ITW (Mérignac) – Laurène Catani : « J’ai à coeur de montrer aux filles qu’elles peuvent compter sur moi »
(photo : O. Stephan / BBH)
Championne de France avec le Brest Bretagne Handball la saison dernière, Laurène Catani a pris la direction de Mérignac à l’intersaison, avec la volonté de retrouver du temps de jeu et des responsabilités. Une recrue de taille pour le MHB, qui peut compter sur une joueuse expérimentée, qui a fait ses armes dans le Var à Toulon. À 30 ans, la meneuse de jeu explosive nourrit encore de belles ambitions, et veut aider le Mérignac Handball à vivre un exercice plus serein que le précédant, qui avait vu les Girondines se maintenir au bout du suspense. Son arrivée à Mérignac, son expérience à Brest, ses ambitions… Laurène Catani s’est livrée sans concession dans l’entretien du jeudi.
Laurène Catani (Mérignac) :
Une victoire, deux nuls, une défaite. Quel est ton regard sur votre début de saison réalisé avec Mérignac ?
Nous sommes contentes de notre entame de saison car nous n’avons pas perdu à domicile, mais il y a quand même un peu de frustration. La saison dernière a été très difficile, et les filles ne veulent pas revivre ça. Je n’y étais pas, mais j’ai suivi de loin et je sais que ça a laissé des traces. D’un point de vue comptable, notre début de saison est bon, mais nous avons encore une grosse marge de progression. Nous n’avons pas perdu à la maison, mais nous avons fait deux nuls, et ça n’a pas la même saveur qu’une victoire. On aurait peut être pu se mettre un peu plus à l’abri, mais c’est comme ça et il y a du positif. Nous avons montré un beau visage, notre public a répondu présent, et nous allons continuer à travailler pour mieux gérer nos temps faibles notamment. Nous devons rester dans l’exigence et la rigueur, en nous appuyant sur ce que nous avons pu faire jusqu’à maintenant. Nous avons un collectif avec des profils atypiques, sans de grands gabarits, et nous allons devoir jouer sur nos forces, sans nous tromper sur ce que nous allons proposer, car nous connaissons aussi nos faiblesses.
Comment s’est déroulée ton acclamation en terre girondine ?
C’est jamais simple de changer d’équipe, peu importe que ce soit Brest ou Mérignac. J’ai été très bien intégrée par les filles, et j’ai pas mal de responsabilités sur le terrain. J’ai à coeur de montrer aux filles qu’elles peuvent compter sur moi, et ça n’a pas été simple de passer du statut que j’avais à Brest à celui que j’ai à Mérignac. J’ai vraiment envie de performer avec ce club, mais il ne faut pas griller les étapes. J’ai eu tendance à être un peu impatiente à Brest, et je pense que ça m’a joué des tours. Aujourd’hui j’accepte que les choses puissent prendre du temps. Christophe me fait confiance, je pense que les filles aussi, à moi de faire en sorte que ça fonctionne. Nous sommes encore en début de saison, et il y a beaucoup de choses à travailler. Je découvre un nouveau projet de jeu, avec de nouvelles joueuses, qui ont des profils différents de celles du BBH. Mais je me sens bien ici au MHB, il y a une très bonnes ambiance dans le groupe, au sein du club. J’ai envie d’être meilleure pour l’équipe, de hausser mon niveau de jeu. J’ai encore la volonté de progresser, et de trouver encore plus de justesse et de régularité dans mes performances.
Qu’est ce que tu es venue chercher ici à Mérignac ?
