J7. Mouna Chebbah : “Tout donner face à Fleury“

Mouna Chebbah LFH NîmesMouna Chebbah et le sourire du HBC Nîmes.

Mouna Chebbah, quel regard portez-vous sur votre début de saison ?
A part notre défaite à Toulon (25-16, J6), nous avons pris un bon départ (5 victoires consécutives), je pense que nous avons fait de belles choses. Nous n’avons pas un groupe avec de trop gros noms, mais une équipe homogène avec des jeunes et des joueuses expérimentées.

Face à Toulon St-Cyr, je pense, j’espère, que c’était un accident, même si je sais que l’on perdra encore des matches. Ce ne sera pas grave car notre objectif, c’est de finir parmi les 6 premiers pour participer aux Play-Offs, et être dans les 5 à la fin pour décrocher l’Europe.

A titre personnel, vous êtes l’actuelle meilleure buteuse de LFH, élue meilleure joueuse en septembre avec + de 50% des voix ?

(Gênée, elle coupe) Sincèrement, cela fait plaisir mais ce n’est pas du tout mon but. Ce qui m’intéresse, c’est d’aider le plus possible mon équipe, apporter quelque chose pour gagner et si on gagne, je suis contente. C’est vraiment tout ce qui compte pour moi.

Que vous inspire votre adversaire ce mercredi, le leader Fleury Loiret ? 

C’est une très grosse équipe. La plupart des filles, c’est le top niveau mondial. Nous avec Nîmes, nous n’avons rien à perdre, il faut s’attacher à jouer notre jeu, donner le maximum, être à 100% de la 1ère à la dernière seconde, Ce sera le 1er match télévisé pour Nîmes (20h30, Sport+) cette saison, on espère que ce sera un beau match.

Marta Mangué LFH Fleury LoiretMarta Mangué et Mouna Chebbah ont joué 2 ans ensemble au Danemark.

Je connais à peu près toutes les joueuses de Fleury. J’ai joué 2 ans avec Marta Mangué (team Esbjerg, Dan.), et affronté l’équipe d’Espagne à plusieurs reprises. Fleury Loiret est vraiment une équipe très forte. Sur le papier, c’est très solide.

Vous voici de retour en LFH, après 6 saisons au Danemark (2008-2014). Pourquoi ce retour ?

Après 6 ans passés au Danemark, dont 4 à Viborg où nous avons tout gagné (Coupe d’Europe, Championnat, Coupe du Danemark, ndlr) j’ai préféré partir sur ce triplé, par la grande porte d’une certaine façon. Aussi, je connais la France, j’y ai joué. Je n’ai pas voulu chercher un autre championnat, un autre pays, une autre culture.

J’ai déjà joué 3 ans en France (Besançon, 2005-2008), je m’y sens bien, on parle la même langue, et je me rapproche de la Tunisie. 

Pourquoi avez-vous choisi le HBC Nîmes ?

J’ai dit à mon agent que j’aimerais jouer plus dans le sud de la France, géographiquement plus proche de la Tunisie. Le climat me correspond plus qu’au Danemark, où il fait très froid… Et puis surtout, j’ai senti que Nîmes me voulait vraiment, qu’lls comptaient sur moi pour aider le club. C’est un vrai club de handball, une ville de handball, un public fidèle, connaisseur. L’environnement est appréciable. 

Mouna Chebbah LFH Nîmes

HBC Nîmes LFHLa 2è journée, les Nîmoises s’imposent face au champion de France en titre Metz (24-18).  

En 6 ans, qu’est-ce qui a le plus changé, selon vous, dans le handball féminin français ?

Le championnat de France a progressé, il est devenu bien plus homogène. Il n’y a plus d’un côté 2-3 équipes qui dominent tout, et puis les autres. Aujourd’hui, il peut se passer plus de choses, il n’y a plus d’équipe invincible. C’est plus fort qu’avant, le niveau a progressé. En 6 ans, on évolue forcément, moi y compris. 

Justement, en quoi avez-vous plus progressé, évolué ?

J’ai progressé au Danemark, même si on peut toujours apprendre à mon âge. Là-bas, j’ai appris une autre mentalité, une autre façon de vivre le handball. C’est l’école scandinave, nous sommes au contact des meilleures joueuses du monde, danoises, norvégiennes, allemandes… Forcément, on progresse à leur contact. J’ai acquis beaucoup de bagages pour pouvoir aider mon équipe aujourd’hui.

Mentalement, cela renforce aussi ?

