Squad LFH – Guillaume Marquès : « C’est une belle histoire »
Cette semaine, le Chambray Touraine Handball se retrouve au coeur de notre dispositif #SquadLFH, qui a pour but de mettre en lumière les 12 formations de l’élite. Entretien avec Guillaume Marquès, qui est à la tête du CTHB depuis 2006, et qui a contribué à l’ascension fulgurante du club chambraisien, qui est passé de la N3F à la LFH en dix ans.
Guillaume Marquès (Chambray Touraine) :
Le Fleury Loiret, Dijon, Besançon, Paris… vous vous préparez à disputer une série de matchs très importants dans la course aux playoffs. Comment abordez-vous cette période qui s’annonce décisive pour la suite de la saison ?
On va aborder cette série de matchs avec beaucoup de sérieux, parce qu’effectivement, c’est une période importante. Mais elle est importante pour beaucoup de clubs, et nous nous en sommes rendus compte le weekend dernier lors de la réception de Bourg de Péage (27-27, FM). Il y a de nombreux enjeux : collectifs, individuels, club… et il faut donner le maximum. C’est une période avec des matchs compliqués, toutes les équipes veulent prendre des points, à n’importe quel prix, et il ne faut surtout pas regarder le classement de nos adversaires, et se concentrer vraiment sur l’équipe qui se trouve face à nous. Que ce soit dans la course pour les playoffs, pour le classement des places qualificatives en playoffs, pour les playdowns, on se rend compte que ça va être difficile à tous les niveaux. C’est une période qui est difficile à gérer chaque saison, avec de nombreux mouvements. Les clubs, les joueuses préparent la suite, et c’est à nous de parvenir à gérer au mieux ces moments, en nous concentrant sur notre jeu.
L’expérience acquise lors de vos deux saisons passées en LFH va avoir son importance dans la gestion de cette période ?
On a plutôt bien abordé cette période lors de nos deux premières saisons en LFH, notamment sur la première. C’est pour ça qu’il est important de nous concentrer sur nous, car on connait l’importance de cette période. On va enchainer deux matchs très importants avec un déplacement à Fleury, et la réception de Dijon, qui pourraient en cas de résultats favorables, valider quasiment notre ticket pour les playoffs, et nous mettre sur une dynamique intéressante. Mais à l’inverse si ça ne se passe pas bien, on va commencer à être en difficulté. Lors de notre première saison en LFH nous avions profité de cette période pour débuter une dynamique positive, la saison dernière cela avait été plus compliqué et nous avions dû nous bagarrer jusqu’au bout pour décrocher notre place en playoffs. Donc ces expériences vont nous servir aujourd’hui dans la gestion et dans l’approche des matchs à venir.
En plus d’être un match important face à un concurrent direct pour les playoffs, le rendez-vous de ce dimanche face au Fleury Loiret est un derby. Est-ce-que cela change votre approche de ce duel ?
L’hégémonie régionale, pour l’instant ce n’est pas la chose la plus importante. Surtout que nous sommes très proches au classement avec Fleury. La saison dernière nous avions terminé juste devant eux au classement, mais parler de cette concurrence territoriale aujourd’hui, dans ce contexte, c’est anecdotique. Ce qui est important, c’est d’engranger des points dimanche. Mais ce derby permet de créer une certaine effervescence autour de ce rendez-vous, d’attirer du monde, et ce genre de rencontre se joue dans une bonne ambiance. Mais les objectifs des deux clubs passent au-dessus de cela.
Quiz : testez vos connaissances sur le Chambray Touraine Handball
Plus globalement, quel regard portez-vous sur l’évolution du Chambray Touraine Handball, qui évoluait encore en N3F en 2006 quand vous avez pris les commandes de l’équipe première ?