Je voulais retrouver du plaisir à jouer, en ayant un rôle, des responsabilités au sein d’un projet. J’ai essayé à Brest, cela n’a pas forcément fonctionné, il me manquait certainement des compétences… mais ce n’est pas grave c’est derrière moi. J’ai acquis de la maturité grâce à cette expérience et je veux la mettre à profit à Mérignac. C’est pour cela que ça me frustre quand je vois qu’on gère mal les money-times contre Nice ou Dijon. C’est dans ces moments que je dois prendre mes responsabilités et aider l’équipe. Mais quand tu as passé une saison sans beaucoup jouer, il faut du temps pour reprendre du rythme, retrouver des repères. On attendait pas la même chose de moi à Brest qu’ici à Mérignac, et je vais devoir prendre mes responsabilités. Jouer pour les autres est quelque chose d’ancré en moi, mais j’ai aussi envie d’exister sur le plan offensif, en pesant plus sur le plan comptable. Je l’étais un peu plus à Toulon, mais le contexte était différent, j’évoluais dans une vraie zone de confort depuis mes débuts. À moi de m’adapter, de répondre aux exigences des filles sur le terrain avec mes qualités et l’expérience que j’ai emmagasiné ces dernières années.
(photo : O. Stephan / BBH)
Avec un peu de recul, quel est ton regard sur ton passage à Brest ?
Humainement l’expérience a été géniale à Brest. J’ai évolué dans une autre « sphère », et je pense que toute joueuse compétitrice souhaite vivre cela dans un club de cette envergure. Ce qui a été plus difficile, c’est qu’à mon âge, et après ce que j’avais vécu, le changement de statut n’a pas été simple. À 30 ans on remet pas mal de choses en question, et même si je n’ai pas de regrets, j’espère que cette expérience à Brest va me servir avec Mérignac. Je garde des souvenir très forts de cette saison en Bretagne. À moi de créer quelque chose autour de cela, pour le faire valoir positivement cette saison.
Pourquoi Mérignac ?
J’avais d’autres possibilités, mais je commence aussi à préparer ma reconversion. J’ai encore beaucoup d’ambitions sur le plan sportif, mais je dois aussi penser à ma « deuxième carrière » qui va vite arriver. J’ai vécu à Brest ce que je voulais vivre, avec un rythme soutenu sur le plan sportif entre le championnat, la Ligue des Champions, la Coupe de France, maintenant j’ai aussi envie de penser à ma reconversion. Il n’y a pas que cet aspect qui m’a séduit à Mérignac. J’aime ce que propose Christophe aux entraînements, sa philosophie de jeu, ses valeurs de combativité. Je connaissais aussi pas mal de filles, et j’ai envie de me construire ici. On se retrouve avec pas mal d’anciennes toulonnaises au final. Mais nous avons évolué depuis, Audrey est devenue maman, j’étais beaucoup plus jeune à l’époque… Je garde de très bons souvenirs de ces années varoises, et je suis contente de retrouver les filles.
Quelles sont les ambitions du MHB cette saison en LBE ?
Dans les discussions que nous avons pu avoir entre nous, les filles ne veulent vraiment pas revivre le même scénario que celui de la saison dernière. Le maintien est une priorité, et comme on dit toujours, il y a des manières de se maintenir. Au plus tôt nous le ferons, au mieux ce sera. Nous avons ciblé certains matchs, et nous avons à coeur de réaliser de grosses performances dans notre salle, quelque soit l’adversaire. Si on arrive à performer à domicile, je pense qu’il y a de fortes chances de garder notre place en LBE. La régularité est toujours quelque chose de difficile dans le handball féminin, mais il faudra répondre présentes face à nos concurrents directs, à la maison et à l’extérieur.
Pour finir, un mot sur l’évolution du championnat de France, dans lequel tu évolues depuis de nombreuses années.
Le championnat est très dense, avec des équipes qui se sont renforcées. Je pense qu’il va y avoir de belles surprises cette saison. Avant il y avait 2/3 équipes qui jouaient le titre, maintenant je dirai plus 5/6 qui peuvent tourner sur le haut du tableau. Je trouve que c’est une bonne chose pour le handball féminin professionnel. Il y a aussi eu la signature des accords collectifs qui est une belle avancée pour notre sport, et nous sommes sur une bonne dynamique de progression sur tous les plans. Nous avons un championnat LBE très relevé, et je suis très heureuse d’en faire partie avec Mérignac.
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