5 Légendes qui ont marqué l’histoire de la LFH et de leur sport
Camille AYGLON-SAURINA, Blandine DANCETTE, Siraba DEMBÉLÉ-PAVLOVIC, Alexandra LACRABÈRE, Amandine LEYNAUD, cinq légendes qui resteront gravées à jamais dans l’histoire du handball féminin français. Dimanche 5 mars, à l’initiative de la FFHandball, un vibrant hommage leur a été rendu à l’Arena de Montbéliard, lors de la rencontre amicale entre l’équipe de France et la Suède. L’occasion de mettre à l’honneur ces championnes qui ont porté fièrement le maillot tricolore pendant de nombreuses années. Des personnalités exceptionnelles qui ont toutes débuté leur carrière en France, et qui se sont imposées naturellement comme des ambassadrices en or pour la Ligue féminine de handball et ses clubs. Les Bleues, leurs souvenirs en LFH, l’évolution du handball féminin français… Elles ont pris le temps de revenir sur les moments forts de leur carrière, avec enthousiasme et sincérité.
La parole à cinq légendes du handball féminin français
- Il y avait beaucoup d’émotions ce dimanche à Montbéliard pour rendre hommage aux grandes championnes que vous êtes, et à tout ce que vous avez pu apporter pour le handball français. Comment avez-vous vécu ces retrouvailles avec l’équipe de France, et qu’est ce que vous allez retenir de ces belles années passées avec l’équipe de France ?
Camille AYGLON-SAURINA : « Au-delà de toutes ces médailles, ce sont les aventures humaines […] qui m’ont marquée. »
Il y a eu beaucoup d’émotions sur cet hommage. Ça a été un grand plaisir de retrouver les filles, car pour certaines, nous n’avons pas l’occasion de nous voir régulièrement. J’ai été très honorée de cette mise à l’honneur qui a été faite par la Fédération et cela a été l’occasion de voir évoluer cette équipe de France rajeunie. J’ai pris un petit coup de vieux (rires) mais ça fait partie du jeu. Il reste encore des filles avec qui j’ai partagé énormément de choses comme Estelle NZE-MINKO et Grâce ZAADI-DEUNA notamment. Un vrai condensé d’émotions et j’en profite pour remercier la FFHandball pour cette initiative. Il est difficile de résumer 13 années passées avec l’équipe de France en quelques mots. Je retiens forcément des succès, mais pas seulement les titres. Je pense notamment à la médaille d’argent aux Jeux olympiques de Rio en 2016, qui a vraiment été quelque chose d’exceptionnel. Nous avons eu l’impression de marquer l’histoire de notre sport avec cette médaille olympique, la première pour le handball féminin français. Le titre de championne du Monde en 2017, l’Euro en 2018 à la maison. Gagner ce titre en France, devant nos familles, nos proches, a eu une saveur particulière. Mais au-delà de toutes ces médailles, ce sont les aventures humaines, toutes les personnes que j’ai pu rencontrer qui m’ont marqué. Certaines de mes coéquipières sont devenues des amies pour la vie, et finalement je pense que c’est cela, le plus enrichissant.
Blandine DANCETTE : “ Je vais retenir les rencontres, l’humain, les moments de partage avec le staff, les joueuses.”
Ça a été un vrai plaisir de voir cette équipe de France jouer dimanche à Montbéliard et de retrouver les filles avec qui on a partagé de belles aventures. Nous nous sommes remémorées pas mal de souvenirs, et ça a vraiment été une belle soirée. Un grand merci à la FFHandball de nous avoir honorées de cette manière. De ces belles années en équipe de France, je vais retenir les rencontres, l’humain, les moments de partage avec le staff, les joueuses. Et puis bien sûr les belles médailles que nous avons gagnées, sans oublier les moments plus difficiles qui font aussi partie de notre carrière, de notre vie, et qui nous ont permis d’avancer.
