Dans la famille Barthélémy… avec Frédérique et Noémie !

Cette semaine, pour notre long format, nous vous emmenons une nouvelle fois « Dans la famille de… » mais cette fois non pas à la rencontre de deux sœurs… mais d’une mère et de sa fille. La première, Frédérique, a été joueuse jusqu’à l’équivalent de la D2F tandis que sa fille, Noémie, porte aujourd’hui les couleurs de Lomme Lille Métropole Handball après une pléiade d’autres clubs. Le tout dans une famille qui compte aussi un petit frère, Baptiste, qui évolue à Pontault, un père Jean-Marc qui a aussi été pro. Et une autre sœur qui performe au basket. Interview.

Frédérique, Noémie, pouvez-vous vous présenter ?

Frédérique : Je suis Frédérique, j’ai 60 ans, et je suis médecin du sport, en particulier dans le handball. Avant cela j’ai donc été longtemps demi-centre et suite à un gros problème de poignet, j’ai fini pivot. J’ai démarré ma carrière de handballeuse à Reims, en Champagne. On jouait en N2 à l’époque puis j’ai suivi celui qui allait devenir mon mari et le père de mes trois enfants car il était joueur pro. J’ai donc évolué à Dunkerque, puis dans le Sud de la France pour terminer à Bouc-Bel-Air qui est actuellement en N1F. J’ai terminé ma carrière à 42 ans après avoir eu 3 enfants. Et en fait, c’est à ce moment-là que je me suis engagée comme médecin d’équipe à Istres. Globalement, je n’ai jamais quitté le banc (rires) !

Noémie : Et moi je suis Noémie, j’ai 32 ans, je suis pivot et je joue à Lomme Lille Métropole Handball. J’ai été handballeuse pro jusqu’il y a deux ans et mon contrat avec le Metz Handball. Depuis, j’ai entamé un projet de reconversion professionnelle. Concernant mon parcours, j’ai débuté le handball dans le Sud, au Aix Université Club, l’ancêtre du PAUC actuel. Ensuite j’ai joué dans les clubs du Sud, j’ai fait mon sport-études à Marseille puis un an de centre de formation à Issy Paris Hand, puis j’ai rejoint le centre de formation de Toulon où j’ai signé ensuite mon premier contrat pro. Je suis restée 5 ans là-bas. Ensuite j’ai porté le maillot de Bourg-de-Péage pendant 4 ans, puis celui de Saint-Amand pendant 3 ans. Et enfin Metz.

Le handball est venu naturellement pour vous ?

Frédérique : J’ai découvert le handball au collège, dans l’Aisne où je suis née. Comme beaucoup de gens, j’ai fait l’ASSU qui est devenue l’UNSS ensuite. Ma prof m’a demandé si je ne voulais pas venir à son club la semaine suivante car je me débrouillais plutôt bien. J’y suis allée et c’était parti comme ça. Ça a été un coup de foudre puisque je n’ai jamais changé de discipline et ce alors que je venais d’une famille où il n’y avait pas vraiment de sportifs. C’était mon monde à moi. Avec mes enfants, dont deux sur trois sont dans le handball pro et la troisième dans le basket, il n’y a jamais eu d’obligations d’aller vers notre sport. La seule contrainte qui existait, c’était d’avoir une pratique, simplement.

Noémie : C’est vrai, on n’a jamais été obligés. Et pour moi le handball, ça n’a pas été qu’une évidence. D’abord oui car avec ma sœur on était très rapprochées et on a été dans les gymnases depuis toutes petites. On jouait aux mi-temps des matchs de nos parents puis après on allait voir les équipes pros, à Aix notamment. Mais moi j’ai eu une période où je n’avais pas du tout envie de faire de handball. J’en voyais assez (rires). Et encore une fois, j’ai eu de la chance car mes parents ne m’ont jamais forcé la main en me disant que j’étais obligée de faire du hand. J’ai quand même testé plein d’autres sports, comme la GRS que j’aimais beaucoup, mais j’y suis revenue vers mes 12/13 ans.

Frédérique : En fait, Noémie a donc une sœur cadette, Justine, avec laquelle elle est assez rapprochée et elle ne souhaitait pas vraiment l’avoir dans son équipe un an sur deux… Donc elle a un peu râlé. Du coup Justine, qui est quelqu’un de plutôt cool, a dit : « Ok, je vais aller faire du basket ». Après, elle n’était pas vraiment en âge d’interdire quelque chose à sa sœur, mais c’était sûrement mieux pour la paix de la famille qu’elles ne soient pas dans la même équipe trop souvent (sourires). Ainsi, nous, handballeurs, on s’est mis au basket. Et je suis bien contente que cela soit comme ça. Comme ça, ça évite de les comparer, ce qui a pu être le cas à l’école parfois.

Vous avez toutes les deux pris très tôt à cœur le fait d’avoir un double projet et ce avec beaucoup d’ambitions…

Noémie : En étant née dans une famille de handballeurs avec mon père pro et ma mère qui a joué à un très bon niveau, on a vu très tôt que ça pouvait être difficile l’après carrière. Et si ma mère est médecin du sport, mon père, même avec un diplôme, ça a pu être compliqué. C’est pour ça qu’ils ne nous ont pas mis la pression, mais ils ont su nous montrer que c’était important de préparer notre reconversion. Donc pour moi, ça s’est fait naturellement depuis que j’ai eu mon bac. Après j’ai mis du temps à avoir mes diplômes avec la vie que l’on mène mais j’ai quand même réussi à avoir quelque chose de solide qui permettait d’avoir un bagage pour la suite. Après, j’avais fait des études dans l’agro-alimentaire, mais en fait c’est pas du tout là-dedans que je me suis réorientée (rires). J’ai fait un master en marketing et du coup l’année dernière je cherchais un travail et j’ai une opportunité qui s’est présentée dans la tech : un gros logiciel CRM qui s’appelle Salesforce. Ils proposaient pour les athlètes en reconversion une formation et du coup je me suis dit que je n’avais rien à perdre. Donc j’ai tenté et puis au final, il y a eu une journée pour mettre les sportifs qui avaient fait cette formation et leurs partenaires en contact et c’est comme ça que j’ai rencontré la boîte pour laquelle je travaille depuis un an maintenant. Je suis très contente. La reconversion c’est quelque chose de très important pour les sportifs de haut niveau et je suis contente d’être dans quelque chose qui me plaît vraiment.

