ITW – Stéphanie Cano : « Il peut y avoir beaucoup d’émotion »

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Stéphanie Cano compte plus de 230 sélections avec l’équipe de France. 

Stéphanie Cano (championne du Monde en 2003)

 

Vous avez une riche expérience des compétitions internationales, de quel oeil voyez-vous le premier tour qui attend l’équipe de France au Danemark ?

Le premier tour d’un Mondial semble toujours plus « abordable » qu’en comparaison avec un Euro par exemple. L’Argentine, le République Démocratique du Congo, voir même la Corée du Sud sont des adversaires à priori à la portée de l’équipe de France. Après dans ces équipes il y en a toujours qui ont la « patate » du moment, donc il faut se montrer prudent, et faire attention de ne pas se faire surprendre par leurs jeux « atypiques ». Ce sont des nations que l’on croise peu souvent, et sur un match on ne sait pas ce qu’il peut arriver. 

 

Des matchs de rodage en quelque sorte, pour monter en puissance pour la suite de la compétition… 

En poule c’est toujours bien d’avoir des équipes de ce type, ça met le doigt sur des choses qui piquent un petit peu. Mais croiser la Corée du Sud en 1/4 de finale par exemple, même si on a l’impression que ça peut être plus facile, et bien on peut se faire surprendre. 

 

Maintenant, le premier match de la compétition contre l’Allemagne s’annonce compliqué !

Contre Allemagne, ça va être un match difficile. Les duels franco-allemands sont toujours particuliers, et avec le contexte actuel, il peut y avoir beaucoup d’émotion lors de cette rencontre. C’est une nation de handball, et il va falloir réaliser un gros match d’entrée pour l’emporter. 

 

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La joie des Bleues après le titre mondial en 2003

 

Parlons un peu de la fameuse épopée de 2003. Quels souvenirs gardez-vous 12 ans après ?

Alzheimer me guette un petit peu, après 12 ans il y’a prescription (rire). Non ce n’est pas vrai… C’est une compétition qui est longue, avec beaucoup de matchs, et nous avions écopé d’une poule compliquée. Si on va au bout, c’est long, il peut y avoir une vraie usure, physique et mentale, et il faut parvenir à gérer le collectif sur du long terme. La difficulté c’est de réussir à se mobiliser justement et de garder du dynamisme et de l’envie même dans les moments compliqués. C’est bizarre de dire ça, on était dans un contexte différent de ce lui de l’équipe de France actuelle, avec un autre sélectionneur, ce n’était peut être pas les mêmes approches, mais on faisait beaucoup de réunions, beaucoup d’entraînements. A un moment, même si on est aux championnats du Monde, et que l’on est contente d’y être, il peut y avoir une certaine routine qui s’installe, et il faut faire en sorte de ne pas y tomber.

« On ne voulait pas gâcher » 

Vous étiez capitaine du navire lors de cette compétition. En plus d’être une cadre sur le terrain, vous aviez un rôle clé à jouer en dehors non ?  

J’allais parfois à la rescousse de filles qui étaient un petit peu en dedans, qui n’étaient pas au top mentalement. On fait beaucoup de sacrifices, mais parfois à l’arrivée on n’a pas toujours ce que l’on attend… Il peut y avoir de la frustration, et c’est certainement ça qui est le plus difficile à gérer au sein d’un groupe. Il faut essayer de trouver une certaine légèreté, de pas mettre une pression inutile. 

 

Parlez-nous de cette remontrée fantastique en finale contre la Hongrie !

On ne voulait pas gâcher. Dans l’instant, on s’est aussi rebellée parce qu’on était en train de gâcher une finale. Nos 45 premières minutes n’étaient pas représentatives de tout ce qu’on avait donné. Dans l’instant, on s’est surtout dit : « On ne peut pas finir avec dix pions dans la musette ». On voulait finir avec la tête haute, et nous battre jusqu’au bout. Et ça a donné cette remontée, et ce titre… 

 

Quels liens gardez-vous avec vos anciennes co-équipières ? 

C’est quelque chose qu’on a vécu ensemble, qui nous appartient. C’est le lien invisible qui nous relie, malgré les chemins différents pris par chacune.