Dans la famille Maurice avec Meïssa et Farah !
Suite de notre série « Dans la famille de » avec ce troisième épisode consacré à la famille Maurice. Nées de l’union de Franck et de Thouria, anciens handballeurs de renoms et actuel entraîneur de Dunkerque pour le premier, Meïssa et Farah sont des valeurs montantes du handball français tandis que leur petit frère, Isaac, est, lui aussi, sur la bonne voie. Les deux sœurs, pensionnaires respectivement de Noisy-le-Grand Handball et de Sambre Avesnois Handball, se livrent dans cet entretien croisé.
L’INTERVIEW CROISÉE AVEC LES SOEURS MAURICE
Meïssa, Farah, pouvez-vous vous présenter ?
Meïssa : Je m’appelle donc Meïssa, j’ai 21 ans et je suis demi-centre au Noisy-le-Grand Handball. Je suis arrivée au club durant l’été 2022, pour mon premier contrat pro, après avoir effectué un parcours très « standard » dans le handball en passant par le pôle puis le centre de formation du Metz Handball. Ensuite j’ai été prêtée à Plan-de-Cuques lors de ma dernière année de centre de formation. Je suis aussi en équipe de France de beach handball.
Farah : Moi, je suis Farah, je viens d’avoir 18 ans et je suis demi-centre au club de Sambre Avesnois Handball. Je joue plus avec la réserve pour le moment, mais je m’entraîne tous les jours avec les joueuses de D2F. J’ai démarrée le handball au HBC Nîmes puis je suis allée à l’USAM, je suis ensuite passée par le pôle PACA, mais je n’ai pas été jusqu’au bout. J’ai joué à Bouillargues et j’ai finalement fait ma terminale à Saint-Amand avant d’arriver là.
En parallèle du handball, vous êtes aussi très impliquées dans vos études…
Meïssa : J’ai obtenu mon diplôme en juin ! J’ai un DU Gestion et Management d’une carrière sportive. Je l’ai fait en distanciel avec la fac de Strasbourg. C’était important pour moi d’avoir au moins un bac + 2 avant de commencer vraiment ma carrière sportive. J’ai pris du plaisir à poursuivre mes études. Ça permet de continuer de se cultiver, même si le côté distanciel est parfois difficile car il faut réussir à se motiver. Avec parfois les horaires d’entraînement qui sont le soir, la récup’, ça n’est pas simple.
Farah : Oui, c’est sûr qu’avec la fatigue, il faut réussir à s’aménager les bons moments. Moi je viens d’avoir mon bac et je me suis lancée dans un BTS notariat, via le CNED, qui se fait en trois ans au lieu de deux. Comme je suis sportive, j’ai plus d’encadrants aussi, c’est vraiment bien. J’ai toujours bien aimé l’école donc je ne me voyais pas ne pas poursuivre mes études.
Avec des parents comme les vôtres, on imagine que le handball est arrivé naturellement dans votre vie. Est-ce le cas ?
Farah : Pas pour moi. Je détestais même le handball. Je pleurais à chaque fois que l’on en mettait à la télé ou qu’il fallait aller voir mon père.
Meïssa : Farah était même plutôt à faire des roues sur le bord du terrain plutôt qu’à faire des shoots. Elle rêvait d’être chanteuse ou actrice plutôt qu’handballeuse.
Farah : (rires) Et puis au fur et à mesure, je m’y suis mise. Je me suis dit : « si tout le monde aime et que j’y suis tout le temps, autant s’y mettre ». À la fin des matchs, avec Meïssa, j’allais progressivement tirer dans les cages. J’ai demandé à ma mère d’aller tester, elle a été surprise et puis c’était fait.
Meïssa : Moi, ça a été plus évident. À un mois, je devais déjà être dans mon landau, près de la table de marque. J’ai démarré à Besançon quand mon père entraînait le pôle. Et je me souviens que je jouais dans une petite salle de la ville, avec comme premier coach, Raphaëlle Tervel. Je me rappelle que je m’accrochais à ses grandes jambes car j’étais vraiment toute petite ! Mes grands souvenirs, c’est que, dès que je pouvais, j’allais à tous les entraînements de mon père et à chaque fois que ses joueurs allaient boire ou que l’entraînement s’arrêtait, je faisais des tirs. Et je demandais toujours aux joueurs de mon père, comme Florent Ferrero, Sylvain Kieffer ou Tahar Labane de m’apprendre des trucs. Tahar Labane, je lui demandais de me montrer comment il faisait ses roucoulettes. C’était un peu comme mes grands frères. Ce sont les premiers handballeurs que j’ai pu observer au quotidien et ils m’ont beaucoup inspirée.
Vous démarrez vos carrières dans le handball avec Meïssa, comme aînée éclaireuse, récompensée du titre de meilleure espoir pour la saison écoulée avec Noisy-le-Grand Handball. Quel bilan faites-vous de ce début de chemin ?
Meïssa : J’ai été surprise, contente et fière de ce trophée. Mais sur le fond, ça ne change rien pour moi pour le moment. C’est une petite validation du travail que j’ai fourni. Ça a été une année chargée et changeante. J’ai évolué comme personne et joueuse. Je pense que c’est l’année où j’ai le plus progressé. Je suis fière mais j’ai encore d’autres objectifs plus élevés encore. J’ai envie de tout. Monter en D1 avec Noisy-le-Grand, déjà, et tout le reste après.
