Dans la famille Ville… avec Alexandre et Benjamin !
Arbitres et frères jumeaux, Alexandre et Benjamin Ville font partie des duos qui montent au sein de la corporation des facilitateurs du jeu tricolores. À l’occasion des Journées Nationale de l’Arbitrage, ils se prêtent au jeu de notre interview « Dans la Famille de » en se livrant sur leur pratique mais aussi en se découvrant plus personnellement.
Alexandre, Benjamin, pouvez-vous vous présenter ?
Benjamin : Je suis Benjamin Ville, j’ai 22 ans et je suis arbitre avec mon frère, Alexandre. Je suis né à Montpellier et je vis au Grau-du-Roi. Dans la vie de tous les jours, je travaille dans les travaux publics.
Alexandre : Moi, je suis Alexandre et, comme on est jumeaux, j’ai aussi 22 ans (sourires). Je suis donc arbitre avec Benjamin. Je suis diplômé titre 4, donc je suis salarié de mon club de Handball Terre de Camargue, à temps plein. Je m’y occupe de toutes les catégories, des interventions en milieu scolaire, du handicap et des personnes seniors.
Comment avez-vous rencontré le handball ?
Benjamin : On a attaqué le handball à partir de l’âge de 7 ans. On a commencé au club du Grau-du-Roi, qui fait désormais partie de la fusion de Handball Terre de Camargue. Sur le terrain, j’étais gardien et Alexandre était demi-centre, mais aujourd’hui on a arrêté pour se consacrer totalement à l’arbitrage.
Alexandre : Ça avait commencé de manière très classique, à l’école d’abord, via notre prof d’EPS. Il nous a fait faire du handball sur un cycle de 6 semaines. J’ai accroché et voulu tout de suite en faire en club. Au bout de 3 entraînements, Benjamin qui me voyait jouer avec nos copains, a suivi ! Et c’était parti !
Et pour l’arbitrage ?
Benjamin : Cette passion est venue avec la pratique du handball, quelques temps après. On a commencé à arbitrer pour notre club, pour des petits, on faisait des plateaux -9 ans très classiques. Et puis petit à petit, on y a pris goût. Et on y va toujours aujourd’hui avec le même plaisir !
Alexandre : Il y a eu les plateaux, mais aussi des fins d’entraînements dans notre catégorie quand les coachs demandaient à ce que quelqu’un arbitre. On était toujours volontaires pour le faire ensemble. Et donc on a grimpé différents niveaux jusqu’à celui que l’on occupe aujourd’hui, au niveau national. On couvre des matchs de N1F et N2M, voire N1M.
L’arbitrage a pris le dessus aujourd’hui dans votre pratique. Comment s’est fait la bascule ?
Alexandre : Il a fallu faire un choix et comme cela faisait un moment que l’arbitrage était là aussi, on est parti là-dessus. Non pas que l’on aime moins jouer ou regarder des matchs, mais ça nous a vraiment plu. On a voulu en apprendre d’avantage, progresser. On s’est renseigné auprès de nos entraîneurs, des référents. Ce n’est pas un choix par défaut mais une continuité dans le handball pour nous. De mon côté, je baigne toujours dans le handball par mon métier – Benjamin vient parfois m’aider sur les séances aussi – donc franchement, c’est une facette qui me plait beaucoup pour compléter. On y prend vraiment goût et on s’y épanouit.
Ça a été naturel…
Benjamin : Oui, vraiment. On ne s’est presque pas posé de questions, on avait le même point de vue.
Alexandre : Sans discuter, on savait déjà que l’arbitrage avait pris le dessus sur notre pratique de joueurs.
Comment travaillez vous ?
Benjamin : On travaille plusieurs fois par semaine ensemble via nos séquences de matchs vidéo, les QCM théoriques. On échange beaucoup. Et niveau sportif, on s’entretient, on va courir ensemble. On fait quasi tout ensemble.
Alexandre : Oui on fait 90 % ensemble.
Quel est votre style d’arbitrage ?
Alexandre : On est un binôme qui échange beaucoup, que ce soit en dehors ou sur le terrain. Moi je parle presque trop, il me le dit parfois dans l’oreillette (rires). Avec les joueurs, on veut échanger au maximum car on aime bien avoir un climat de confiance tant sur le terrain que vers le banc. C’est primordial pour nous.
Benjamin : On essaye de communiquer au maximum, oui. On veut aussi mettre beaucoup de dynamisme dans la rencontre.
