Dans la famille Borg… avec Enola et Lylou

Après nos deux premiers épisodes « Dans la famille de… » consacrés à Mathilde et Pauline Plotton ainsi qu’à Camille et Romane Depuiset, nous partons à la rencontre d’un autre duo de sœurs… Ce sont les jumelles Enola et Lylou Borg, figures de la jeune garde montante tricolore, qui ont quitté Mios, leur berceau familial, pour rejoindre respectivement Pessac et Mérignac l’été dernier. Elles marchent dans les pas d’une certaine Myriam Borg-Korfanty, internationale au 165 sélection entre 1997 à 2008, championne du monde 2003 et de Jean-Charles Borg, lui aussi joueur de haut-niveau.

Lylou, Enola, pouvez-vous vous présenter ?

Lylou : Je m’appelle Lylou Borg, j’ai 18 ans et je suis demi-centre. J’ai commencé le hand toute petite… dans les pas de maman qui a joué à haut niveau et a été internationale française. J’ai joué à Mios jusqu’à cet été avec Enola, ma sœur. On a été notamment championnes de France interpôles. Et cet été, j’ai décidé d’intégrer l’équipe de Mérignac où je viens de signer mon premier contrat pro.

Enola : Moi je suis Enola, j’ai aussi 18 ans, je suis arrière gauche, et j’ai le même parcours que ma sœur. De mon côté, je joue désormais à Pessac !

Vous êtes très précoces dans l’accession au haut niveau. C’était une volonté ?

Lylou : C’est vrai que c’est assez rare de sortir de pôle et d’avoir un contrat pro comme cela. Après je n’étais pas forcément dans cette optique, j’aurais très bien pu passer par un centre de formation par exemple. Mais l’opportunité s’est présentée et j’y suis allée.

Enola : Moi je n’aime pas trop sauter des étapes, et passer par la D2F me correspondait bien, donc même si j’ai eu une proposition de Mérignac, j’ai préféré signer à Pessac.

Malgré cette possibilité d’évoluer à haut-niveau, vous ne vous consacrez pas qu’au hand. Vous jonglez avec des études aussi. Pouvez vous nous en dire plus ?

Enola : Moi je ne savais pas trop quoi faire… Et je me suis dit : « Pourquoi ne pas aller vers Staps car il y a pas mal de sport ». Et c’est finalement assez compliqué car les barèmes sont élevés. Ça demande pas mal de travail. J’ai des horaires aménagés, mais j’essaye de manquer peu de cours.

Lylou : Je fais des études de psychologie parce qu’on ne sait jamais ce qu’il peut arriver dans la vie d’un sportif. Je ne me le souhaite pas, mais, si un jour je me blesse ou que je décide d’arrêter le handball, j’aurais ça à côté. Depuis 2/3 ans, j’ai orienté ma réflexion vers ces études car j’ai beaucoup de copains qui m’ont parlé de leurs problèmes et je me suis dit que cela pourrait me correspondre. Pour le moment, cela me plaît beaucoup et j’espère devenir psychologue pour enfants car c’est jeune que les traumatismes peuvent s’installer puis ensuite persister. J’ai aussi un parcours aménagé pour mener ce double-projet.

Comment le handball est entré dans vos vies ?

Lylou : Comme notre mère jouait à Mios et que notre père n’était pas toujours présent à cause du handball aussi, on la suivait partout. On allait à ses entraînements, aux matchs. Du coup, on a eu le ballon dans les mains très rapidement. On devait avoir 3 ou 4 ans et on adorait regarder notre mère s’entraîner. On se fixait sur elle. C’était très impressionnant de la voir comme ça.

Enola : Oui, c’est venu vraiment tout seul. On s’est inscrite et c’était parti. Je me souviens que l’on ne voulait quand même pas trop être séparées…

Avec votre mère, vous restiez en tribunes ou sur le bord du terrain ? Vous deviez vous tenir à carreau ?

Enola : On était assez sages, je crois, mais parfois on faisait des petites bêtises quand même. Mais pas au point d’être des « petits diables ».

Lylou : On se mettait à côté et on jouait aussi un peu à la balle. Mais on n’était pas toujours super sages quand même. Ma mère sortait parfois du terrain pour nous sermonner. Je me rappelle même m’être fait percuter par Audrey Deroin car j’étais entrée sur le parquet et qu’elle ne m’avait pas vue.

Vous étiez déjà faites pour les contacts…

Lylou : (rires) Dès le plus jeune âge !

Avez-vous eu la pression d’être filles de handballeurs ?

Enola : Moi je n’ai jamais ressenti de pression. C’est juste normal d’être comparée à sa mère quand on fait quelque chose de similaire. Et je ne l’ai jamais mal pris d’autant que c’était une grande joueuse. C’est un bel héritage plus qu’un fardeau.

Lylou : Je trouve qu’il y a quand même une pression, on nous compare souvent à elle, on nous dit que notre ligne est déjà tracée, etc. Nous, on essaye de ne pas trop écouter. Moi je joue au hand pour moi d’abord. On n’est pas là pour suivre le chemin de notre mère.

