Darly Zoqbi de Paula, l’interview sans filet
Darly, comment appréhendez-vous la réception de Nîmes (20h30, Sport+) ?
Nous devons être prêtes à livrer un beau combat. Nîmes est une équipe qui ne lâche rien, qui joue jusqu’au bout du bout. Nous allons devoir ne rien lâcher face à elles. On sait que c’est toujours une équipe qui est bien préparée, en plus avec la meilleure buteuse de LFH (Mouna Chebbah, ndlr).
A l’aller, nous avions fait match nul là-bas (26-26, J7). C’était quand même 2 bons points de pris car il n’est jamais facile de venir gagner au Parnasse.
Utilise-t-on davantage la vidéo avant de faire face à la meilleure buteuse de LFH ?
Nous nous appuyons sur la vidéo pour préparer chaque rencontre, mais sincèrement à titre personnel, je n’en abuse pas. En fait, je ne suis pas trop vidéo car les joueuses, particulièrement les joueuses expérimentées sont habituées à changer leurs habitudes. La clé du match, ce sera de bien défendre toutes ensemble, trouver les bonnes solutions et exploiter les opportunités en attaque.
Camille Ayglon face à Beatriz Fernandez lors du match aller au Parnasse (26-26).
Mercredi soir, vous retrouverez votre public, auquel vous allez présenter la Coupe de la Ligue. Que représente ce trophée pour vous ?
Beaucoup de choses. Cette Coupe de la Ligue m’a fait très plaisir. Déjà, c’est mon 1er titre dans cette compétition, et cela me tenait vraiment à cœur. Nous avions cette envie de gagner après notre finale perdue la saison dernière à Metz. En plus de ça, j’avais déjà joué une finale avec Le Havre en 2009, que j’avais perdue aussi. Cette fois, ce fut la bonne et c’était une une très grande joie de soulever ce 2è trophée avec Fleury. On sera contentes de présenter la Coupe au public.
Vous attendiez-vous à une finale aussi “compliquée“ face à l’UMB-B (31-32) ?
Quand on a vu le 1/4 et la 1/2 finale de l’UMB-B, face à Nîmes et Issy Paris, nous savions qu’elle étaient capables de très bien jouer. Donc oui, quelques part, on s’y attendait. Dans ce genre de compétition, il y a aussi la fatigue qui entre en compte. Mais nous sommes toutes allées au bout de l’effort. Il y a eu du suspens et même si, sur le papier, dans les journaux, les gens nous voyaient gagner, une finale, c’est toujours spécial et chaque finale a sa propre vérité.
Il faut vraiment féliciter l’UMB-B pour la belle finale, elles nous ont donné du fil à retordre. Il y a eu du suspens, c’était une bonne finale je pense.
Le 22 février 2015, Maison des Sports de Clermont Ferrand : les Panthères, leurs supporters et la Coupe.
Gagner ce 1er trophée en 2014-2015 vous confère-t-il encore plus confiance pour la suite ?
C’est toujours bon de gagner. Nous essayons de travailler tous les jours pour faire bien les choses, avancer petit à petit, étape par étape. Le plus important pour nous, c’est toujours le match le plus proche. C’était le Havre dimanche, et là c’est Nîmes. C’est un match vraiment important car nous souhaitons conserver notre 1ère place jusqu’à la fin de la saison régulière. Ensuite, il y aura la Coupe d’Europe (Coupe des Vainqueurs de Coupe, ndlr). Cela ne s’arrête jamais, nous devons constamment rester focalisées sur le match qui arrive.
Un mot sur le ¼ de finale de Coupe d’Europe face au Zvezda Zvenigorod ?
Au début pour nous, ce n’était pas forcément le meilleur tirage… Ce n’est pas la même équipe que la saison dernière mais les Russes sont toujours très difficiles à battre. La bonne nouvelle, c’est que nous allons jouer les 2 matches chez nous (13, 15 mars ndlr), mais on sait que ce sera 2 gros matches. Nous devrons tout donner pour espérer atteindre le dernier carré.
Vous êtes née et avez grandi au Brésil, comment avez-vous commencé le handball, et pourquoi gardienne ?
