste partie un an à Bouillargues (2017-2018) et ça fait plus de dix ans que je joue à Toulon. C’est important pour moi de représenter ma ville, ma région, et j’ai vraiment à coeur de bien faire pour mon club. Je suis heureuse de pouvoir évoluer à proximité de ma famille, et c’est très valorisant pour moi de porter les couleurs de mon club formateur.
Certaines joueuses aiment découvrir de nouveaux horizons, de ton côté tu mises sur la stabilité. Quelle est ta relation avec Toulon ?
J’aime cette stabilité. J’ai pensé à repartir, mais la seule saison que j’ai vécu dans un autre club que Toulon ne s’était pas forcément bien passée sportivement. L’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs. Mon expérience à Bouillargue a été très enrichissante. J’ai pu découvrir un autre mode de fonctionnement, rencontrer de nouvelles personnes, et je ne regrette pas d’être partie une saison. Mais j’ai une attache très forte avec Toulon, j’aime le cadre de vie de cette ville, je suis chez moi tout simplement. C’est une vraie différence et c’est ce que je recherche.
(photo : S.Pillaud)
Tu fais aujourd’hui partie des cadres du collectif toulonnais. Quel regard as-tu sur ton évolution au sein de ton club ?
J’ai vraiment passé un cap quand Siraba (Dembélé-Pavlovic) était au club. Ça a été très enrichissant d’évoluer à ses côtés, et c’est une période où j’ai eu ma chance sur le terrain quand elle est tombée enceinte. J’ai pu faire mes preuves, et montrer que je pouvais tenir un certain rôle dans le groupe. Ça été une période charnière pour moi. J’ai eu tous les statuts dans ce club, je suis passée par tous les rôles et aujourd’hui je suis fière de mon parcours. J’ai réussi à passer mon diplôme d’infirmière en parallèle de mon activité sportive, et même si cela m’a demandé beaucoup de temps et d’énergie, je suis heureuse d’avoir mené à bien ce double projet. Je suis une cadre aujourd’hui, mais je garde en tête que j’ai été jeune, et que j’ai eu un rôle différent.
Tu évolues à Toulon depuis plus de dix ans. Quel regard as-tu sur l’évolution de ton club ?
Le club est parti de « très loin ». Quand j’ai commencé avec le groupe professionnel, nous nous entraînions au Gymnase de Vert Coteau, et puis progressivement nous avons pris place au Palais des Sports. Au début nous n’avions pas de vestiaires, et puis les choses ont évolué. Le club s’est structuré à tous les niveaux, et si on compare à l’époque où nous avons été champion de France en 2010, c’est le jour et la nuit. Je commençais tout juste à m’entraîner avec le groupe, et l’encadrement a beaucoup évolué. Il y a toujours des choses à améliorer, mais je pense que la stabilité du club au plus haut niveau, est la preuve que la structure a bien évolué ces dernières années. Le club est stable économiquement, et c’est rassurant d’évoluer dans un contexte comme celui-ci, même si sportivement ce n’est pas simple. Nous sommes dans le bas du classement depuis plusieurs saisons, à nous battre pour nous maintenir.
Le club a connu les sommets avec un titre de champion de France et deux Coupe de France remportés entre 2010 et 2012. Que gardes-tu en mémoire de cette période ?
J’étais jeune à cette période, et j’étais en admiration devant les filles qui ont porté Toulon au sommet. Elles étaient au-dessus du lot, elles savaient tout faire, et ces joueuses étaient des « stars » pour moi. Forcément on veut (re)vivre ces moments, retourner à Bercy en Coupe de France etc. Toulon a une histoire, et faire revenir le club dans la cours des grands, redevenir « outsider » dans le championnat, ce sont des ambitions que nous nourrissons.
La génération dorée de Toulon
Toulon affiche ses ambitions pour la saison prochaine avec un recrutement ambitieux. C’est une nouvelle page qui va s’ouvrir pour l’exercice 2022-23 ?
J’aime travailler avec Stéphane (Stéphane Plantin, entraîneur de Toulon). Il a un côté très humain, une vision des choses un peu différente des autres entraîneurs que j’ai pu côtoyer. Le fait qu’il entame le recrutement assez tôt, montre que le club est actif, et ça affiche nos ambitions. Il faudra que la mayonnaise prenne la saison prochaine, et j’espère que ce sera le cas, mais j’ai vraiment à coeur de m’investir dans ce nouveau projet. J’espère que nous allons pouvoir surprendre.
Vous êtes engagées dans une lutte pour le maintien qui s’annonce très engagée en LBE. Comment abordez-vous la suite de la saison ?
Nous allons jouer de nombreux combats jusqu’à la fin de la saison. Chaque point va compter, et nous allons essayer de nous accrocher sur chaque rencontre, même contre les « gros ». Le championnat est encore très dense cette saison, la J13 a bien montré que même les équipes mal classées peuvent accrocher les autres. Le contexte sanitaire amène de l’incertitude à chaque journée, et ça rend les choses encore plus compliquées. Nous n’avons pas le même effectif que les grosses équipes, et il faut arriver à composer avec les absences de dernière minute. C’est difficile psychologiquement, ça demande beaucoup d’énergie, et une grande capacité d’adaptation. Il faut accepter de ne pas maitriser tous les facteurs. Je pense vraiment que nous avons les capacités pour nous maintenir.
(photo : Icon Sport)
Tu nous a parlé de ta reconversion déjà anticipée, est-ce-que tu peux nous en dire plus ?
Je suis entrée au centre de formation de Toulon quand j’étais en Terminale. À la sortie du lycée je voulais déjà suivre un cursus pour devenir infirmière, mais ce n’était pas compatible avec mon planning sportif. Je suis donc entrée en STAPS, mais ça n’a duré qu’un semestre. J’ai décidé de passer le concours d’infirmière et je l’ai eu. J’ai du rompre mon contrat de centre de formation pour intégrer l’école, et je continuais à m’entrainer en parallèle avec le groupe professionnel. J’ai vécu trois années compliquées, j’ai redoublé ma dernière année, et c’est le moment où je suis partie à Bouillargues (D2F). J’ai eu plus de temps, et j’ai pu finaliser mon mémoire et valider ma formation d’infirmière. C’est quelque chose qui me tenait vraiment à coeur, et depuis que j’ai assuré ma reconversion, je suis beaucoup plus sereine dans ma carrière de handballeuse. Si demain tout s’arrête à cause d’une blessure ou autre, j’ai quelque chose qui m’attend. J’ai toujours besoin de faire quelque chose à côté du handball, c’est un équilibre à trouver et c’est très important pour moi.