Dans la famille Le Blévec… avec Julie et Margot

En cette semaine spéciale des fêtes où le temps semble s’étirer pour le bonheur de tous, mais tandis que la reprise approche à grands pas pour les championnats LFH, nous vous emmenons découvrir une nouvelle fratrie « Dans la famille de… » avec deux sœurs du handball tricolore. Il s’agit cette fois de Julie et Margot Le Blévec qui portent respectivement les couleurs du Metz Handball et de l’OGC Nice Côte d’Azur Handball. Un duo touchant à découvrir sans plus attendre.

Julie, Margot, pouvez-vous vous présenter ?

Julie : Je suis Julie Le Blévec, j’ai 23 ans et je suis ailière droite au Metz Handball. Je joue au hand depuis que j’ai 7 ans. J’ai fait toutes mes premières armes à l’Union Pays d’Aix Bouc Handball, et en parallèle les pôles. Juste après mon bac, en 2018, je suis partie au centre de formation de Metz. J’y ai fait mes 3 années de formation puis j’y ai signé mon premier contrat pro. Je suis ensuite partie une saison en prêt à Fleury et je suis revenue dans l’effectif pro la saison passée. Au niveau national, j’ai fait les différentes sélections de mon âge sauf les A.

Margot : Moi je suis Margot, j’ai 20 ans et je suis ailière droite au centre de formation de l’OGC Nice Côte d’Azur Handball où je m’entraîne quotidiennement avec les pros. Cela fait 14 ans que je joue au hand. Avant j’ai aussi évolué à l’Union Pays d’Aix Bouc Handball. J’ai fait toutes mes années là-bas avec un parcours tout aussi traditionnel via les sélections départementales, etc. J’ai joué en N1 à Bouc puis au centre de formation à Nice après ma terminale. En parallèle, j’ai fait quelques stages en U16 et un stage avec les U20.

Comment le handball est-il venu à vous ?

Margot : Je suis née sur un terrain. Mes parents, Antoine Le Blévec et Anne Richardet, étaient handballeurs aussi jusqu’à un bon niveau. On a aussi des oncles et tantes qui jouaient. Donc c’est venu naturellement. Quand j’étais plus petite, j’ai aussi fait de la gym. Et c’était au même endroit ! Donc j’alternais les pratiques et les jours. Je passais tous mes samedis à la salle à regarder toutes les équipes. D’abord ma mère puis ma sœur. Et ça continue encore !

Julie : Moi je ne suis venue au hand qu’à 7 ans car quand j’ai voulu démarrer, il n’y avait pas de mini-hand dans le club, et j’étais un peu petite pour jouer avec les grands. Mais ça s’est quand même fait très naturellement ensuite. J’ai, malgré tout, essayé d’autres sports comme la gym, le judo et le foot. Ce qui est drôle, c’est que nos parents se sont rencontrés en école d’ingénieur, à l’INSA, mais qu’ils se connaissaient aussi via le hand. Sans le hand, on n’existerait peut-être pas !

Le hand vous accompagne donc depuis toujours, c’est désormais votre activité principale, mais vous êtes aussi deux étudiantes très concernées par vos études. C’était quelque chose d’important pour vous ? Que faites-vous ?

Julie : Quand tu rentres en centre de formation, tu es obligée d’être inscrite dans une école. Après, de toutes façons, pour moi c’était obligatoire de faire des études. Et mes parents me l’ont toujours dit aussi : on ne vit pas du hand jusqu’à sa retraite. Il faut penser à l’après. Surtout, on ne sait jamais s’il y a une blessure qui arrive ou quelque chose, il faut avoir une porte de sortie. On ne sait pas de quoi est fait demain. Je suis donc dans ma dernière année (qui en compte 3) d’un BUT gestion des entreprises et des administrations. En GEA, il y a des spécialisations, soit finance, soit RH, soit management. Moi j’ai pris management. Ça ouvre à beaucoup de choses comme la gestion de projets dans le marketing. Certains vont aussi vers la communication ou encore vers la création d’entreprise.