Frédérique : De mon côté, ça n’a pas été des plus simples non plus. Mais à l’époque, j’étais encore sur Reims, et j’avais un entraîneur qui a été très cool parce qu’il a toujours accepté qu’aux mois de janvier, quand j’avais mes partiels, je n’assiste pas aux entraînements. Et je n’ai jamais été « punie » pour ça. S’entraîner 4 à 5 fois par semaine, plus les cours, les stages, les gardes… Mais quand on aime, on ne compte pas. Le plus dur aura été l’année du concours je pense… Mon entraîneur et mes coéquipières ont été exemplaires sur ça. Les filles étaient cools. Tout le monde m’a laissée vivre ma vie. Et le jour où j’ai soutenu ma thèse, ils étaient aussi contents que moi que je devienne médecin. J’étais dans un bon groupe.

Quel regard portez vous sur la carrière de l’autre ?

Noémie : Alors j’ai peu de souvenirs mais ce qui me revient c’est surtout l’ambiance. Quand on était petites, elle nous emmenait en déplacement avec elle, on la voyait avec ses copines, ce sont toutes ces valeurs qui ont donné envie de faire des sports co et inspiré. Je crois que c’est ce qui a été naturel dans la transmission qu’il y a pu avoir.

Frédérique : Je suis très fière évidemment de Noémie, et de mes deux autres enfants. J’ai été un peu exigeante avec eux sur le plan des études. J’ai toujours dit qu’ils pouvaient faire carrière pro, sans souci, mais qu’il fallait avoir un diplôme. On n’a pas lâché ça pour qu’ils puissent jouer ensuite plus tranquillement. Sur le plan du handball, j’ai essayé de prendre beaucoup de distance. J’ai toujours dit que je n’étais pas son entraîneur et que je n’étais sûrement pas objective (sourires), de parler le moins possible dans les tribunes. Car c’est toujours pénible d’avoir des parents supporters. Même dans ses choix de carrière, je suis peu intervenue. J’ai donné mon avis parfois mais après elle en faisait ce qu’elle voulait. J’ai essayé d’être la moins intrusive possible. Ils ont néanmoins un papa qui lui est très présent, qui fait quasiment de l’analyse de chaque entraînement et chaque match. Moi on m’appelle quand y’a un bobo, c’est pas bon signe. Des fois même, on m’appelle pour les bobos des coéquipières.

Noémie, est-ce que ça a été facile de tracer sa route en portant votre nom ?

Noémie : Je n’ai jamais vraiment ressenti de pression. J’ai croisé pas mal de personnes qui me connaissaient en tant que « fille de » mais je n’ai pas ressenti de problème par rapport à ça. Après on se met soi-même la pression. Tu as envie de montrer que tu n’est pas là parce que tu es la fille de, que tu es juste là où tu dois être. Mais je n’ai pas eu trop de problèmes pour ça. Ma mère s’est tout de même orientée plus vers la filière masculine que féminine au début, par rapport à moi. Elle préférait bien faire le distinguo pour qu’il n’y ait jamais de doute. Elle n’a jamais appelé un club pour parler de moi. De mon côté, je n’ai jamais appelé non plus en disant que j’étais la fille de. Ça évite les confusions.

On imagine aisément que lors des réunions de famille vous parlez handball…

Frédérique : Ah mais pas seulement car il y a aussi la basket de Justine et le rugby du copain de Noémie. Donc c’est sûr qu’on parle plus de sport que de politique à la maison.

Noémie : C’est sûr que ces deux-là peuvent en avoir un peu marre parfois. Surtout qu’on aime bien tous refaire le matchs. Ça peut parler de toutes les joueuses et de ce qu’elles ont fait sur le terrain. Et puis chacun a son domaine. Ma mère, c’est la spécialiste de la défense qui m’a toujours donné des conseils dans ce secteur avec bienveillance. Et mon père, comme il était arrière, il était sur la motivation, ne pas lâcher, etc.

Quelle est la qualité première de l’autre?

Noémie : Dans mes souvenirs, c’était vraiment la patronne de la défense donc je lui piquerais l’ensemble des valeurs autour de ça. C’était une guerrière, une combattante mais à côté de ça hyper généreuse car elle allait aider la coéquipière qui en avait besoin. Et encore aujourd’hui, c’est quelqu’un qui travaille beaucoup et qui est là pour aider qui que ce soit aussi. Elle est aussi très joviale et souriante.

Frédérique : C’est une vraie bosseuse et c’est aussi quelqu’un de très modeste, qui ne se prend pas pour une autre. Et je pense qu’elle a aussi un sens de l’amitié très important. Quand tu fais un sport co, c’est primordial. Après sur le terrain, elle est grande donc c’est un réel atout et à son poste de pivot, elle est 10 fois meilleure que ce que j’ai pu être. En revanche, je pense qu’au niveau du tir, j’étais peut-être meilleure.