Siraba DEMBÉLÉ-PAVLOVIC : « Il y a des anciennes partenaires que je considère aujourd’hui comme mes soeurs. »
Nous avons passé un excellent week-end, et je remercie la FFHandball d’avoir fait cela pour nous. J’ai pris beaucoup de plaisir à revoir le staff, les filles avec qui on a beaucoup partagé ces dernières années. Au-delà des titres, je retiens tous les moments que nous avons pu vivre ensemble. Nous avons eu des moments difficiles, mais aussi des moments merveilleux, et je veux tout garder de toutes ces années passées avec l’équipe de France. Nous avons été solidaires, et les filles avec qui j’ai partagé cela sont bien plus que des coéquipières. Nous avons tissé des liens très forts entre nous, et il y a des anciennes partenaires que je considère aujourd’hui comme mes sœurs.
Alexandra LACRABÈRE : « Une belle aventure humaine et sportive. »
L’équipe de France a pas mal changé depuis que j’ai arrêté, mais c’est toujours un plaisir de retrouver cette ambiance. Forcément, je vais retenir toutes ces victoires, ces médailles… Mais aussi les défaites qui nous ont permis de nous construire et d’aller chercher tous ces titres et ces podiums. Quand je suis arrivée en équipe de France en 2006, nous sommes montées à plusieurs reprises sur des podiums, mais il nous manquait quelque chose pour gagner, et nous avons appris de nos erreurs pour aller chercher l’or. Il y avait de la frustration, un certain complexe d’infériorité face aux Norvégiennes, et il y a eu un déclic, et nous avons trouvé la faille pour faire dérailler le train scandinave. La machine s’est lancée, et nous avons enchaîné avec un titre mondial (2017) et le sacre européen en France en 2018. Une belle aventure humaine et sportive.
Amandine LEYNAUD : « Beaucoup d’émotions de se retrouver toutes ensemble après ce que nous avons partagé avec cette équipe de France. »
Forcément beaucoup d’émotions de nous retrouver toutes ensemble après ce que nous avons partagé avec cette équipe de France. Nous avons connu des défaites, mais aussi de très très belles victoires. C’est difficile de trouver un moment pour nous rassembler avec nos emplois du temps chargés, et nous avons donc vraiment vécu pleinement cet événement que nous avons pu partager avec le public.
- Vous avez été formées dans des clubs de la Ligue féminine de handball, et vous avez évolué pendant plusieurs années dans le championnat de France. Quel lien gardez-vous avec vos clubs formateurs ?
Camille Ayglon-SAURINA : « J’ai toujours un lien de coeur énorme avec les gens qui m’ont formée »
J’ai été formée au HBC Nîmes, qui malheureusement a déposé le bilan il y a maintenant quelques années. J’ai toujours un lien de cœur énorme avec les gens qui m’ont formée, et si je devais en citer un, ce serait Christophe Chagnard, qui est actuellement l’entraîneur de Mérignac. Je lui dois beaucoup de choses, et c’est forcément triste pour moi de savoir que le club qui m’a formé n’existe plus. J’aurais vraiment aimé pouvoir m’investir à la fin de ma carrière au sein de mon club formateur, et qu’il existe toujours en LFH.
Blandine DANCETTE : “J’ai vécu de grands moments avec ce club”
J’ai commencé ma carrière à Saint-Etienne, et je prends toujours énormément de plaisir à aller les voir. Je suis toujours très amie avec de nombreuses joueuses avec lesquelles j’ai joué jusqu’en Nationale 1. Mon papa est toujours bénévole pour ce club et je garde des attaches très fortes avec ce dernier. En LFH, Nîmes est mon club formateur. Malheureusement en 2016, le club a déposé le bilan, et ça a été un vrai déchirement pour moi. J’ai vécu de grands moments avec ce club, nous avions un groupe très soudé, et je pense que le HBCN a aussi contribué au développement de la LFH. Un club familial et j’ai gardé contact avec plusieurs anciennes nîmoises et l’entraîneur Christophe Chagnard.
Siraba DEMBÉLÉ-PAVLOVIC : « très heureuse d’être la Marraine du Mérignac Handball »
Après avoir débuté et été formée au Handball Club Vallée d’Arbre puis être passé par Dreux, ville où je suis née, j’ai connu ma première expérience professionnelle dans le handball avec Mérignac, à l’époque entraîné par Thierry Vincent. Je suis toujours en contact avec Thierry et concernant le club girondin, je suis très heureuse d’en être désormais la marraine. J’ai, en effet, gardé un très bon contact avec les personnes qui étaient au club à cette période de ma carrière. Tout comme par la suite avec d’autres clubs en France à l’instar de Toulon.
