Focus – Caroline Valente : « L’AJPH joue un rôle important en accompagnant et en informant les joueuses pendant leur carrière »
Caroline Valente avec Nina Brkljacic – crédit : Icon Sport
Plan de Cuques, Noisy le Grand, Nice, Chambray, Caroline Valente a eu une belle carrière dans le paysage handballistique féminin français, avant de prendre sa retraite sportive à l’issue de l’exercice 2020-21. À 31 ans, l’ailière gauche originaire de Marseille a terminé son aventure au CTHB, avec une qualification européenne historique pour le club chambraisien. Si sa dernière saison a été perturbée par une blessure au genou, la Sudiste s’est retirée sans regret. De retour en Provence, elle se consacre désormais à 100% à son activité de kinésithérapeute, entretenant un lien étroit avec le milieu du handball, puisque le cabinet dans lequel elle exerce accompagne le club de Plan de Cuques. Formation qui lui a donné l’opportunité d’évoluer en première division au tout début de sa carrière de handballeuse. Entretien.
Peux-tu nous donner de tes nouvelles ?
J’ai intégré le cabinet du Kiné avec qui j’ai réalisé ma rééducation du genou. Il est situé à Château-Gombert dans le 13e arrondissement de Marseille, à proximité de Plan de Cuques. Nous sommes deux kinésithérapeutes et une ostéopathe, et nous suivons le HBPC (l’équipe première, la réserve etc.). J’habite pas loin de ma famille, de mes amis, et je suis de retour au soleil et c’est vraiment cool de revoir tout le monde. Je pensais que le rythme serait plus cool après l’arrêt de ma carrière sportive, mais en fait j’ai une vie à 3000 à l’heure. Je connais beaucoup de monde à Marseille, et il y a toujours quelque chose de prévu. Je me sens encore débordée ! Je m’investie plus dans mon métier, j’ai le temps de faire des formations que je ne pouvais pas faire avant avec le handball. Je suis une formation dans le sport, et c’est vraiment très enrichissant ! Je me perfectionne, et c’est important puisque nous suivons Plan de Cuques avec le cabinet. En plus de cela j’ai besoin de faire du sport en parallèle, et je me motive pour aller à la salle. Ma blessure au genou m’empêche de faire du hand, mais j’ai pu refaire du ski et je n’ai pas eu de problème. J’ai besoin de me dépenser, et puis il faut garder la ligne (rires).
Tu gardes un lien étroit avec le milieu du handball à travers ton activité de kinésithérapeute…
J’ai arrêté de jouer, mais je suis attentivement les résultats de Chambray. Je suis aussi très régulièrement présente à la salle pour assister aux matchs de Plan de Cuques. J’interviens également sur les matchs, nous sommes quatre à tourner à domicile. J’ai encore pas mal de copines dans les clubs de la LBE, et c’est aussi l’occasion de les retrouver.
Comment as-tu vécu l’arrêt de ta carrière sportive ?
J’ai bien digéré parce que c’était mon choix, ma décision. Si j’avais été contrainte d’arrêter ma carrière parce que je n’avais pas pu trouver de club ou à cause d’une maladie cardiaque par exemple, je pense que ça aurait été plus difficile à digérer. Je n’ai pas de remords, même si de temps en temps quand je regarde un match, je me verrais bien marquer tel ou tel but (rires). Je n’ai jamais ressenti de tristesse depuis mon arrêt, il n’y a pas de manque.
(photo : S.Pillaud)
Avec un peu de recul et de hauteur, quel regard portes-tu sur ta carrière ?
Je pense que j’ai eu un parcours un peu atypique. Je suis globalement satisfaite de ma carrière, même si il manque toujours quelque chose. J’aurais bien aimé jouer l’Europe, mais « malheureusement » nous nous sommes qualifiées l’année de ma retraite sportive. Je m’estime déjà heureuse d’avoir pu vivre des saisons au plus haut niveau, d’avoir gagné des matchs et d’avoir décroché cette qualification avec Chambray en European League. Même avec Nice j’ai eu une belle aventure. Et puis mon dernier regret c’est que j’aurais aimé donner un peu plus au CTHB pendant mes trois années passées au club. Mais je suis très satisfaite de mon histoire avec le handball. J’ai connu jeune la D1 avec Plan de Cuques, je suis partie dans la région parisienne à Paris pour mes études. Ça été une très belle expérience autant sportivement en D2F avec Noisy, que dans ma vie personnelle et mes projets de reconversion. Nice m’a redonné une chance de jouer en première division, ça a été une expérience humaine très forte, et puis mes années à Chambray ont été très enrichissantes. Je suis à 90% satisfaite de ma carrière si je dois résumer.
Tu as joué plusieurs années au plus haut niveau. Quelles sont les évolutions que tu as pu constater pendant ta carrière ?
Physiquement je trouve que les filles ont beaucoup évolué entre le début et la fin de ma carrière. Le jeu est plus rapide, le gabarit des joueuses a changé. J’adore ces évolutions avec des demi-centres à la Stine Oftedal qui amènent de la vitesse, de la créativité… Et puis le championnat, les structures se sont professionnalisés, et les performances des clubs sur la scène européenne permettent à notre championnat de rayonner. Il y a de plus en plus de matchs de haut niveau, et même si le rythme est soutenu pour les clubs européens, c’est génial d’enchainer les matchs comme ça, j’aurais aimé le vivre. Les contrats ont évolué, il y a un vrai encadrement et une protection des joueuses et des clubs. L’AJPH joue un rôle important en accompagnant et en informant les joueuses pendant leur carrière sur les formations accessibles, les crédits de formation etc. Avant, les joueuses donnaient beaucoup de leur temps, de leur corps, et n’avaient pas les mêmes ressources à leur disposition. Tu peux désormais avoir une belle carrière, tout en anticipant la suite, dans un domaine qui te correspond, et c’est une très bonne chose.
Pour terminer, tu as anticipé assez tôt dans ta carrière ta reconversion. C’était quelque chose d’important pour toi ?
J’ai beaucoup aimé faire les choses dans ce sens. Tu signes des CDD en tant que joueuse, et tu n’es pas à l’abri de te retrouver un jour sans club. Ce sont des situations qui peuvent être stressantes, et dans ma situation, je me disais que j’avais une sécurité derrière moi si je me retrouvais dans ce contexte. Et puis personnellement, à 30 ans je n’avais pas forcément envie de me retrouver sur les bancs de l’école.
Merci Caroline !