Squad LFH – L’entretien de la présidente avec Sophie Palisse (HBCSA)
Dans le cadre du dispositif Squad LFH, qui a pour but de mettre en lumière tour à tour les 12 clubs de la Ligue Féminine de Handball, focus cette semaine sur le HBCSA Porte du Hainaut. Dans ce cadre, entretien avec Sophie Palisse, présidente du HBCSA.
La saison dernière, après une saison sous statut VAP en D2F (Voie d’accession au professionnalisme) St Amand les Eaux a décroché son ticket pour la Ligue Féminine de Handball, une première dans l’histoire du club qui existe depuis 1984 et avait accédé en D2F en 2015-16. Quel regard portez-vous sur l’évolution du HBCSA ?
Bien que la création du club date de 1984 il n’est réellement en activité que depuis 2000 (Mis en sommeil de 1989 à 2000). L’évolution du HBCSAPH s‘est en effet accélérée ces dernières années mais ce club s’est construit sous l’impulsion de son ancien président fondateur Pierre-Henri Soyez (2001/2012) disparu l’année dernière.
Plus récemment, les 2 dernières étapes majeures pour accélérer le développement du club ont été la demande du statut VAP en 2017/2018, et la mise en place du Centre de formation dès cette saison.
Le statut VAP a été un accélérateur pour une montée en compétences partagée par tous les acteurs du club, salariés et bénévoles. Ce qui pouvait apparaitre comme des contraintes ont été de véritables opportunités pour grandir et se professionnaliser. La montée en LFH est un vrai booster de croissance.
Quant au CFCP il nous donne une meilleure visibilité et concrétise notre stratégie de formation depuis de nombreuses années.
Le club a la volonté de se positionner comme un des acteurs locaux incontournables, aussi bien avec les institutionnels qu’avec le monde économique. Nous nous inscrivons dans un projet RSE de territoire. Dans un contexte économique mouvant, comme toute entreprise nous devons sans cesse nous renouveler et anticiper sur l’avenir.
Nous poursuivons notre croissance, avec cette saison une très belle progression de notre réseau de partenaires. Le recrutement d’une commerciale a contribué à ces bons résultats.
Sur un plan RH, une des évolutions de ces 2 dernières années est le niveau d’exigence et de rigueur identique demandé aux bénévoles et salariés dans les missions qui leur sont confiées. Chacun doit être en responsabilité dans son poste au service du projet commun.
Parlez-nous de vos débuts en LFH, on imagine que le premier match joué à domicile contre le Chambray Touraine HB a été riche en émotions pour tous les acteurs du club, qui ont œuvré pour permettre au club d’arriver à ce niveau…
Notre premier match en LFH contre Chambray à domicile a été en effet un évènement majeur pour les bénévoles, dirigeants, salariés, partenaires. C’était le premier rendez-vous à ne pas manquer ! (rire) L’implication et le sérieux de tous les acteurs dans la préparation du début de saison ont été remarquables. Ce premier match était la concrétisation de tous les efforts. Il était essentiel de faire une belle prestation sur le terrain et autour du terrain, ce fut un beau spectacle, de belles émotions même si la victoire nous a échappé de peu.
Vos joueuses ont décroché le premier succès de l’histoire de St Amand les Eaux en LFH à l’occasion de la neuvième journée, contre Dijon. Le 21 octobre 2018 restera gravé dans l’histoire du HBCSA ?
Ce qui reste gravé pour le club c’est cette première saison en LFH ! la victoire contre Dijon est le résultat des efforts, du travail des joueuses et du staff. Ce match gagné était une bouffée d’oxygène, il a fait du bien à tout le monde pour repartir encore plus en avant, et aussi asseoir notre légitimité.
Votre accession en LFH a permis à la région des Hauts de France de disposer, pour la première fois de l’histoire du handball français féminin, d’un club de handball au plus haut niveau. Quelles relations entretenez-vous avec votre territoire, la ligue régionale et les autres clubs de handball ?
Le HBCSAPH est le premier club des Hauts de France a évolué en LFH mais souvenons-nous que le club de Béthune dans le Pas de Calais (région NPDC à l’époque) a connu la D1 pour la dernière fois en 1999. Le devoir de mémoire est important…
Notre club est fier de représenter la région des HDF au plus Haut niveau. C’est important pour notre territoire, pour le Handball en général d’avoir un club féminin au plus haut niveauen HDF, c’est quand même la 3e région en terme de population !
Nous travaillons en proximité avec les partenaires institutionnels : commune, agglo, département, région ! Nous portons et véhiculons des messages d’identités territoriales. Le club se veut très présent dans la vie et actions autour des thématiques sociétales et environnementales. Les subventions des collectivités nécessitent un juste retour des choses, l’implication dans un projet de territoire est partagée. Le partenariat quel qu’il soit se doit d’être gagnant gagnant.
Les relations avec les instances du handball et notamment la ligue sont régulières, notre président de ligue, Jean-Pierre Lepointe est très impliqué pour « ses clubs » comme il aime le rappeler. Il nous soutient sur certains projets quand le besoin s’en fait sentir. Il a porté et appuyé à mes côtés le projet d’une nouvelle infrastructure à St Amand, nécessaire au bon développement du club, ce n’est un secret pour personne il aime mouiller le maillot !
Concernant les clubs, certains sont partenaires, nous accueillons leurs jeunes pour les entrées des joueuses, les invitons ponctuellement aux matches ainsi que leurs éducateurs.
Des matches de gala sont en projet également avec des clubs du territoire pour promouvoir le handball féminin et les aider dans leur développement. Une des missions à venir est de travailler sur un projet de territoire avec les clubs volontaires en associant le comité et la ligue.
Vous êtes aussi le seul club de LFH à la fois présidée par une femme et dont l’entraineur principal est une femme, Florence Sauval. En quoi cette singularité est-elle une force dans l’environnement du handball féminin professionnel ?
Je ne sais pas si c’est une force mais c’est atypique dans notre paysage sportif français, tellement rare finalement que vous le soulignez… vous n‘êtes pas le seul… Je vous rassure… J’espère que dans un avenir proche ça n’interpellera plus au même titre que deux hommes qui président et entrainent une équipe de handball féminin professionnelle. Quant aux avantages ou forces que représente cette singularité je n’en vois pas vraiment, ce sont plutôt les parcours, vécus, implications, ténacité de chacune qui constituent une force indépendamment du sexe. Néanmoins j’invite (à minima dans mon club) chaque joueuse ou sympathisante du handball à s’impliquer à tous les étages, arbitres, cadres techniques, dirigeantes pour être actrices, responsables, et installer une vraie parité de compétences.
Cette saison, la Ligue Féminine de Handball fête ses dix ans. Quel regard portez-vous sur l’évolution du championnat français ?
Le championnat est très relevé cette année, peut-être le meilleur d’après les experts. Metz survole sans forcer son talent le championnat avec ses internationales françaises, j’en profite pour leur souhaiter le meilleur en Ligue des Champions, le bénéfice sera pour le handball féminin français et bien sûr pour la LFH !
D’autres clubs comme Brest, Nantes, Nice et Besançon les talonnent. J’ai le sentiment que tous les clubs même ceux qui jouent les Playdowns se donnent les moyens de leurs ambitions, un cap a été franchi. Bien qu’il y ait d’énormes disparités budgétaires avec des modèles économiques différents dans notre LFH, les clubs se professionnalisent de mieux en mieux.
Les présidents de clubs échangent et travaillent parallèlement ensemble pour construire l’autonomie de notre LFH de demain. La LFH a de belles perspectives devant elle.