Amandine LEYNAUD : « Ces clubs représentent le socle de ma formation »
Bien sûr que je garde des liens affectifs avec mon club formateur. Je pense à Bourg de Péage, à Metz mais aussi à Aubenas, là où tout a commencé. Ces clubs représentent le socle de ma formation, sans oublier Chambéry et mon passage en sport études. J’ai vécu des moments inoubliables, et ça m’a donné le goût du handball. Du plus petit au plus gros club de France, je remercie tous ceux qui m’ont permis de découvrir et d’accéder au milieu professionnel.
- Si vous deviez faire ressortir un souvenir marquant de votre carrière vécu avec un club français ce serait ?
Camille Ayglon-SAURINA : « Avec Metz, je pense à mon premier titre de champion de France »
Je vais commencer par un souvenir avec mon club formateur, et c’est plutôt un regret finalement, c’est de ne pas avoir été dans l’équipe lorsque le HBCN a remporté la Challenge Cup. J’étais partie à Metz, et c’est un petit regret de ne pas avoir pu gagner un titre avec Nîmes. Pour les meilleurs, je retiens nos épopées en Coupe d’Europe. Les déplacements, la découverte de pays étrangers et partager ça avec les copines. J’étais jeune, et ça a vraiment été une belle expérience pour moi. Avec Metz, je pense à mon premier titre de championne de France (2009), qui a marqué un nouvelle étape dans ma carrière. Je suis partie de mon club formateur pour rejoindre une équipe composée des meilleures joueuses françaises, et ça a été beaucoup d’émotions. Et puis avec Nantes, le dernier club français avec qui j’ai évolué, je retiens la victoire en EHF European League en 2021. J’ai partagé cela avec Blandine Dancette, avec qui j’ai joué pendant plus de dix ans, et avec mon mari, Guillaume Saurina, qui était mon coach, et en étant secrètement enceinte de ma fille, ça a été une belle manière de terminer ma carrière.
Blandine DANCETTE : “Ce titre restera gravé dans ma mémoire”
Le premier est avec le HBC Nîmes quand nous avons gagné la Challenge Cup. Nous avions vécu une belle aventure, et ce titre restera gravé dans ma mémoire. Il y a aussi l’EHF European League gagnée en 2021 avec Nantes lors de ma dernière saison.
Siraba DEMBÉLÉ-PAVLOVIC : « Nous avons gagné le championnat de France en 2010, et c’était tellement inattendu. »
Sans hésiter c’est ma période à Toulon Saint-Cyr avec Thierry Vincent, que j’avais suivi après Mérignac. Nous avons gagné le championnat de France en 2010, et c’était tellement inattendu. Nous avons éliminé Metz en demi-finale, et j’en garde un excellent souvenir, c’était énorme. Et puis forcément les deux Coupes de France que nous avons gagnées (2011, 2012). Nous étions les outsiders, mais nous avions une très belle équipe avec de bonnes joueuses. L’ambiance était juste énorme dans le groupe, nous étions dans une bonne atmosphère avec des filles géniales et je garde d’excellents souvenirs de cette période à Toulon.
Alexandra LACRABÈRE : « Ils ont réussi à tirer le meilleur de ce groupe, et j’en garde de très bons souvenirs. »
Je retiens mon passage à l’Arvor 29 (anciennement Brest), avec qui j’ai gagné le titre de championne de France (2012) et la Coupe de la Ligue (2012). Nous avions un groupe extraordinaire, avec un super binôme d’entraîneurs composé de Pierre et Laurent Bezeau. Ils ont réussi à tirer le meilleur de ce groupe, et j’en garde de très bons souvenirs.
Amandine LEYNAUD : «
Je pense à une saison en particulier avec le Metz Handball. Le club était en difficulté financièrement et avait réalisé un appel aux dons. Nous avions un effectif très restreint avec une petite dizaine de joueuses, et nous étions parvenues à remporter le titre de champion de France. Ça a été une période difficile, et au final ce sont toutes les valeurs du handball, de l’amitié, de solidarité, qui nous ont permis de décrocher ce résultat.
- Quel regard portez-vous sur l’évolution de la Ligue Butagaz Énergie sur ces dernières années ?