Est-ce qu’il y a un « bon flic » et un « mauvais flic » dans le duo ?
Alexandre : C’est une bonne question ! Franchement, même si on est jumeaux, on ne se ressemble pas comme certains frères ou sœurs, même si certains diront le contraire. Mais on a chacun nos traits de caractère. Mais on ne joue pas de rôles. On essaye d’être cohérents surtout !
Qu’est ce qui vous plait dans l’arbitrage ?
Benjamin : C’est d’être au cœur du jeu, prendre des décisions, diriger une rencontre. C’est plaisant pour nous.
Alexandre : C’est aussi intéressant d’aller chercher la progression. Après chaque match, on essaye de se remettre en question pour voir ce qui a fonctionné ou non afin de l’améliorer.
Qu’est ce que cette activité d’arbitrage vous apporte au quotidien ?
Alexandre : C’est une activité qui nécessite d’être carré et parfois strict. Comme on a des métiers où l’on côtoie du monde, ça permet d’avoir aussi un très bon relationnel, de dire les choses comme on les voit. C’est important dans la vie de tous les jours. La communication avec les enfants, les parents est très importante pour moi par exemple.
Benjamin : Cela apporte aussi de la sérénité, du calme, dans le travail de mon côté et de la communication aussi. Moi je travaille dans le BTP, il y a aussi beaucoup de communication au sein des équipes. Et puis si un jour je dois gérer du personnel, ce à quoi j’aspire, cela permet d’avoir de la confiance. L’arbitrage, c’est de la prise de responsabilité.
Quelle place tient votre gémellité dans l’arbitrage ? Vous vous comprenez plus vite ? Vous vous agacez ?
Benjamin : Dès le CP, on a été séparés dans notre scolarité. On a suivi des routes différentes d’un point de vue scolaire et pro. Alexandre est parti dans le sport, moi dans le BTP. On a fait notre parcours mais le sport et l’arbitrage nous rassemble.
Alexandre : Depuis petit, tous les loisirs étaient ensemble ainsi que la vie de tous les jours. On est très fusionnels.
Benjamin : Ça c’est sûr !
Alexandre : On s’entend très bien. Comme tout le monde, des fois, on se prend la tête et on s’explique mais on communique très facilement. Sur le terrain, on a chacun notre personnalité mais on ne fait qu’un pour arbitrer.
Est-ce qu’arbitrer l’un sans l’autre est envisageable ?
Benjamin : Pour le moment, pour nous, c’est impossible. On n’a même jamais essayé ! Peut-être que ça arrivera un jour. On est trop lié !
Alexandre : Chaque binôme a ses petits repères, ses habitudes. On ne se voit pas le faire pour le moment. Peut-être un jour mais ça n’est pas à l’ordre du jour.
Benjamin : On se connait par cœur. Être jumeaux, c’est tout de même une force, il ne faut pas le nier.
Quelles sont les qualités et les défauts de l’autre sur un parquet ?
Benjamin : Alexandre, on va dire qu’il est bienveillant, il est très dynamique, comme dans la vie de tous les jours. Et pour le défaut, je dirais qu’il est trop bavard (rires) et parfois un peu perfectionniste.
Alexandre : Sa qualité principale, c’est qu’il est posé, vraiment, sérieux et réfléchi aussi. Cela lui permet de me canaliser. On est très complémentaires là-dessus. Et son défaut, qui n’en est pas vraiment un, c’est qu’il fait peut-être un peu plus réservé. Du coup, moi je le stimule. Et lui canalise.
Est-ce que parfois les joueurs ou joueuses savent vous reconnaître et tentent d’« abuser » de vos caractères pour obtenir des décisions favorables ?
Benjamin : Avec le temps, certains nous connaissent et ils tentent, mais ils sont aussi capables de se tromper. Et puis comme on a les oreillettes, on arrive quand même à déjouer certaines tentatives (rires).
Alexandre : Le truc le plus drôle sur ce point, c’est qu’une fois un suiveur nous avait dit que comme il n’arrivait pas à nous distinguer, il se fiait au bronzage de nos jambes (rires). Depuis, c’est resté et on en rit régulièrement.
Vous évoluez aujourd’hui sur des matchs de N1F et N2M, voire N1M, l’ambition est d’aller jusqu’où ?
Benjamin : Le plus haut possible ! Vers le secteur professionnel notamment.
Alexandre : On ne se met pas de limites.