Squad LFH – Laurent Bezeau : « Servir de locomotive pour une jeunesse »

Bezeau-Brest

 

Cette semaine, le club brestois se retrouve au coeur de notre dispositif #SquadLFH, qui a pour but de mettre en lumière les 12 formations de l’élite. Entretien avec Laurent Bezeau, qui est à la tête du BBH depuis 2013, et qui participe à l’ascension fulgurante du club breton, qui évoluait encore en N1F en 2012. 

Laurent Bezeau (entraîneur du Brest Bretagne) : 

 

Le Brest Bretagne débute une période au calendrier chargé avec le championnat et la Ligue des Champions. Comment abordez-vous cela ? 

Tout a été organisé pour que nous puissions aborder cette période dans de bonnes dispositions et avec détermination. Il faut prendre les matchs les uns après les autres, en essayant d’en gagner le maximum, et nous ferons le point à la fin.

 

Vous devez composer avec les absences d’Isabelle Gulldén  (grossesse) et d’Amandine Tissier (maladie), vos deux meneuses de jeu en début de saison. Parlez-nous du recrutement de Melanie Bak arrivée en début d’année. 

Melanie Bak a été recrutée pour compenser l’arrêt de Bella Gulldén suite à sa maternité, et il était important d’avoir une rotation sur le poste de demi-centre, avec les incertitudes concernant la maladie d’Amandine Tissier. Elle a été recrutée pour suppléer Allison Pineau qui a repris le flambeau en tant que meneuse de jeu depuis l’arrêt de Bella et le retrait d’Amandine. Nous allons jouer tous les trois jours, et elle ne sera pas de trop dans l’effectif. Le rôle de demi-centre n’est pas facile, et il va lui falloir un peu de temps pour qu’elle s’accapare les logiques de jeu de l’équipe, et nous pourrons juger Melanie Bak sur la durée, c’est encore trop tôt pour le faire. 

 

Brest-Bezeau

 

Vous vous préparez à accueillir Metz ce weekend en Ligue des Champions, avant de vous déplacer à Nantes la semaine prochaine en LFH. Comment appréhendez-vous ces deux rendez-vous ? 

Si dans la tête des joueuses, l’enchainement des matchs fait qu’elles sont toujours dans le résultat immédiat des rencontres, les deux matchs à venir vont se jouer dans deux compétitions différentes. Pour le BBH, la priorité reste le championnat, mais même si nous avons atteint notre objectif en Ligue des Champions en décrochant notre place pour le main round, on ne peut pas nous empêcher de vouloir gagner le maximum de matchs et de vouloir continuer cette aventure. On va jouer Metz à domicile ce weekend, et le meilleur moyen de se qualifier en 1/4 de finale, c’est de gagner nos duels à la maison. Maintenant on reçoit une équipe de Metz qui est capable de gagner Buducnost, Bucarest, le Vardar, Rostov… c’est devenu un grand d’Europe, et qui sera encore plus grand si il parvient à atteindre le Final 4. On a un gros match à jouer, mais il en restera quatre derrière à jouer. La poule est coupée en deux avec les trois premiers qui se battent pour les deux premières places, et puis derrière nous sommes trois pour accrocher la quatrième place. 

 

Et pour Nantes ?

Les matchs de championnat sont tous prioritaires, celui de Nantes évidemment, mais il y en aura encore beaucoup d’autres après. L’objectif est d’atteindre le meilleur classement possible à la fin de la phase régulière. Garder notre deuxième place, et si une autre équipe parvient à accrocher Metz, pourquoi pas aller chercher cette première place, qui est encore possible mathématiquement, même si il faut espérer un faux pas messin. 

 

Quiz : testez vos connaissances sur le Brest Bretagne Handball 

 

De manière plus globale, quel regard portez-vous sur l’évolution fulgurante du Brest Bretagne Handball depuis sa création en 2012 ?  