Camille Ayglon-SAURINA : « C’est une vraie satisfaction de voir aujourd’hui des clubs comme Brest et Metz performer en Ligue des Champions. »
C’est tout d’abord un regard très positif. Quand je vois toutes les équipes françaises se battre de cette manière sur la scène européenne, je pense que c’est une vraie satisfaction de voir aujourd’hui des clubs comme Brest et Metz performer en Ligue des Champions. La LFH est désormais régulièrement représentée au Final 4, et ce n’était pas le cas il y a quelques années. Cela vient récompenser le travail qui a été effectué pour rendre cette Ligue Butagaz Énergie attractive et compétitive. Après c’est triste, et inquiétant de voir certains clubs disparaître. Le contexte économique est compliqué à beaucoup de niveaux, et de voir le handball féminin impacté comme cela, c’est forcément difficile. J’espère vraiment que tous les clubs vont continuer à avancer, pour rendre notre Ligue toujours plus attractive. Je garde toujours un oeil attentif et je suis l’actualité de près, même si j’ai de moins en moins de copines qui jouent en LFH (rires).
Blandine DANCETTE : “Un championnat de plus en plus attractif”
La Ligue Butagaz Énergie a vraiment évolué ces dernières années. Le niveau du championnat est de plus en plus relevé et il est de plus en plus attractif pour les joueuses étrangères. C’est un signe qui montre bien la qualité de de notre championnat qui est très homogène avec des équipes de qualité. La LFH continue de se structurer et il faut continuer sur cette dynamique.
Siraba DEMBÉLÉ-PAVLOVIC : « Avoir un naming sur le championnat avec Butagaz, c’est une avancée considérable »
Déjà le nom du championnat ! Avoir un premier naming sur le championnat avec Butagaz, c’est une avancée considérable, et cela montre bien les progrès de ces dernières années et l’intérêt des marques et entreprises. J’ai commencé ma carrière en 2005, et donc forcément, quand tu regardes l’évolution depuis… Les évolutions sont considérables à tous les niveaux que ce soit sur le point de vue sportif que sur tout ce qu’il y a autour. Notamment, toutes les choses qui ont été mises en place pour protéger les joueuses, comme l’accord Dihane par exemple, la professionnalisation de notre sport… Il y a beaucoup moins de précarité et c’est juste génial. Et c’est pour cela aussi qu’il y a des joueuses désormais de toutes nationalités. Il y a encore du travail, mais clairement c’est le jour et la nuit. J’espère que le développement de notre sport va se poursuivre.
Alexandra LACRABÈRE : « Les clubs sont de plus en plus structurés et c’est très positif pour le développement de notre sport. »
L’évolution de la Ligue féminine de handball ces dernières années a été énorme d’un point de vue structurel. Quand j’ai commencé le handball, il n’y avait pas de centre de formation, et aujourd’hui les jeunes joueuses sont très bien accompagnées, encadrées et c’est une très bonne chose. Les clubs sont de plus en plus structurés et c’est très positif pour le développement de notre sport. Il y a toujours des choses à améliorer, des retards par rapport aux garçons, mais la dynamique est bonne et les choses avancent petit à petit. La médiatisation se développe progressivement, le public est de plus en plus présent dans des salles qui sont de plus en plus belles et adaptées. On peut encore faire progresser les choses, notamment dans l’accompagnement et l’encadrement des joueuses sur le plan de la diététique, de la récupération mais aussi de la préparation physique. Mais cela implique des coûts financiers, et on sait que le contexte économique n’est pas simple.
Amandine LEYNAUD : « Beaucoup de joueuses étrangères viennent jouer en France, parce que c’est une Ligue forte, intense, et attractive. »
Depuis que j’ai commencé ma carrière professionnelle à Metz il y a 19 ans, quasi 20 ans, la Ligue féminine de handball a évolué avec notre sport. Un très beau travail a été fait par la LFH, les clubs, pour professionnaliser le handball, et aujourd’hui la Ligue Butagaz Énergie est impressionnante. Beaucoup de joueuses étrangères viennent jouer en France, parce que c’est une Ligue forte, intense, et attractive. C’est génial d’avoir un championnat de cette qualité en France.