Margot : Depuis 2018, je suis élève dans une école d’ingénieur qui s’appelle l’ENIM et qui est aussi à Metz. J’ai un cursus aménagé car mon école doit initialement durer 5 ans, mais c’est ma 6e année et je pense qu’il me faudra sûrement 8 ans pour tout boucler. Pour moi, c’était vraiment indispensable de suivre une voie qui me plaisait car le sport de haut niveau, ça n’est pas éternel. Au-delà de ça, chez moi, le fait d’apprendre et de développer ma curiosité, c’est quelque chose qui me fait m’épanouir au quotidien. C’est aussi par plaisir que je fais des études. Concernant le choix de l’ingénierie, ça restait quelque chose d’assez généraliste en après bac donc ça me convenait quand même assez car je ne savais pas vraiment quoi faire. Comme je suis curieuse, je me suis dit que ça ne me fermerait aucune porte. Au début, je pensais qu’aller vers ce domaine qui est un peu loin du sport pourrait me faire voir autre chose, mais plus j’avance dans le hand et plus je me rends compte que c’est ça aussi que j’aime. Et je me dis que j’aimerais bien relier le métier d’ingénieur au monde du sport à un moment.

Vous êtes toutes les deux assez jeunes encore mais avec tout de même une belle expérience de la Ligue Butagaz Energie. Quel regard portez vous sur votre parcours ?

Julie : Pour le moment, je suis assez heureuse de ce que j’ai pu faire. Ce que j’aime le plus dans le fait d’être à Metz, c’est qu’il y a énormément de rigueur ici. Pour quelqu’un de scolaire comme moi, ça me correspond assez (rires). La rigueur et l’engagement, ce sont des valeurs que j’aime bien. Du coup, ici, tous les jours, tout le monde est à fond. C’est ce qui incite à progresser, dès le centre de formation. Même si c’est parfois strict, ça ne me dérange pas. Ce qui a été intéressant dans mon parcours, jusque-là, c’est l’enchaînement des années de centre puis mon prêt à Fleury. J’ai acquis une belle caisse à outils et j’ai pu la tester directement en LBE. C’était une super expérience, qui m’a fait beaucoup apprendre sur le terrain. À mon retour à Metz, la saison passée, j’ai ensuite vraiment pris conscience de ce qu’est le très haut niveau car j’étais pro avec de très grandes joueuses. Depuis deux saisons, j’ai pu voir les attentes. J’essaye de continuer de me mettre au niveau et de tendre vers le plus haut possible. En étant à l’aile droite, la plupart du temps je suis face à Chloé Valentini à l’entraînement. Pour progresser, c’est une vraie chance. Globalement, il y a une énorme dynamique ici. C’est la norme de jouer les titres, la Ligue des Champions. De l’extérieur, les amateurs de hand peuvent se dire : « Ah bah c’est Metz, c’est un nouveau titre, c’est normal. » Mais quand on est jeune et qu’on arrive, un premier titre c’est énorme, ça fait des émotions incroyables et on sait ce qu’il y a comme travail derrière. Quand tu joues à Metz, tu joues la Ligue des Champions, tu voyages. C’est vraiment des expérience incroyables. Toutes les joueuses n’ont pas ces opportunités. Je me sens très chanceuse de les avoir.

Margot : Moi aussi, je suis très contente de mon parcours jusque-là. Car pour arriver à ce niveau, on fait énormément de sacrifices. Ça n’est pas facile de quitter le cocon familial, de partir en internat. Ensuite quand tu vas en centre de formation, tu habites plus ou moins loin de chez toi, il faut apprendre la vie seule. Pour moi, ce sont déjà des victoires. Ensuite, moi j’ai eu la chance de jouer avec les pros dès ma première année de centre car la politique sportive était de prendre une pro et une fille du CF aux deux ailes. En plus, j’ai démarré aux côtés de Marie Prouvensier qui m’a apporté beaucoup d’expérience. Elle est juste vice-championne olympique quand même… Sinon maintenant je m’entraîne tout le temps avec les pros. Quand je peux, je double les matchs avec la N1 où je joue arrière droite. Cela me permet d’apprendre des nouvelles choses, je participe encore plus au jeu et j’ai plus de responsabilités car je suis en 3e année de centre. J’ai un rôle de leader dans l’équipe. Je suis contente d’être à Nice, je progresse d’années en années. J’ai été déçue de ma fin de saison dernière, mais depuis septembre, je trouve que c’est mieux et j’espère que les filles et les coachs sont aussi contents. Collectivement, il y a eu de très bonnes choses mais on est aussi un groupe jeune et nouveau, avec 3 cadres qui sont parties avec la nouvelle stabilité à trouver que cela implique. Il a fallu recréer un groupe et des affinités.