Il y a forcément un regard heureux, car le projet du club n’a eu de cesse d’avancer, de se construire. Nous sommes actuellement là où nous voulions être, et surtout en très très peu de temps. On peut comprendre qu’à un moment donné, on puisse avoir un petit retour en arrière, et qu’on prenne quelques claques dans la figure. Il y a une phase de stabilisation qui est nécessaire. Nous sommes sur un modèle économique qui est très particulier, qui n’a pratiquement pas d’équivalent en France, et nous nous appuyons sur un modèle d’organisation sportive, qui pour moi est peu développé dans le handball féminin français. Nous nous appuyons sur une magnifique Arena, et puis surtout sur un public qui est extraordinaire, sur un territoire qui défend la cause du sport breton et du handball féminin breton, et je regarde forcément cela d’un regard très heureux. 

 

Justement, le lien fort que le club a forgé avec ses supporters, comment le ressentez-vous de l’intérieur ? 

C’est fort et cela donne du sens. C’est un point d’appui important, qui fait partie de nos atouts. Le remplissage de notre salle est important pour notre modèle économique. Faire du sport de haut niveau, si ce n’est pas pour animer un territoire et proposer un spectacle sportif au plus grand nombre, et servir de locomotive pour une jeunesse, personnellement je ne m’y retrouve pas. Jouer dans une salle vide, devant des gens qui ne reconnaissent pas ton équipe, ce n’est pas envisageable. Nous ne sommes pas ici que pour gagner des matchs, nous sommes ici pour proposer un spectacle sportif, qui va donner naissance à pleins de choses. 

 

Brest

(photo : Bertrand Delhomme)

 

Quel souvenir gardez-vous de la saison 2015-16, historique pour le club avec le titre de champion de France de D2F et la Coupe de France remportée à Bercy ? 

J’en garde un souvenir extraordinaire. Nous avions une très bonne équipe, il ne faut pas se le cacher, avec des joueuses emblématiques comme Marta Mangue, Stéphanie Akoa, Alice Durand et pleins d’autres. Cette saison reste l’un des meilleurs souvenirs de ma carrière, si ce n’est le meilleur ! Il y avait une réelle communion entre les joueuses et moi. Il y avait une collaboration, une harmonie, une osmose qui était très importante. Je me rappelle de la préparation des matchs contre Fleury et Metz en Coupe de France, avec un vrai travail collaboratif entre le staff et les filles. Les joueuses me suivaient les yeux fermés, et j’étais à leur écoute. Elles étaient toutes très engagées dans le projet d’équipe, et il y a eu des choses extraordinaires. Le trajet de l’hôtel à Bercy le jour de la finale de la coupe de France a donné lieu à une communion incroyable. Nous étions sur des valeurs partagées, et il y avait une confiance mutuelle qui était très importante, des éléments fondamentaux dans la réussite du sport de haut niveau. 

 

En 2012, le BBH évoluait en N1F, aujourd’hui il dispute la Ligue des Champions. Avec un peu de recul, c’est quand même quelque chose d’extraordinaire non ? 

Pour certains, cela peut ne pas paraitre normal. Mais nous travaillons, nous avançons pour arriver à cela. Il y a un côté magique, extraordinaire de participer à la Ligue des Champions. Même si sportivement cela n’avait pas été une réussite, je me souviens du match à Györ la saison dernière qui reste un souvenir fort. Et puis nous avons aussi eu des réceptions magiques chez nous avec la venue de grandes équipes. Mais si vous regardez derrière, le revers de la médaille, c’est un match tous les trois jours, des relations exacerbées, des équipes qui vous reçoivent parfois dans des conditions particulières. Et puis la nature humaine est ainsi faite qu’elle est portée sur l’estime de soi, et c’est difficile de dire qu’on est moins fort qu’une équipe. Même si cela parait normal de perdre contre Györ, parfois cela va avoir des conséquences irrationnelles sur ton équipe, et il faut être capable de prendre du recul et de la mesure.  C’est une compétition très exigeante, difficile, qui suppose un ensemble d’éléments pour parvenir à y réussir. Il faut du temps pour parvenir à performer en Ligue des Champions. Il y a beaucoup d’éléments à prendre en compte qui ne dépendent pas de nous, et comme vous ne pouvez pas avoir de contrôle sur ces derniers, il faut parvenir à les appréhender de la meilleure des manières, et c’est l’expérience qui permet cela.  

 

LFH-BREST-METZ-LDC