Farah : Moi, je suis encore une « débutante », surtout quand je vois mes partenaires d’entraînement, des filles comme Sabrina Abdellahi. Elle m’impressionne, elle a des actions, des manières de faire que je n’ai pas encore. Elle anticipe des choses que je ne vois pas. Mais je travaille dur pour prétendre à obtenir une place dans cette équipe. Mon objectif est de jouer le plus de matchs possibles avec la D2F. Je me bats pour montrer que j’ai le niveau. En N2, j’ai des objectifs de buteuse et de passeuse. Je veux être dans le Top 5 des buteuses par exemple – et pour le moment j’y suis. Si je fais des bonnes perf’ avec la N2, je serais probablement récompensée avec la D2F d’autant que j’ai joué quelques matchs de préparation déjà. J’y vais étape par étape, il ne faut pas les brûler. Il faut prendre son temps, bien se construire avant d’aller plus haut.
Vous n’avez ni joué ensemble, ni l’une contre l’autre… C’est une attente que vous avez ?
Farah : J’aimerais bien jouer avec elle mais chacune doit faire sa carrière de son côté et si on doit se retrouver, ce sera avec grand plaisir. J’espère quand même qu’on va se croiser dès cette saison…
Meïssa : On aimerait bien jouer ensemble mais on se le dit surtout en rigolant pour le moment. On verra ce que réserve l’avenir !
Le fait d’avoir des conseillers comme Franck, votre père, et Thouria, votre mère, doit être un plus…
Farah : Les deux sont moteurs pour nous. On parle plus de mon père car il est encore très actif dans le milieu, mais ma mère est tout aussi impliquée. Elle un bon œil sur le hand. Ils ont du voir tous mes matchs à domicile par exemple. Ma mère est dans le debrief’ général et la positivité. Mon père, c’est parfois très pointu. Il peut revenir sur quasi tout le déroulé d’une action. Il a un œil d’expert. Mais ils ne crient jamais sur le terrain, ils encouragent simplement. Ça aide pour progresser.
Meïssa : Ma mère est plus dans le comportement, l’attitude tandis qu’avec mon père, j’adore parler mercato car je regarde vraiment beaucoup de hand. Je lui dis : « lui, je l’ai vu jouer, il est pas mal » etc. Quand j’ai besoin, je lui demande de regarder un match, il le fait, et on en parle. Mais quand on est chez nous, on aime bien couper quand même. Si on met un replay avec mes frères et sœurs, il va souffler (rires).
Il y a une pression à s’appeler Maurice dans le handball ? Ça vous challenge ?
Meïssa : Il n’y a pas de concurrence entre nous. Et je ne me dis jamais, j’aurais dû faire autre chose pour leur laisser de la place. On est très soudés et on a tous envie que les autres réussissent. J’ai toujours dit à ma mère que je préférerais que ça soient Farah ou Isaac qui performent plutôt que moi. On se soutient tous à fond, c’est une richesse. Après, la comparaison, tu ne peux pas faire sans, surtout pour ceux qui sont plus jeunes. Ma sœur, on va forcément lui parler de moi. De mon côté, on m’a parfois dit que j’étais là par rapport à mes parents, que je faisais ça à cause d’eux. Mais ça n’est pas ça qui prend le dessus.
Farah : Au début, on me comparait beaucoup à Meïssa… et ça m’énervait. Je me suis mise en compétition avec elle. Avec le temps, je me suis rendu compte que c’était malsain, que ça n’était pas bien. Maintenant, je suis vraiment fière de mon nom de famille, de ma grande sœur, de ma mère, de mon père et d’Isaac, notre petit frère, aussi. Ce qui est drôle maintenant, c’est qu’une joueuse comme Léa Ballureau, qui était avec Meïssa au centre de formation de Metz, me dit tout le temps qu’elle sait ce que je vais faire car elle a beaucoup fréquenté ma sœur. Ce que j’ai appris en premier, ça vient d’elle puisque, petite, je la regardais jouer. Et je n’en ai pas honte, loin de là, car elle est une de meilleures joueuses de D2F.
Qu’est ce que vous aimeriez piquer à l’autre ?
Farah : Meïssa est très très drôle dans la vie, elle a des super réparties. Du côté de mon petit frère, c’est son esprit de compétition.
Meïssa : Je lui piquerais bien sa défense car elle est vraiment guerrière et puis elle est hyper maline. Moi je suis plus indisciplinée… Et à mon frère, je lui piquerais peut-être une de ses roucoulettes.
En dehors du handball, qu’est ce qui vous rassemble ?
Meïssa : On partage beaucoup de voyages ensemble. On va au Maroc car ma mère est originaire de là-bas. On a été au Mexique, en Italie. Cet hiver on va à Amsterdam. On a des vrais rendez-vous ensemble. C’est ma maman qui organise, c’est elle le socle pour ça.
Farah : On découvre de nouvelles cultures. Nos parents veulent nous ouvrir l’esprit, nous montrer le monde.
Il paraît aussi que vous êtes des férus de padel…
Farah : Ah non mais moi je suis nulle (rires) ! Quand on fait des tournois entre nous, ça peut être très compliqué. Il ne faut pas faire d’erreurs.
Meïssa : Mon père joue avec ma mère et je joue souvent avec mon petit frère. Farah est moins à fond. Et je peux dire qu’à chaque fois, on a envie de les battre. On est tous des très mauvais perdants. Des fois, on peut sortir du padel en s’étant bien pris la tête. Ça ne rigole pas.
Farah : Après, c’est ce qui fait que l’on est aussi soudés. Car on se pique mais on rit beaucoup. Mes plus gros fou-rires sont quand on est tous les 5.