Focus – Méline Nocandy : « je veux aller chercher des titres avec cette équipe. »
Capitaine du Metz Handball à 24 ans, Méline Nocandy s’impose comme l’une des meilleure joueuses à son poste sur la scène européenne. Précieuse cette saison dans la réussite messine, l’internationale tricolore se prépare à vivre une fin de saison palpitante, qui marquera la fin de son aventure lorraine. La Guadeloupéenne s’est livrée avant le match décisif à venir ce week-end contre Dortmund, qui pourrait ouvrir les portes du Final 4 à une ambitieuse formation messine, qui se présente comme l’un des favoris dans la course au sacre en Ligue des Champions. Entretien.
Vous avez dominé votre première confrontation contre Dortmund en Allemagne (22-30). Comment abordez-vous le duel décisif à venir ce week-end aux Arènes ?
Nous sommes très contentes d’avoir gagné ce match aller en Allemagne, mais nous gardons en tête la finale retour des play-offs perdue la saison dernière contre Brest, alors que nous avions maitrisé le premier round. Nous gardons les pieds sur terre avant le match décisif contre Dortmund. Nous ne sommes pas encore qualifiées, et tout reste à faire. Nous allons nous servir de toute notre expérience pour bien aborder cette rencontre, et pour la gagner en proposant un beau handball. On aborde ce duel comme un match « à la vie à la mort », et il va falloir tout donner pour décrocher notre qualification.
Une place pour le Final 4 est en jeu. On imagine que retrouver Budapest pour la deuxième fois après 2019 est quelque chose qui vous motive…
Au début de la saison nous avions vraiment à coeur de tout donner pour retrouver Budapest. Mais nous avions bien conscience que le chemin serait difficile et long, avec un groupe extrêmement relevé, composé d’équipes extraordinaires. Malgré tout, nous sommes parvenues à terminer à une belle troisième place, en réalisant de grosses performances à domicile et à l’extérieur. Nous avons eu un petit coup de pouce du destin pour les phases finales, dans un contexte qui est loin d’être évident. Sur le plan sportif, nous avons une opportunité, cela ne se représentera certainement pas, et nous devons la saisir. Nous jouons un vrai quart de finale contre Dortmund, et nous voulons retourner à Budapest pour continuer d’écrire l’histoire du Metz Handball.
Vous réalisez une très bonne saison en championnat avec un parcours sans fausse note. On sent une énorme implication sur chaque journée, quelque soit l’adversaire…
Nous essayons de ne rien banaliser. Quelque soit le niveau de l’adversaire, nous abordons chaque match avec le même sérieux et la même implication. Cette rigueur va nous servir pour les matchs très importants de la fin de la saison. On automatise les comportements, les habitudes, pour aborder dans les meilleures conditions possibles les rencontres à pression. C’est peut être ce qui nous a un peu manqué la saison dernière. Nous n’étions pas autant concentrées sur chaque rencontre. Nous n’avons pas réalisé que des bons matchs sur le terrain cette saison, nous ne sommes pas parfaites, mais nous nous appliquons à garder cette ligne de conduite en jouant chaque match à fond. Il y a une remise en question constante, et c’est ce que j’aime dans ce groupe.
Vous avez un groupe très étoffé cette saison avec de nombreuses rotations. Le temps de jeu est réparti entre vous, comment vivez-vous cela ?
Tu sais que tu vas sortir sur chaque période, donc autant te donner à fond sur le terrain (rires). Je rigole mais c’est ça au final. Il y a une belle alchimie dans cette équipe entre les joueuses. On a l’habitude de travailler avec des filles différentes aux entraînements, et on arrive à trouver des affinités entre nous. En fonction de l’état de forme de telle ou telle joueuses, Manu (Emmanuel Mayonnade) gère son équipe parfaitement. C’est vraiment agréable d’avoir une équipe qui débute le match à fond, qui « tape » sur l’adversaire, et derrière une autre équipe rentre et continue le travail en gardant une énorme intensité. Je pense qu’il n’y a que Györ en Europe qui peut compter plus de rotations que nous. Quand tu es sur le terrain tu ne prends pas le temps de souffler, tu donne le maximum avant de laisser ta place. C’est une vraie force.
Un mot sur ta relation avec Bruna de Paula, arrivée l’été dernier à Metz. On sent une belle alchimie sur le terrain entre vous…
Ça a été très spontané entre nous. Nous n’avons pas forcément cherché à créer telle ou telle chose, notre relation s’est construite naturellement. Nous avons réalisé des actions en match que nous n’avions jamais fait à l’entraînement. J’ai joué avec beaucoup de joueuses qui me demandaient d’aller moins vite, mais avec Bruna il faut aller vite. Nous nous comprenons très bien sur le terrain, nous jouons sur un rythme similaire. On tente des choses parfois risquées, qu’on n’a pas forcément l’habitude de voir dans le handball, mais ça fonctionne. Nous prenons du plaisir à jouer ensemble.