Oui. Rester 6 ans au Danemark, c’est pas mal (sourires). Déjà, on ressent beaucoup plus la pression, à chaque match. Il faut être premier, au top tout le temps… Il y a la pression du public, des sponsors, qui mettent plus d’argent que dans d’autres pays. Le handball est plus professionnel au Danemark, c’est une autre approche. L’obligation de résultats se ressent au quotidien, j’ai vécu avec et c’est parfois stressant. 

Mouna Chebbah Tunisie LFHMouna Chebbah, avec les couleurs de sa sélection, la Tunisie

Du coup, parlez-vous danois maintenant ?

J’ai bien galéré les 4 premières saisons, heureusement je parlais bien anglais (sourires). Les 2 dernières années, j’ai bien appris la langue, et alors je n’avais plus de problème pour comprendre. Mais c’est une langue vraiment très dure, j’avais vu sur Internet que c’était l’une des plus difficiles du monde.

Nîmes n’est pas européen cette saison. La Coupe d’Europe vous manque-t-elle ?

La Ligue des Champions a commencé ce week-end, j’ai regardé un peu. Je me disais “cela ne va pas me manquer“, mais  quand j’ai regardé, je dois avouer que cela me manque un peu quand même (sourires). C’est ce qui se fait de mieux à tous les niveaux : handball, ambiance, etc. Pouvoir la jouer procure toujours une sensation magnifique.

Quel est votre prochain objectif avec l’équipe nationale de Tunisie ?

Nous sommes en train de préparer le tournoi qualificatif pour les Jeux Olympiques 2016, qui aura lieu en mars. Au mois de janvier 2014, nous sommes devenues championnes d’Afrique, après une longue attente. J’espère de tout cœur que l’on va continuer sur notre lancée, et ne pas rater l’occasion de participer aux JO.

Ce serait une 1ère pour moi, pour toute notre génération. A nous de tout faire pour pouvoir décrocher cette qualification.

Ce Championnat d’Afrique des Nations 2014, vous le remportez après 38 ans d’attente !
Oui, c’est vraiment un trophée inoubliable, un résultat historique. Gagner, c’était un plaisir énorme, pour tout le handball féminin dans le monde arabe. Nous avions toujours perdu face à l’Angola, le tenant du titre, une grande équipe. Et là, nous sommes parvenues à les battre en 1/2 finale. Nous sommes qualifiées pour le prochain Mondial. Notre prochain objectif, c’est de se qualifier pour les JO.

Ivano Balic LFH ChebbahLe demi-centre et international croate Ivano Balic. 

Et cette saison avec Nîmes, quels sont vos objectifs ?

Il faut que l’on soit parmi les 5 premiers pour disputer une Coupe d’Europe, et pourquoi pas gagner l’un des trois trophées qui sont en jeu ? Pour l’instant, nous devons avant tout continuer sur cette lancée. 

Il faut être optimiste, toujours faire le maximum pour mon équipe. Ce que j’aime bien c’est essayer de donner du plaisir au public, aux gens qui viennent nous voir jouer. J’adore jouer techniquement, essayer de faire des choses un peu spectaculaires. Offrir un beau spectacle, faire plaisir aux gens, c’est vraiment le plus important, plus que n’importe quel titre individuel.

Si mon équipe gagne et que le public est content, cela suffit à mon bonheur.

Avez-vous un modèle, un exemple dans le monde du handball ?

Moi je dis toujours Ivano Balic… Je l’aime bien, c’est un artiste, il fait des trucs incroyables, il est très fort. Un autre joueur que j’apprécie beaucoup, qui a tout gagné avec Montpellier, la Ligue des Champions, c’est mon compatriote Soubhi Sioud.

Mouna Chebbah

Née le 8 juillet 1982 à Mahdia (Tunisie)

Ailière gauche / Demi-centre

Clubs. HBC Nîmes (depuis 2014), Viborg HK (2010-2014, Dan.), Team Esbjerg (2008-2010, Dan.), ES Besançon (2005-2008, Fra.), AS Ennour Ariana (Tun.), ASF Mahdia (Tun.).

Internationale tunisienne, 275 matches, 875 buts

Palmarès.

Vainqueur de la Coupe des Vainqueurs de Coupes (2014), Vainqueur du Championnat du Danemark (2014), Vainqueur la Coupe du Danemark (2010, 2011, 2013, 2014), Vainqueur de la Super Coupe du Danemark (2011), Vainqueur du Championnat d’Afrique 2014 avec la Tunisie.

Elue meilleure arrière gauche du championnat de France 2007-2008, meilleure joueuse du championnat du Danemark en 2008-2009, 2009-2010, meilleure joueuse du Championnat d’Afrique 2010, 2012.