Vous semblez toutes les deux bien installées dans vos vies respectives. Mais qu’être loin l’une de l’autre n’est pas toujours pas facile… Est-ce le cas ?

Julie : Bien sûr. Mais on partage beaucoup de choses ensemble quand même. On s’appelle beaucoup. On a beaucoup de tendresse l’une pour l’autre. Ce qui est rigolo, c’est qu’on n’a pas une relation de sœurs qui seraient « pareilles ». On est complètement différentes, très complémentaires finalement. Peut-être que si l’on était deux personnes lambda dans la vie de tous les jours, on ne se serait peut-être jamais rapprochées. Le fait d’avoir ce lien entre nous, ça crée une relation forte. C’est le yang et le yang plutôt que le Kit et le Kat (rires).

Margot : Avec les entraînements quotidiens voire bi-quotidiens, nos cours et le rythme des compétitions, on n’a pas beaucoup de temps pour se voir. Mais on a quand même une relation fusionnelle : quand ça ne va pas, on s’appelle et on se parle beaucoup. On vit la même chose donc on sait que l’on peut se confier, échanger. L’autre sait de quoi on parle.

Oui car vous évoluez toutes les deux au même poste, ailière droite. Avec pourtant des styles différents. Quelles sont les spécificités de chacune ?

Julie : Margot a cette capacité à tirer de manière franche et forte que je n’ai pas. En défense, il y va franco aussi. C’est peut-être mon point le plus faible, d’être dans le combat physique. Elle, elle y va sans hésiter. Ça m’impressionne. Elle dégage plus de puissance globalement et j’ai peut-être plus de technique.

Margot : On n’a pas du tout le même jeu c’est vrai. Elle, elle a un jeu très soigné et fin. Elle ne tire pas forcément fort et ne court pas forcément vite, mais elle a un poignet de folie et elle est hyper intelligente dans ce qu’elle fait. Dans ses déplacements, ses choix de tirs. Pour autant je ne dirais pas que je suis une bourrine non plus, mais je suis plus en puissance qu’elle, mais pas comme une arrière.

Julie : Surtout tu as un truc que je voudrais te voler, c’est ta capacité à faire des roulades après tes tirs. Je suis vraiment jalouse de ça. Moi, je tombe toujours comme une crêpe ou un pingouin (rires). C’est vraiment un de tes meilleurs atouts ! Et puis aussi, en moins d’années de pratique de la muscu, tu me mets la misère.

Qu’est ce qui vous différencie dans la vie de tous les jours ?

Margot : On est très différentes toutes les deux. Julie est très discrète. Elle ne se fait pas remarquer. Moi je peux être timide aussi, mais une fois que je me sens bien dans un environnement, je suis plus extravertie.

Julie : Elle est bien plus sociable que moi qui suis un peu plus introvertie. Margot, elle est très drôle, très organique. Et j’admire ça chez elle.

Comme le disait Julie plus tôt, vous êtes vraiment les faces opposées d’une même pièce. Mais on sent tout de même que vous vous nourrissez l’une de l’autre. Est-ce le cas ?

Margot : Ma sœur, c’est mon modèle. Je suis fan d’elle, je le dis à tout le monde. Je suis fière de ce qu’elle fait au quotidien. Elle fait des études compliquées à côté de la pratique du handball à très haut niveau. C’est quelqu’un qui a le cœur sur la main, elle est prête à tout pour aider les autres. C’est quelqu’un de réfléchi, qui ne parle pas pour rien, qui est timide mais très drôle aussi. Elle est gentille et serviable, très honnête. C’est vraiment une crème.