Après un exercice 2020-21 sans titre avec Metz, on imagine que cette saison vous voulez retrouver les sommets.
La saison dernière, c’était la première fois que je ne gagnais rien avec Metz Handball. J’avais l’habitude de gagner au moins un titre, et ça m’a fait bizarre, vraiment. J’ai eu la chance de vivre de grands moments avec mon club, comme en 2019 ou nous avons tout gagné en France, et nous sommes allées au Final 4. Je connais maintenant les deux sentiments, et j’avoue que je ferai tout pour gagner un titre cette saison. Nous sommes ici pour ça, nous travaillons très dur toute la saison. Nous avons pris un coup derrière la tête l’année dernière. Quand tu as l’habitude de gagner, tu oublies que tu peux perdre d’une certaine manière, et cette expérience nous a rappelé que le handball reste un jeu, et que tu peux perdre. Il n’y a pas que Metz Handball sur terre, mais clairement, je ne veux pas que cela m’arrive deux fois. Cela demande énormément de concentration, d’investissement, mais je veux aller chercher des titres avec cette équipe.
Tu quitteras ton club formateur à la fin de la saison. Cela donne encore plus d’importance à cette fin de saison pour toi…
Quand je suis arrivée, l’équipe gagnait déjà. Et puis quand je suis montée avec l’équipe première, nous avons réalisé des saisons extraordinaires, historiques pour le club, comme en 2019. J’ai la chance de faire partie des générations qui ont écrit l’histoire du Metz Handball en Ligue des Champions, en championnat. J’ai envie de terminer mon aventure au club en étant la capitaine qui a emmené son équipe au Final 4, qui a gagné le championnat et la Coupe de France. J’ai envie de partir avec un peu de tout ce que j’ai pu vivre pendant toutes mes années passées en Lorraine.
Tu évolueras à Paris la saison prochaine, comment as-tu vécu l’annonce de ton départ de Metz, et comment appréhendes-tu cette nouvelle aventure à venir ?
Je me sens très bien. Je n’ai rien changé dans ma manière de faire après l’annonce de ma signature à Paris. J’ai continué à tenir mon rôle de capitaine et sur le terrain, avec le même engagement. Il ne reste plus beaucoup de matchs à jouer, et je compte me donner à fond jusqu’au bout. Je sais que je vais partir, mais je veux laisser une trace à Metz. Maintenant je suis contente de rejoindre Paris la saison prochaine. Je vais y retrouver Yacine (Messaoudi) qui était venu me chercher en Guadeloupe, et qui m’a « abandonné » quand il est parti de Metz (rires). Je vais évoluer avec plusieurs joueuses avec qui j’ai déjà joué à Metz ou en équipe de France, et je vais retrouver ma meilleure amie Jannela Blonbou. Je vais arriver dans un contexte handballistique favorable, et c’est une bonne chose. Et puis la vie parisienne m’attire. Je connais tout à Metz aujourd’hui, et je vais pouvoir redécouvrir des choses à la Capitale. Ma famille va venir s’installer à Paris, des amis qui ne pouvaient pas se déplacer à Metz vont pouvoir venir me voir. C’est toujours une prise de risque de changer de club, mais ça aurait été le cas pour n’importe quelle destination. Et avec la perspective de Paris 2024, je voulais rester en France. Ces Jeux Olympiques m’ont motivé pour quitter la Guadeloupe à l’époque, et je vais tout mettre en oeuvre pour y arriver.
Tu évoques la perspective de Paris 2024. Pour une joueuse de ta génération, jouer une olympiade dans son pays avec un titre olympique à défendre c’est quelque chose…
C’est incroyable même ! Quand j’ai quitté la Guadeloupe pour Metz, mon objectif était de jouer les Jeux de Paris 2024. Je ne pensais pas jouer ce de 2020, j’étais encore très jeune. Des Jeux dans ton pays, cela arrive une fois tous les 100 ans, et il n’y a pas beaucoup de sportifs de haut niveau qui ont eu la chance de jouer une olympiade dans leur pays. C’est une belle source de motivation. Toutes les filles vont se donner à fond pour faire partie de l’équipe qui jouera ces Jeux Olympiques, et la concurrence va être dure. Ce serait juste incroyable de vivre cette aventure. C’est proche, et en même temps il peut se passer énormément de choses jusqu’au dernier moment. J’y pense, mais je le garde dans un coin de ma tête car c’est encore difficile de se projeter jusqu’en 2024.
Merci Méline.