Quand on se retourne, c’est vrai que c’est une belle histoire. Ce que je retiens en premier, ce sont les aventures humaines que nous avons pu traverser avec différentes joueuses, différents staffs, différents dirigeants. Toujours avec la volonté d’être ambitieux, c’est ce que nous avons toujours gardé, et que nous gardons encore aujourd’hui. Avec l’arrivée d’une joueuse comme Jovana Stoiljkovic, qui a été officialisée aujourd’hui, on peut continuer à avancer et à atteindre un objectif européen dans les deux ans. Toutes ces personnes qui ont participé pleinement au développement du projet, à cette réussite, toujours avec l’ambition de réussir. On aurait pu se dire que la D2F était bien pour le CTHB, mais très vite nous avons écrit un projet pour monter en LFH. Nous sommes en D1F depuis trois ans, nous rêvons d’Europe, nous avons toujours été ambitieux, et c’est ce qui je pense fait la force du club, et lui permet d’avancer peut être un peu plus vite que certains. Il y a une vraie structuration derrière tout cela, une viabilité financière, et nous connaissons l’importance de tous ces facteurs. On se rend compte aujourd’hui que nous arrivons à toucher des joueuses de classe internationale, et c’est une vraie réussite pour le club. Le travail paie toujours, et le Chambray Touraine commence à être reconnu dans cette LFH.
Un projet d’agrandissement de votre salle a été validé, vous pouvez nous en dire plus.
C’est un projet que nous avons écrit avec la mairie de Chambray, qui est LE partenaire historique du club, qui nous soutient depuis le début. Nous sommes frustrés aujourd’hui de ne pas pouvoir accueillir plus de chambraisiens, plus de tourangeaux, plus de fans de handball, de partenaires… On va avoir encore une saison à faire avec cette capacité, et puis à l’été 2020, nous aurons une capacité plus importante dans notre salle. Nous allons pouvoir partager tous ces moments sportifs, humains avec le maximum de gens qui nous soutiennent dans notre région, et c’est quelque chose d’important. Cela va être une évolution pour le club.
Plus personnellement, avec le CTHB vous avez connu votre première expérience en tant qu’entraîneur alors que le club évoluait en N3F. Aujourd’hui vous êtes à la tête d’une formation de l’élite. Comment vivez-vous cela ?
C’est mon troisième enfant ce club. C’est une histoire de 11 ans… On était très loin de penser à tout cela au départ. J’arrêtais ma carrière de joueur à l’époque à St-Cyr en D2, et l’idée était d’amener les filles en Nationale 1, ce n’était jamais arrivé dans le département. C’est arrivé très vite, et puis une fois en N1F, nous sommes montés directement en D2F. Nous nous sommes pris au jeu, et puis avec des dirigeants motivés, une commune qui nous a soutenu, et bien nous avons construit les choses petit à petit, marche après marche. Je pense que nous n’avons jamais eu les yeux plus gros que le ventre, nous avons toujours fait preuve de patience, mais toujours avec de l’ambition. C’est une belle évolution pour le club. Ce parcours permet de ne pas oublier d’où on vient, et de savoir que un sou est un sou, que tous les détails comptent, que gagner un match c’est compliqué, que les bénévoles sont importants… un club c’est dans une globalité, ce n’est pas juste des joueuses ou quelques noms. cette expérience permet de relativiser les choses, et de savourer quelque part aussi ce que nous avons aujourd’hui. Les choses n’arrivent pas facilement, il faut aller les chercher, et c’est ce que nous avons fait et nous allons continuer dans ce sens.
Comment percevez vous l’évolution du handball féminin français et de la LFH ?
Je pense que sportivement, le handball féminin français est aujourd’hui l’un des meilleurs en Europe, dans sa densité. On se rend compte que les écarts ne sont pas si grands que ça entre les équipes, même pour les meilleures. Les matchs sont accrochés tous les weekends, les joueuses étrangères qui arrivent en France se rendent compte de la densité des matchs, notamment physique avec des défenses très solides. Il y a une homogénéité qui ne laisse pas beaucoup de place aux erreurs, et tous ces éléments rendent notre championnat passionnant. On aimerait que Metz ou Brest parviennent à se hisser au Final 4 de la Ligue des Champions, pour légitimer cela. On a de plus en plus de clubs comme Metz, Brest, Nantes ou bien encore Besançon qui se montrent ambitieux, et qui portent les couleurs françaises sur la scène européenne. C’est très bien pour le handball féminin français avec une équipe nationale qui offre une belle visibilité à la LFH. Maintenant je pense qu’il faut que la LFH passe un cap dans sa professionnalisation, avec une autonomisation de sa structure, pour que la Ligue puisse grandir sur l’échelon européen.