L’avant match, avec Sandor Rac
Le coach serbe du Metz HB, ici au côté de l’internationale serbe Kristina Liscevic.
Sandor Rac, votre équipe partira avec 4 buts d’avance (31-35 à l’aller, Coupe EHF) face aux Danoises d’Holstebro. Comment abordez-vous la rencontre ?
Nous aurions tort de nous réjouir trop vite car nous ne sommes qu’à la moitié du chemin. Au vu de notre parcours en Coupe d’Europe, nous sommes bien placés pour savoir qu’une finale, c’est 120 minutes, pas une de moins.
Aussi en ½ finale, Holstebro a rattrapé ses 6 buts de retard en s’imposant de 7 au retour (18-24, puis 22-29 chez les Danoises de Midtjylland, ndlr). Nous sommes prévenus.
Que retenez-vous de la prestation de votre équipe, dimanche dernier au Danemark ?
Il y a eu beaucoup de dépense physique de la part de mes joueuses. Les filles ont beaucoup couru et je crois que nos adversaires ne s’attendaient pas à ce que l’on marque autant en contre-attaque (13 au total, ndlr). Nous avons fait un bon match en défense. Les joueuses ont bien respecté les consignes. Nous devons faire preuve d’autant de sérieux et d’application dimanche.
La belle forme de Gervaise Pierson, à nouveau décisive en terre danoise (22 arrêts, élue Joueuse LFH du mois d’Avril), est-elle de nature à vous rassurer ?
Gervaise nous apporte beaucoup. Le poste de gardien est une pièce maîtresse. Je dis toujours qu’une gardienne ou un gardien de but, c’est 40, 50% de la réussite d’une équipe. Dans toutes les grandes équipes, vous avez un grand gardien ou une grande gardienne. Regardez en équipe de France, il y a Thierry Omeyer, Amandine Leynaud… A coup sûr, il n’y a pas de grand résultat sans grand gardien.
A 60 minutes de soulever, peut-être, le 1er trophée européen dans l’histoire du club, ressentez-vous de la pression chez les joueuses ?
Je vais vous raconter une anecdote. L’été dernier pendant la préparation, j’ai vu mon équipe jouer en amical, notamment lorsque nous avons remporté le tournoi de Plan-de-Cuques (victoires de +15 face à Toulon, +22 face à Nîmes, + 24 face à Issy Paris). J’ai vu que sans pression, elles jouaient très bien et je leur ai dit que si nous jouions tous nos matches comme en amical, alors nous pourrions devenir “champions du monde“ (sourires).
Sandor Rac et Katty Piéjos ont déjà gagné 6 trophées ensemble à Metz.
C’était pour plaisanter mais pour leur faire prendre conscience qu’avec cet état d’esprit, sans se poser de questions, nous pouvions faire de belles choses. L’an dernier, Metz avait une équipe très forte sur le papier. Mais il y avait peut-être trop de pression autour d’elles. Moi je veux que mes joueuses soient épanouies, qu’elles se fassent plaisir et qu’elles soient dans les meilleures dispositions quand elles rentrent sur le terrain.
Comment cela se traduit-il dans votre méthode de management ?
Je ne parle pas du tout du match à mes joueuses. J’en parlerai juste une heure avant la rencontre. De même pour la séance vidéo, elle arrive en toute fin de semaine. Nous nous entrainons sérieusement, sereinement, comme d’habitude, et je ne parlerai de nos adversaires qu’au dernier moment.
Il faut aborder cette finale comme un “jeu“. Car le sport finalement, ce n’est qu’un jeu. Le jour du match, je sais que mes joueuses seront naturellement motivées, alors je n’aurai pas besoin de les “surmotiver“, ce serait contre-productif. Je sais qu’elles donneront tout. C’est l’équipe qui a le plus envie qui gagne. Je fais confiance aux filles. Chaque joueuse qui compose cette équipe a un vrai rôle à tenir. C’est très important de donner confiance aux joueuses.
“Sans pression“, pouvez-vous réaliser le triplé historique pour Metz (Championnat, Coupe d’Europe, Coupe de France) ?
Sincèrement, ce sera presque mission impossible, même si tout est possible dans le sport. Bien sûr, nous ferons tout pour le faire mais regardez le calendrier, les cadences sont ce qu’elles sont… Depuis 2 mois, nous jouons quasiment tous les 3 jours. Nous allons jouer un match intense dimanche, ensuite nous devons être à Fleury mardi, pour jouer mercredi la finale aller de Play-Offs et le retour, le dimanche de la même semaine. Fleury aura eu 10 jours pour se préparer, nous à peine 3 jours.
Lors de mes 3 premières saisons (2006-2009), nous avons fait 3 fois le doublé, je sais combien le triplé est dur à aller chercher, ce serait quelque chose d’exceptionnel. Je crois beaucoup dans mon groupe, mais le calendrier est ce qu’il est.
Qu’est-ce qui fait la force de votre équipe cette saison ?
Notre combativité, une bonne préparation physique qui fait que l’on est capable de courir 60 minutes. Par exemple à l’aller, nous avons plus marqué en contre-attaque que les Danoises.
Finale de Coupe d’Europe à guichets fermés, dimanche aux Arènes. Un écran géant sera également installé dans la ville (Place d’Armes).
Disputer 3 finales au moi de mai, l’auriez-vous cru l’été dernier ?
Personne ne pouvait penser cela (sourires). De grandes joueuses, des internationales (Allison Pineau, Amandine Leynaud, Claudine Mendy) sont parties. Nous sommes reparties avec beaucoup de jeunes. Nous étions plus dans une “saison de transition“. Même si, comme je vous le disais, au bout de 2 mois de préparation, je me suis rendu compte du potentiel de mon équipe.
A la Nuit du Handball, vous faites partie des nominés dans la catégorie “meilleur entraineur“ de LFH. Comptez-vous aussi décrocher ce trophée ?
(Sourires) Oui, j’ai vu cela, mais vous savez, je plaisantais dernièrement à ce sujet car je me suis rendu compte que plusieurs lauréats ces dernières années (LFH ou LNH) ont été licenciés la saison suivante. Alors je me demande si ce serait vraiment une bonne chose pour moi… (sourires)
L’engouement autour du Metz HB semble avoir franchi un palier cette année ?
Depuis que je suis à Metz, je n’ai jamais connu cela. Nous avons des supporters qui nous poussent de la 1ère à la dernière seconde (notre photo). Et pas seulement en Coupe d’Europe. En ½ finale de Coupe de France face au Havre, ou en ½ finale de Play-Offs face à Issy Paris en semaine, il fallait voir l’ambiance aux Arènes. Depuis 2-3 mois, il y a une grande émulation pour le handball féminin dans la ville. Nous y sommes sensibles. Merci pour toute cette attention.
Dimanche 12 mai
Coupe EHF, Finale retour
18h. Metz – Holstebro (Dan.). En direct et en intégralité sur beIN SPORT (prise d’antenne 17h50) et sur Mirabelle TV.