SPORT FÉMININ TOUJOURS – J-M. SIFRE : « Nous œuvrons et devons œuvrer toute l’année pour médiatiser notre activité »

A l’occasion de l’opération Sport Féminin Toujours qui se déroule du 14 au 20 février, la Ligue Féminine de Handball interroge, chaque jour, divers acteurs et actrices du handball féminin sur leur vision. Rendez-vous, pour ce deuxième entretien, avec Jean-Marie SIFRE, président de Paris 92 depuis 2009 et président de l’Union des Clubs Professionnels de Handball Féminin (UCPHF). Ancien directeur de la communication, des systèmes d’information et services généraux du groupe Razel-Bec alors partenaire de l’équipe de France féminine de handball et du tournoi Paris Ile de France féminin, Jean-Marie soutient le handball féminin depuis des années et continue d’œuvrer pour ce sport et ses acteurs.

Cette semaine, le monde sportif se mobilise aux côtés du ministère chargé des Sports et du CSA pour une meilleure médiatisation de la pratique sportive féminine à travers l’opération Sport Féminin Toujours. Que vous inspire cette semaine ?

Ce type d’initiative est certes louable dans l’absolu. Cependant, est-ce que l’on ne s’achète pas une bonne conscience une semaine par an ? Nous œuvrons et devons œuvrer toute l’année pour médiatiser notre activité auprès de l’ensemble de notre environnement économique et social ; si nous pouvons mutualiser ces mobilisations une semaine par an, c’est mieux que rien. Après, il faut en mesurer les effets.

Dans votre métier, quelles sont les difficultés que vous rencontrez en évoluant dans le sport féminin ?

Je n’évolue pas dans le sport féminin mais plutôt dans un monde sportif très dense au sein duquel il est difficile de se démarquer. Et notamment en Ile de France où la médiatisation est très difficile et la visibilité quasi inexistante ; c’est donc forcément difficile pour le club de PARIS 92. 

A votre échelle, comment contribuez-vous à la réussite du sport féminin et plus particulièrement quel conseil apporteriez-vous en priorité à des sportives qui souhaitent réussir ou tout simplement se faire plaisir en faisant du sport ?

Si je me positionne en tant que président de club, PARIS 92 s’implique particulièrement auprès des jeunes filles des quartiers politiques de la ville parisiens et franciliens avec notre association Educ’hand et nos joueuses professionnelles participent régulièrement aux actions menées par cette association. Elles échangent avec les jeunes filles et servent aussi de « modèles ».

Plus largement avec l’UCPHF, nous avons fait un travail d’équipe colossal avec les autres partenaires sociaux représentant les joueuses, l’AJPH et les entraineurs, 7 Master. 4 ans de travail et de réflexion ont été nécessaires notamment pour aboutir à la signature du premier accord collectif d’un sport professionnel féminin en France le 15 mars 2021. Initié par Franck Leclerc, alors représentant de l’AJPH et moi-même à l’époque représentant de l’Union des Clubs, le travail s’est poursuivi avec Thibaut Dagorne, directeur de 7 Master et Benoit Henry, directeur de l’AJPH. J’ai entre temps créé l’UCPHF en 2018, regroupant les clubs évoluant en LBE (et depuis cette saison la D2 féminine) et qui a adhéré au COSMOS ; Pierre Pradeau en est devenu le Directeur Général. Nous nous sommes rencontrés tous ensemble pendant deux ans pour travailler et convaincre les clubs qui ont parfaitement adhéré au projet. Il y a eu beaucoup de concertation entre les 3 entités et de bonne entente dans l’intérêt commun de la femme sportive. Nous sommes fiers de bientôt fêter les 1 an de cette convention collective avec un comité paritaire qui continue à se réunir régulièrement. Bien évidemment, les dispositions relatives à la maternité pour la protection des joueuses sont un sujet très important retenu dans la convention mais sur ce point, tous les clubs étaient d’accord rapidement. La convention concerne des thématiques très importantes aussi comme les minimas sociaux, la formation professionnelle, la prévoyance, les conditions de travail, … et cela concerne aussi bien les joueuses que l’ensemble de l’encadrement sportif. J’espère que ce sera un modèle pour les autres sports mais je vois que cela met du temps à venir ; cela ne me surprend pas car le travail a été long de notre côté et il a fallu être unis pour nous organiser et nous structurer et je tiens vraiment à parler de cette entente entre les trois partenaires sociaux pour y parvenir.

Enfin, aux sportives qui souhaitent réussir, je conseillerais de choisir une structure qui encadre et accompagne la joueuse dans sa globalité (études, formation sportive, suivi médical, reconversion) sans privilégier systématiquement le gain salarial et avoir une vision à plus long terme et pour celles qui veulent se faire plaisir, ne rien s’interdire !

Quel regard portez-vous sur la place occupée par le handball féminin dans le paysage médiatique. Avez-vous constaté une évolution depuis vos débuts dans le milieu ? 

Je vois une évolution de l’exposition médiatique vis à vis des grosses cylindrées (équipes de France, équipes en Ligue des Champions, …) et une visibilité des clubs féminins dans la Presse Quotidienne Régionale notamment dans toute la France mais plus compliqué comme dit auparavant en Ile de France. 

Cependant, derrière les belles images sportives des joueuses, il y a des structures économiques, professionnelles, qui travaillent aussi toute l’année pour financer ce spectacle sportif et qui souhaitent participer activement à l’évolution de leur « produit ». Mais il est évident que les clubs sont désormais mieux structurés et professionnalisés.

Si vous aviez à retenir un moment de sport féminin en particulier ?

Alors j’adore le sport de façon général, les sports collectifs notamment mais aussi tous ces sports moins médiatisés sur l’année et qui apportent de belles médailles et émotions comme le biathlon actuellement. Mais si on évoque le sport féminin, j’évoquerai plus personnellement cette médaille de Bronze de l’équipe de France féminine à l’EURO 2006 en Suède. Je représentais à l’époque un des partenaires de l’équipe de France, Razel, et j’avais fait le voyage pour assister aux phases finales et c’est un des premiers moments que j’ai vécu avec les Bleues. Une grande première où j’avais passé un moment très sympa avec le collectif. Angélique Spincer, que vous avez interviewée hier, était d’ailleurs dans l’équipe de France et trois ans après, je suis devenu président de PARIS 92 avec Angel dans le collectif. Un beau clin d’œil.