Squad LFH – L’entretien du président avec Arnaud Ponroy (Nantes)
(Arnaud Ponroy, à gauche de la photo)
Dans le cadre du dispositif Squad LFH, qui a pour but de mettre en lumière tour à tour les 12 clubs de la Ligue Féminine de Handball, focus cette semaine sur le Nantes Atlantique Handball. Entretien avec Arnaud Ponroy, président du NAHB.
Créé en 1998, le club de Nantes fête cette saison ses 20 ans. En 2012-13, il fut un le premier club de D2F à s’inscrire dans le dispositif de Voie d’accès au professionnalisme (dit VAP) pour préparer son accession en LFH. Aujourd’hui, le NAHB s’impose comme l’un des clubs référents de la Ligue Féminine de Handball. Quel regard portez-vous sur l’évolution de votre club au cours de ces dernières années ?
Depuis sa montée en LFH, le club s’est installé dans le paysage du haut niveau féminin, donc ça c’est une bonne chose. Maintenant, cet environnement a beaucoup bougé ces dernières années. Si nous avons beaucoup évolué, les autres aussi, ce qui implique que nous ne sommes pas aussi bien organisés, aussi performants que nous le voulions. La professionnalisation du handball féminin qui s’est accélérée sur les cinq dernières années, avec des évolutions salariales très importantes, fait qu’aujourd’hui même avec un budget qui est conséquent, nous sommes dans la moyenne « correcte » des clubs de LFH. Nous ne sommes pas particulièrement puissants sur le plan économique, alors qu’avec notre budget actuel il y a 5 ans, nous l’aurions été. Le constat est que nous avons beaucoup évolué, mais que nos concurrents ont aussi avancé en parallèle, et cela m’inquiète un peu.
Dans la ville de Nantes, vous devez composer avec une forte concurrence avec la présence de nombreux clubs de haut niveau (football, handball masculin, volley, basket…), pour autant, cela n’empêche pas votre club de se développer et d’avancer, notamment par la mise en place de collaborations innovantes avec les autres clubs de haut niveau féminins de l’agglomération. Comment évoluez-vous dans cet environnement ?
C’est forcément plus compliqué qu’ailleurs. Pratiquement tous les sports collectifs nantais évoluent au plus haut niveau ou en seconde division. Il y a forcément une compétition importante, tripartite, pour les installations que nous devons partager, ce qui engendre des manques de créneaux. Une compétition sur les partenaires économiques qui même si nous sommes dans une grande ville, ne peuvent pas donner à tous les clubs, au même titre que pour les subventions publiques. La ville de Nantes et les collectivités sont relativement généreuses pour le sport par rapport à d’autres endroits, mais la démultiplication des clubs de haut niveau, fait que in fine c’est généreux au global, mais par club ça devient plus modeste. Et puis troisièmement, il y a aussi le public à se partager. Quand il y a un match de foot en même temps que nous, nous faisons moins de monde. Nous avons beaucoup de concurrence, c’est à la fois stimulant, mais cela engendre de vraies contraintes.
Vous avez réalisé le plein lors de vos deux derniers matchs à domicile contre Brest et Metz, cela confirme que vous avez trouvé votre place dans le paysage sportif nantais.
Nous commençons à avoir un peu de notoriété, le fait d’avoir des internationales françaises dans notre équipe, mais aussi dans les clubs qui viennent jouer chez nous. Le public veut venir voir jouer les internationales françaises, et c’est forcément une bonne chose qu’elles jouent massivement dans notre championnat. Et puis en même temps, nous avons joué dans une période avec peu de matchs du H, et cela nous aide beaucoup pour remplir notre salle.
Cette saison, vous disputez vos matchs à domicile dans la toute rénovée salle de Mangin-Beaulieu. Quelle perspective nouvelle un outil comme ce Palais des Sports offre-t-il au service du développement du club ?
C’est fondamental ! Tant que nous n’étions pas dans une salle dédiée ou partagée – car nous partageons notre salle avec le volley féminin et c’est une bonne chose – nous ne pouvions pas nous développer. Aujourd’hui nous pouvons nous appuyer sur une unité de lieu, avec toutes nos installations centralisées au même endroit. Même si l’outil est un peu vieillissant, il doit dater des années 70-80, il est adapté pour faire du sport de haut niveau. Nous sortons d’un gymnase municipal, qui n’étaient pas du tout fait pour attirer du public et des partenaires, et aujourd’hui c’est évidemment plus facile de travailler avec cet outil.
