Focus – Thierry Vincent (Celles sur Belle) : « les filles étaient prêtes à souffrir ensemble »
De retour cette saison en Ligue Butagaz Énergie après une première expérience lors de l’exercice 2016-17, Celles sur Belle a réussi à valider son maintien au sein de l’élite deux journées avant le dénouement de la phase régulière. Une grosse performance pour le « Petit Poucet » du championnat, qui a réalisé une belle saison avec trois victoires au compteur et deux matchs nuls. Arrivée en 2020 à la tête du HBCC, Thierry Vincent revient sur cette saison charnière pour Celles sur Belle, qui évoluera toujours en LBE à la rentrée prochaine. Le HBCC clôturera sa saison ce samedi en déplacement à Fleury dans le cadre de la J26.
Quel regard portez-vous sur votre saison ?
Heureusement que nous avons mathématiquement assuré notre maintien à deux journées de la fin. Avec l’hécatombe de blessées que nous avons, ça aurait été difficile de jouer notre place sur le dernier match à Fleury. Globalement, au regard de l’histoire des promus, au regard de notre budget et des aléas que nous avons pu vivre cette saison, je pense que ce maintien en LBE est une véritable performance.
Il est toujours difficile pour un promu de parvenir à conserver sa place au sein de l’élite. On imagine qu’il y a beaucoup de satisfaction d’y être parvenu.
Quand je suis arrivé à Celles sur Belle, j’avais deux objectifs sur deux ans : accéder à la Ligue Butagaz Énergie, et pérenniser le club à ce niveau. Pour notre Président, arriver à pérenniser le club au plus haut niveau pendant plusieurs saisons, permettra au HBCC d’installer la structure dans le paysage économique local. Après le match contre Nice, il a pris la parole avec des mots très justes, en évoquant que pas mal de bookmakers en début d’année n’auraient pas parié sur un maintien de Celles sur Belle en D1, et que ces derniers ont dû perdre un peu d’argent (rires). Honnêtement c’est une vraie satisfaction de conserver notre place en LBE, sans fausse modestie, mais sans prétention non plus.
Cette saison n’a pas toujours été évidente pour vous, avec notamment des blessures de joueuses cadres. Comment avez-vous géré cela ?
Mentalement nous étions prêts à souffrir cette saison. Nous avons vécu des coups durs, comme avec la blessure dès le matin du premier match de Marjorie Demunck, ou celle de Perinne Petiot qui a été tenue éloignée des terrains pendant plusieurs mois… Mais il y a une âme dans cette équipe, qui a permis de traverser ces tempêtes. Nous avons tenu la barre avec le collectif, tous ensemble. Il ne faut pas se mentir, ça a tangué à des moments, nous avons pris des éclats, mais les filles étaient prêtes à souffrir ensemble, à redoubler d’efforts quand la copine était en difficulté. Et ce sont ces valeurs qui animent ce club. J’ai un peu de vécu en LFH, et je suis convaincu que nous devons tout faire pour défendre ce type de structure, pour permettre à un village comme Celles sur Belle de continuer à évoluer au plus haut niveau. Dans un village de moins de 3000 habitants, on arrive à attirer plus de 1300 spectateurs dans notre salle, 2000 lorsque nous délocalisons nos matchs à Niort. C’est un vrai bon club comme je les aime, qui me rappelle le bon vieux temps. Il y a énormément de bénévoles qui s’investissent, des dirigeants qui s’investissent depuis plusieurs années, et qui ont tout mis en oeuvre pour réaliser leurs rêves, leurs objectifs.
Justement, quels sont vos prochaines objectifs ?
Nous ne pouvons pas jouer chaque année la treizième place, le soufflé pourrait retomber. Nous devons avoir de l’ambition, à la hauteur de nos moyens évidemment. Nous avons le plus petit budget du championnat, et nous devons nous montrer plus malin que les autres dans notre recrutement. Nous ne pouvons pas lutter financièrement avec les clubs au-dessus de nous, et c’est pour cela que nous axons principalement notre recrutement sur des joueuses qui évoluent aux étages inférieurs, et dont nous pensons qu’elles ont le potentiel pour performer en LBE. Fanta Diagouraga qui est passée par le centre de formation de Dijon (Noisy le Grand, D2F), Paola Ebanga une puissante arrière droite gauchère (ASUL Vaulx en Velin, D2F), Charline Aubebubl qui est une jeune ailière droite de 17 ans (Saint-Loubès, N2F). Et puis nous sommes allés chercher une joueuse de grosse envergure avec Julie Pontoppidan (25 ans), demi-centre danoise qui évolue cette saison au Randers HK, et qui est vraiment une superbe joueuse.
(photo : Loic Cousin)
Du coup qu’allez-vous viser la saison prochaine pour votre deuxième exercice consécutif en LBE ?
Cette saison nous visions entre la première et la treizième place, et bien pour la prochaine nous allons essayer de terminer entre la première et la douzième place (rires). Nous souhaitons avancer étape par étape, et évidemment que nous allons viser le plus haut possible. Mais il faut être réaliste, nous avons le plus petit budget du championnat, nous avons des joueuses qui n’ont pas encore évolué en LBE. Nous allons devoir beaucoup travailler. Il y a une marche énorme entre la D2F et la Ligue Butagaz Énergie, et je trouve que nous avons bien évolué cette saison.
Pour terminer, quel regard portez-vous sur le championnat de France ?
Je pense que le championnat de France est le plus fort dans sa densité en Europe. Peut être que Györ gagnera la Ligue des Champions, ça je n’en sais rien, mais dans sa densité notre championnat est très relevé. Un club comme Celles sur Belle qui va terminer treizième du championnat, est capable de battre Nantes, Plan de Cuques a battu Besançon… Et puis Metz est juste impressionnant cette saison. Ils marchent sur l’eau, ils marchent sur leurs adversaires et j’espère vraiment qu’ils vont gagner la Ligue des Champions. Nous avons un beau championnat, et c’est une vraie fierté d’en être.