J’ai commencé le handball assez tard… à 13 ans, à l’école comme tout le monde. En fait, en cours d’éducation physique, on avait handball et moi, je n’y connaissais rien (sourires) alors j’ai dit : “bon, je vais aller dans les buts“. Depuis toute petite, j’aimais bien le sport, je jouais beaucoup au football et parfois déjà quand il y avait besoin, j’allais dans les buts.
Darly Zoqbi de Paula jouait au football au Brésil avant de découvrir le handball.
La professeur d’éducation physique, c’était aussi la prof de l’équipe de handball de mon collège. Un jour, elle m’a appelée pour que je vienne jouer et j’ai joué avec l’équipe du collège. Ensuite j’ai continué de jouer, en équipe de région, les jeux de la Jeunesse au Brésil, puis en club, puis l’équipe nationale juniors, puis l’équipe nationale A. En 2001 je suis partie en Europe, en Espagne puis en France, en Espagne et de nouveau en France (sourires).
Pourquoi avez-vous choisi de revenir en LFH, en 2013 ?
Fleury a un très bon projet handball, on sent qu’il y a beaucoup d’efforts de faits pour faire grandir le club. J’étais très bien en Espagne (élue meilleure gardienne en 2013, ndlr), mais je suis venue pour le projet sportif car je pense que le championnat de France a pris une nouvelle ampleur. L’année dernière, le club a gagné son 1er titre (Coupe de France), le 2è cette année (Coupe de la Ligue). Le projet prend forme.
Vous posséder désormais la double nationalité, brésilienne et espagnole ?
Il reste des papiers à signer mais oui, c’est une grande joie pour moi que ma demande de naturalisation ait été acceptée. C’est une démarche qui était très importante pour moi. Je suis arrivée en Espagne en 2001, j’aime énormément ce pays, c’est devenu comme une 2è famille. J’avais envie de m’engager plus avec ce pays.
Darly Zoqbi de Paula en tribunes, supportrice de l’Espagne lors de l’Euro 2014.
A Fleury, vous n’êtes finalement pas trop dépaysée de l’Espagne ?
Oui, maintenant je peux dire qu’avec les deux Marta (Mangué, Lopez), Béa (Fernandez), Shandy (Barbosa), nous sommes compatriotes (sourires). Cela se passe trop bien entre nous. Ce sont des personnes phénoménales, de grandes joueuses. On est toujours ensemble, on se sent un peu “comme à la maison“. En plus j’avais déjà joué avec Béa (Fernandez) à Bera Bera et les autres j’avais déjà joué contre elles en Espagne. On se connaît bien.
Qui est pour le Real, et qui est le Barça ?
(Sourires) C’est très divisé dans le vestiaire : Marta Lopez et Bea sont pour le Real, moi je suis à fond Barça avec Marta Mangué, et Shandy peut-être Barça mais elle n’est pas trop foot. Notre entraineur supporter le Barça aussi.
Vous dégagez une joie de vivre, et semblez toujours avoir le sourire. Vous arrive-t-il d’être en colère ?
Dans la vie, j’essaie d’avoir le sourire tout le temps, mais il y a 2 choses qui me mettent vraiment de mauvaise humeur : quand on perd, je suis très énervée car je suis une compétitrice. Et quand je ne joue pas bien car je veut toujours faire bien, du mieux que je peux. Après dans la vie, c’est je suis quelqu’un qui aime bien sourire car je pense que même si parfois on a des moments plus difficiles personnellement, professionnellement, si on garde le sourire, cela aide un peu à remonter le moral. Toujours rester positif.
Avez-vous un modèle ?
En handball, la gardienne norvégienne Cecilie Leganger était pour moi la meilleure, elle a toujours été mon idole. Dans le sport en général, il y a Mickaël Jordan, Ayrton Senna. Il y a aussi beaucoup de champions dont on peut s’inspirer.
Votre pays natal, le Brésil, vous manque-t-il ?
Mes parents vivent là-bas, ma famille y réside donc oui, j’y retourne pour les grandes vacances. Après, j’ai quitté le Brésil en 2001 pour venir jouer en Europe. C’est un choix de vie, je suis venue jeune pour le handball, mais en Espagne où j’ai longtemps habité, j’ai trouvé comme une 2è famille, j’y retourne aussi souvent. J’ai beaucoup d’amis là-bas aussi, je m’y sens bien.