Ce qui, fait ultra rare, ne vous a pas empêchée de jouer avec elle en plus, la saison passée… Ça doit être votre meilleur souvenir, non ?

Enola : On était en galère sur la base arrière alors ma mère a décidé de reprendre une licence et de venir aider l’équipe. Et je crois que ça lui faisait vraiment plaisir de jouer avec nous. C’était vraiment trop bien d’être comme ça, toutes ensemble. Et avec notre père sur le banc en plus ! Ce qui était génial, c’est qu’elle avait encore le niveau et faisait quand même assez peur à nos adversaires du coup ça libérait pas mal d’espace en attaque (rires).

Lylou : Ce sont des souvenirs que l’on va garder toute la vie. Elle avait dit quand on était petites en riant qu’elle adorerait jouer avec nous. Et c’est arrivé. Je revois des moments où j’avais ma sœur à ma gauche et ma mère à droite, c’était vraiment génial !

Lylou et Enola, non seulement vous êtes sœurs, mais aussi jumelles. Un trait dont on vous parle et on vous parlera souvent et longtemps. Quelle relation en tirez-vous et comment avez-vous évolué par rapport à cela jusqu’ici ?

Lylou : On a toujours pratiqué ensemble et jusqu’à cet été, je ne me serais pas vu jouer sans elle. Sur le terrain, elle me comprend, elle sait quand je suis énervée, quand je suis de bonne humeur, quand il faut me faire la passe. On avait une vraie connexion que l’on n’a plus cette année puisque l’on s’est séparée pour aller dans deux clubs différents. Mais on se voit quand même beaucoup à l’extérieur puisqu’on habite ensemble.

Enola : C’est simple on se connait presque par cœur. Ça a toujours été facile de la trouver, ça se voyait que l’on savait jouer ensemble. Maintenant, chacune a son équipe et c’est bien aussi.

Cette saison, vous avez donc pris chacune un train différent… Pourquoi ?

Lylou : Nous sommes allées, toutes les deux à Mérignac, pour écouter les propositions du club. On en a discuté et moi ça m’intéressait donc j’ai signé directement.

Enola : Moi j’ai préféré aller à Pessac car c’est un club plus familial, qui ressemble à Mios. J’ai aimé l’ambiance, la salle, ce qui m’était proposé. Et ma grand-mère, Danièle Garrigue, a joué à Pessac. Ça poursuivait un peu l’histoire de famille aussi.

Vous êtes dans deux divisions différentes et avez des objectifs différents. Pouvez-vous en parler ?

Lylou : Nous, à Mérignac, notre objectif est clairement le maintien. On n’a rien à perdre. On joue les matchs à fond. Pessac tourne bien de son côté et joue le haut de tableau pour le moment. Et si jamais elles montent, on les jouera avec plaisir.

Enola : On est bien classées, mais nous aussi on cherche d’abord le maintien. C’est le discours que l’on a eu avec le staff en début de saison. Pour le moment cela se passe bien et on veut rester le plus longtemps possible à ce niveau-là.

Avant d’éventuellement s’affronter en première division, il va y avoir un premier choc entre vous en match officiel, ce week-end, en Coupe de France…

Enola : Moi j’ai vraiment hâte d’être à ce match car il va y avoir toute notre famille présente. Ça me fait rire de jouer contre elle, car de l’extérieur, quand je la regarde, j’ai l’impression de savoir tout ce qu’elle va faire. Il y a des trucs que je sais pouvoir anticiper.

Lylou : Ça va être un sacré moment, même si on s’est déjà joué en match de préparation cette saison et que je le l’appréhendais un peu. Sur le terrain, je pense que je ne vais pas faire spécialement attention à qui j’aurais en face.

Vous allez distiller des astuces à vos partenaires pour stopper votre soeur ?

Enola : Ah non, mais moi je dis rien sur ma sœur. Je ne vais pas la balancer, mes partenaires voit bien les vidéos (rires).

Est-ce qu’il y en a une qui est meilleure que l’autre ?

Lylou : Moi je vais vous dire elle et elle, elle risque de dire moi. Mais c’est difficile de comparer car on n’est pas tout à fait sur le même poste.

Enola : C’est vraiment une question difficile… On a des qualités différentes sur le terrain. Mais comme à l’heure actuelle, elle joue à un meilleur niveau, je dirais elle.

Qu’est ce qui vous rassemble en dehors du handball ?

Lylou : On a toujours plein de choses à se dire car on a nos groupes d’amis qui sont différents, on fait des études différentes aussi.

Enola : On est très famille. On aime faire des sorties, jouer au bowling, aller à la plage.

Qu’est ce que vous voleriez à votre sœur ?

Enola : Le fait qu’elle se donne toujours à fond. Elle n’a pas peur d’aller au contact.

Lylou : Sa facilité à tirer de loin.