Que sont-elles devenues… Avec Nina Brkljacic

Figure familière des supporters de Chambray depuis 2019, bien qu’elle ait remisé ses stabils il y a deux saisons déjà, Nina Brkljacic a entamé sa deuxième vie en devenant… entraîneur dans son dernier club ! L’ex demi-centre, formée à Besançon et passée par Toulon, Nice, Cannes, Le Havre et Vaulx-en-Velin, est épanouie et toujours pleine d’ambitions.

Son ton, quand elle donne une interview, ressemble à ce qu’elle était sur un terrain. Intelligente, déterminée, mêlant assurance, décontraction et un brin d’espièglerie qui font les joueuses qui deviennent incontournables dans un collectif. Et c’est ce que fut Nina Brkljacic au fil de sa carrière. « Au regard de mon profil physique, sur le papier, tout le monde n’aurait pas parier sur moi en tant que joueuse pro » glisse l’intéressée. « Mais moi j’avais plus le handball dans le cœur et dans le sang… Et j’ai réussi à me construire une carrière très bien avec ça. » Et pas des moindres donc puisque la désormais retraitée s’est offert quelques jolis trophées et gros frissons dans les différentes catégories d’âge, avec en tête de gondole, celui de championne de France avec Toulon, des expériences européennes mémorables et surtout, comme pour beaucoup, des amitiés indéfectibles.

UN TITRE MAJEUR

Elle poursuit : « C’est certain que d’avoir gagné le titre avec Toulon, ça a été quelque chose de mémorable d’autant que l’on a joué ensuite la Ligue des Champions. C’était incroyable pour ce club-là, à ce moment-là. J’avais tout juste 19 ans et j’évoluais dans un groupe où il n’y avait pas forcément un budget pour avoir 14 pro, donc on était beaucoup de jeunes à avoir du temps de jeu : on se sentait investis. Ce qui fait que je ne l’ai pas vécu comme une jeune joueuse mais comme une joueuse à part entière. Après, plus près de nous, il y aussi l’expérience européenne avec Chambray, évidemment. Ce qui était génial, c’est qu’il y avait un vrai côté historique puisque c’était la première pour le club. On l’a fait avec un groupe qui était génial. On avait vécu le covid juste avant donc c’était dur, on se relevait d’un truc compliqué. Ça a vraiment été une saison incroyable. Ce qui est drôle, c’est que pendant longtemps je n’avais pas regoûté à la coupe d’Europe. Ça ne me manquait pas… Et puis quand on s’est qualifié avec Chambray et que j’y suis retournée, je me suis dit que “quand même, j’en aurais bien pris un peu plus (rires)”. En Coupe EHF, j’ai vraiment trouvé que le niveau était intéressant. Outre le fait de voyager, il y avait de forts enjeux sportifs. J’aurais bien fait 2/3 ans de plus, mais à ne jouer que la Coupe d’Europe (rires). »

Le Handball DANS LE SANG

Son choix a cependant été celui de privilégier une reconversion comme technicienne et formatrice, tradition familiale oblige serait-on tenté de dire, elle qui a grandi à l’ombre de son paternel Davor et aux côté d’un frangin Luka, qui continuent tout deux aussi de faire vivre la petite balle pégueuse avec passion. « Au départ je me suis un peu voilée la face en me disant que j’aurais envie de changer de milieu parce que le rythme de vie n’est pas toujours simple. Mais je l’ai toujours dit, c’est quand même un peu dans les gènes ce truc. Je suis issue d’une famille de sportifs. Mon père entraîne toujours, mon frère est toujours joueur. Et ça me paraissait normal de partager tout ce que j’avais connu, tout ce que j’ai vécu. Et de le transmettre aux plus jeunes. Ainsi depuis 2 ans, je me suis reconvertie dans l’entraînement. J’ai suivi les formations nécessaires pour être coach. J’ai passé mon diplôme titre 5 que j’ai obtenu la saison dernière. Et là, j’entraîne le collectif U17 France à Chambray et je suis entraîneur adjointe sur la réserve (N2) qui est aussi le CF. Je fais aussi un peu de découpage vidéo pour l’équipe première à la fois afin de libérer du temps au staff de l’équipe première. Mathieu me l’a demandé et ça me plaît. J’apprends à maîtriser Dartfish et ça me fait plus de compétences (sourires). »

LA FORMATION AU COEUR

Au point d’un jour vouloir prendre en main une équipe au plus haut niveau ? Elle hésite : « Oui et non. D’abord oui, car, en tant que demi-centre et parce que j’aime la stratégie dans le handball, j’aime l’idée de livrer ces parties d’échec. De me confronter à ce genre de choses. Et puis le temps qui passe me fait me rendre compte que je prends plus de plaisir sur les jeunes, sur tout ce travail de formation individuel et collectif, mais que je peux retrouver aussi sur les matchs. Il y a quand même cet aspect stratégie même si ça n’est pas au même niveau que ce que j’ai connu en D1. Au regard de mon parcours qui n’était gagné d’avance, je pense qu’il y a plein de joueuses qui passent sous les radars parce qu’elles ne correspondent pas tout de suite aux profils attendus alors qu’elles peuvent devenir de très bonnes joueuses. J’ai envie d’apporter ça. »

DES AMITIÉS SINCÈRES

Un altruisme qui s’accorde bien à la vision d’une « carrière » développé par la jeune femme : « Ce que l’on retient, au final, ce sont les personnes que l’on a rencontrées. Il y a certaines joueuses qui sont devenues des amies et avec lesquelles je garderai toujours contact. On vieillit, on va au mariage des unes et des autres, on voit les enfants grandir. Le handball permet vraiment de rencontrer des personnes que l’on aurait pas forcément croisées dans la vie de tous les jours parce que le sport collectif, de surcroit de haut niveau, “force” certaines amitiés. On vit H24 avec ses partenaires. Des fois on se dit : “tiens ce type de caractère, je ne l’aimerais pas” et puis finalement avec le temps, on apprécie les gens car on a eu le temps de faire connaissance, d’apprendre. C’est la diversité des personnes qui permet de grandir. Si je suis celle que je suis, c’est parce que j’ai rencontré plein de gens et de cultures différents. Et donc j’en suis très riche de ça. »

À Chambray, la jeune femme a tout pour s’épanouir : « Ici, j’ai vraiment trouvé un équilibre. Le club se développe. En 6 ans, j’ai vu toutes les dernières avancées, je trouve que l’on avance encore et que le club a encore la possibilité d’avancer. Je nous trouve un club sain dans tous les sens du terme. »