Julie : Margot est passée après moi dans le hand et ça n’est pas quelque chose de facile car elle a pu être comparée. Mais elle a fait sa route et elle prouve chaque jour qu’elle a le niveau pour être en première division. Cette saison, elle a clairement passé un cap. Ce dont elle se doute moins, en étant désormais adultes, c’est que c’est moi qui suis admirative de toutes ses capacités, notamment sociales et de ses qualités humaines. Moi qui suis plus introvertie, en mûrissant, j’aspire plus à être comme elle, avec ces capacités-là. Elle est mon modèle humainement. Elle a des qualités qui m’impressionnent. Elle dit ce qu’elle pense en étant très empathique, très sensible. Elle ressent beaucoup les émotions et elle est capable de les exprimer. Pour moi ce sont des choses très importantes.

Vous n’avez jamais joué ensemble en pro, est-ce quelque chose qui vous plairait ?

Julie : J’aurais aimé que l’on joue ensemble mais on n’a pas eu trop l’occasion dans les catégories jeunes en tant qu’ailière et/ou arrière. Mais dans une équipe pro pourquoi pas ? Il faudrait quand même beaucoup de facteurs pour que cela arrive.

Margot : Ça serait chouette, même si on est au même poste. Dans tous les cas, il n’y aurait pas de concurrence déloyale car on a toujours envie que l’autre réussisse.

Est-ce que c’est vrai aussi quand vous vous affrontez ?

Margot : Oui. C’est forcément sympa de jouer l’une face à l’autre ! C’est toujours un sentiment de joie et de fierté. Je pense que nos parents sont aussi contents de nous voir sur le terrain au plus haut niveau français. Mais ça fait toujours bizarre car on se connait par cœur. Et même si on n’est pas dans la même équipe, tu as quand même envie que l’autre réussisse. Comme on ne joue pas dans la même zone, c’est peut-être plus facile (sourires). L’idéal, c’est qu’il faut qu’elle réussisse dans le match mais pas qu’elle gagne.

Julie : On ne va pas se mentir, on se voit surtout au début et à la fin des matchs en raison de nos postes ! Pour autant, des fois, si on est toutes les deux sur le terrain, je demande à ma demi-centre si elle peut me faire rentrer entre 1 et 2 pour que j’aille un peu la caresser (rires). Mais ça n’est pas arrivé beaucoup.

Julie vous avez l’avantage au nombre de victoires pourtant lors de vos premiers affrontements, c’est Margot qui a pris le meilleur…

Julie : J’ai perdu deux fois face à elle au début quand j’étais avec Fleury et elle avec Nice… Quand c’est ta première année pro et que tu perds deux fois contre ta petite sœur, tu as beau être introvertie, ça fait mal à l’égo (rires). Là, c’était bien ressortie. Et j’étais bien contente de gagner à Nice avec Metz ou de la recevoir aux Arènes ensuite.

Margot : Ah ça, on a pris de bonnes valises. Metz, c’est vraiment un rouleau compresseur !

Vous vous donnez des astuces ?

Julie : Notre sujet de conversation préféré c’est de parler des gardiennes et des ailières gauches !

En dehors du handball, qu’est ce qui vous lie ?

Margot : Beaucoup de choses. On est toutes les deux très impliquées dans nos études et on échange beaucoup à ce sujet-là. Le handball a quand même aussi une très grande place. On mange et on dort handball. Ensuite, on aime quand même aussi passer des vacances ensemble. Avec nos parents et leurs amis, on a fait beaucoup de voyages, notamment l’Espagne, le Portugal, la Suède, l’Écosse, l’Angleterre, le Maroc, les Pays-Bas ou encore la République Dominicaine, la Corse, l’Italie. Mais globalement être juste ensemble nous suffit !

Julie : Des fois, on se met devant un match chacune chez soi, on s’appelle et on commente les actions ensemble. On aime beaucoup les voyages aussi c’est vrai. Les derniers, c’étaient pour aller voir les finales des compet’ ensemble… On écoute aussi de la musique ensemble.

À chaque fois que l’on se voit, ça n’est pas long, donc on profite de moments assez simples. Regarder une émission ensemble, écouter de la musique, partager un repas, c’est revenir aux bases.