Cette saison, votre club a changé de nom, de logo, et renouveler sa politique de communication. En quoi ces évolutions permettent-elles au club de franchir une nouvelle étape ? dans l’histoire du NAHB ?
C’était plus qu’une évolution dans notre communication. C’était une volonté de passer au troisième étage de la fusée, comme je l’avais annoncé en début de saison. Le premier étage était l’accession en LFH, le deuxième était de nous maintenir et puis le troisième est de jouer les premiers rôles de façon pérenne. Les changements que nous avons effectué sont une manière de changer de dimension après 20 ans. Malheureusement nous avons connu un début de saison très compliqué, avec un changement d’entraîneur, avec beaucoup de joueuses blessées, il y en a encore… Entre l’effectif que nous avions prévu en début de saison, et celui qui joue aujourd’hui il y a 6 joueuses du 7 de départ qui sont absentes. D’une saison ou nous aurions dû briller avec un très bon entraîneur, de très bonnes joueuses, un environnement favorable, on se retrouve finalement à jouer avec beaucoup d’absentes, et avec un nouvel entraîneur qui a repris à 0 au mois de décembre. Une saison qui devait être magnifique, on se retrouve avec une saison galère, qui nous a tous un peu traumatisé. Petit à petit nous nous en remettons, mais nous sommes loin de nos objectifs du début de la saison.
Un mot justement sur Allan Heine, votre nouvel entraîneur. C’était un critère de faire venir un entraîneur étranger pour prendre les commandes de votre équipe ?
C’était très important de trouver un entraîneur de qualité, et puis quelqu’un qui puisse apporter autre chose de ce qui se pratique aujourd’hui dans le championnat de France, avec une culture différente. Les entraîneurs français proposent tous plus ou moins la même chose, parce que c’est leur culture, parce qu’ils ont été formés d’une certaine manière, et que c’est leur mode de fonctionnement. A un moment donné, si on souhaite se projeter un peu plus loin, c’est bien d’avoir une culture différente, qui va se mélanger avec notre culture française, pour essayer de tirer tout cela vers le haut. Après, on y arrive ou pas, il faut que ce mélange prenne, mais si ça fonctionne, ça peut être très bien.
Le NAHB a validé sa place en Playoffs lors de la dernière journée du championnat. Désormais, l’objectif principal pour la fin de la saison et d’aller chercher une place européenne pour l’exercice 2019-20 ?
Elle est quasiment incontournable pour nous ! Compte tenu de ce que nous avons voulu mettre en place, nous n’aurions pas dû être inquiétés sur le championnat. L’idée était de se retrouver dans la même position qu’occupe aujourd’hui Nice, qui est en train de conforter sa troisième place, et qui va du coup jouer un quart de finale plus abordable. Nous visions cela, car nous restions conscients que nous n’étions pas encore armés pour rivaliser avec Brest, et encore moins avec Metz. Mais aller chercher cette troisième place de la phase régulière était notre objectif. Maintenant nous n’allons pas y arriver, nous allons au mieux terminer cinquièmes, nous avons trop de points de retard sur Besançon. Cela veut dire un quart de finale forcément difficile, avec le match retour à l’extérieur. Dans la configuration actuelle du championnat, nous savons très bien qu’il faudra absolument gagner ce 1/4 de finale, si nous voulons avoir une chance d’être européen. Nous allons faire le maximum pour, mais j’imagine que l’adversaire que nous aurons en face sera tout aussi déterminé que nous.
Cette saison, la Ligue Féminine de Handball fête ses dix ans. Quel regard portez-vous sur l’évolution du championnat français ?
Comme je le disais, à la fois je trouve que c’est très bien d’avoir une évolution vers le haut des clubs de la LFH. Après, je suis un peu inquiet. L’évolution salariale des joueuses, et les demandes qui sont en train d’exploser, vont poser un problème à un moment donné. Les clubs ne vont pas pouvoir suivre… Brest pour l’instant est sur un schéma un peu atypique, Metz n’a pas trop de problème depuis le temps qu’il est dans le paysage avec son modèle, pour les autres c’est un vrai problème. Cette professionnalisation est une bonne chose, maintenant si tous les ans les salaires prennent 30% c’est vite problématique pour nous.