Dans la famille Puleri… avec Emma et Laurie !
Cette semaine, pour notre long format, nous vous emmenons une nouvelle fois « Dans la famille de… » à la découverte de deux sœurs du handball tricolore. Il s’agit cette fois d’Emma et Laurie Puleri qui font respectivement les beaux jours de Saint-Amand Handball – Porte du Hainaut et du Chambray Touraine Handball. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en pleine automne, la jovialité des deux jumelles réchauffe comme il faut ! Interview.
Emma, Laurie, pouvez-vous vous présenter ?
Emma : Je suis Emma Puleri, j’ai 27 ans et je suis pivot à Saint-Amand Handball – Porte du Hainaut. J’ai commencé le handball au club de Plan-de-Cuques. J’y suis restée jusqu’à mes 16 ans et après je suis allée à Bouc-Bel-Air où j’ai fait mes 3 ans en parallèle du pôle de Marseille. Après je suis partie au centre de formation de Toulon et j’ai signé ma première année pro à Toulon. Puis j’ai fait 3 ans à Mérignac et depuis je suis partie à Saint-Amand depuis deux saisons.
Laurie : Je suis Laurie Puleri, j’ai aussi 27 ans (rires) et je suis arrière gauche au Chambray Touraine Handball. Je suis aussi issue de la formation toulonnaise. Après Mérignac, je suis partie un an à Plan-de-Cuques et depuis le début de saison, je suis donc à Chambray.
Vous êtes handballeuses pro depuis quelques années maintenant, mais vous vous êtes aussi formées scolairement. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Laurie : Moi je suis actuellement une formation de décoration d’intérieur, après être passée par pas mal de choses, notamment le droit, qui m’ont pas forcément plu. Il m’a fallu du temps pour savoir ce que j’aimais dans la vie mais je ne regrette pas et aujourd’hui j’avance sur des choses que j’aime vraiment. Je suis quelqu’un d’assez manuel, j’espère pouvoir faire de la décoration et créer des meubles quand ma carrière sera terminée. Pour le moment, je n’ai pas le temps, au regard de notre saison bien dense, mais j’espère que ça viendra.
Emma : De mon côté, j’ai fait une licence STAPS car c’était ce qui me plaisait le plus, dans ce qui était proposé, à l’époque du centre de formation de Toulon. Aujourd’hui je me consacre principalement au hand. Et une fois ma carrière terminée je me verrais bien commerciale dans le sport.
Comment avez-vous découvert le handball ?
Emma : On a commencé vraiment par hasard. Ma mère est passée devant le club de Plan-de-Cuques alors qu’elle courrait et elle a vu une annonce disant que le club cherchait des jeunes filles. Et on y est allé.
Laurie : Avant on avait fait pas mal d’autres sports individuels comme de l’athlétisme, du judo ou du karaté.
Emma : Et en fait, on n’arrivait pas trop à s’épanouir. Comme on est issues d’une famille nombreuse, on n’arrivait pas à retrouver les valeurs qu’on avait à la maison. Et avec le hand, c’est venu tout de suite.
Ça a été un coup de foudre ?
Emma : Immédiat ! Autant physiquement, mentalement que dans les valeurs. Dans tout ce qui était véhiculé, on retrouvait les mêmes choses qu’à la maison. On a pris un plaisir monstrueux dès le début.
Laurie : Je crois que ce qu’on a le plus aimé, c’est l’aspect collectif, vraiment. Se retrouver dans une équipe, avec une bande de filles, on rigolait bien, c’était vraiment génial. Surtout on pouvait vraiment se dépenser car on est deux boules d’énergie.
Pourtant, assez vite, vous avez occupé deux postes différents sur le terrain…
Emma : À Plan-de-Cuques, notre entraîneur voyait bien que l’on était en « concurrence » et elle s’est dit qu’elle ne voulait pas que l’on soit en opposition directe. L’idée a été de nous mettre à des postes complémentaires. Elle nous a essayés à tour de rôle au poste de pivot. Ça n’a pas plus à Laurie tandis qu’à moi oui… On se complétait bien !
Laurie : Emma était plus à l’aise au poste de pivot et moi j’aimais pas du tout. Elle était plus bagarreuse et moi je voulais juste marquer plein de buts, c’est tout ! Je brillais grâce à elle, elle faisait tout le boulot.
Emma : C’est les aînés ça, on ouvre le chemin !
Ah c’est vous Emma la plus âgée ?
Emma : Oui, de 5′.
Laurie : Du coup elle m’appelle sa « petite sœur ». Et à Mérignac, on me surnommait « Junior » (rires). Bon elle, c’est « la Virgule » à cause de son nez qu’elle a cassé 4 fois.
Vous avez eu un parcours commun jusqu’à vos 25 ans, avec ce statut particulier qui vous lie. Qu’en tirez vous ?
Laurie : Je pense qu’on ne se rendait pas compte de la chance que l’on avait de vivre ça ensemble. C’est très fort d’être toujours à deux car on partage tout. On s’en est plus rendu compte quand nous sommes parties de chez nos parents, car on est arrivé dans un endroit que l’on ne connaissait pas, mais on avait l’autre. Et depuis deux ans, c’est encore une autre étape. Des fois tu te dis, c’était cool quand même d’être avec ma jum’s ! Après ça fait du bien aussi car depuis toutes jeunes, on est « les jumelles », ça n’est pas Emma et Laurie. Là c’est Laurie, ça fait du bien. Désormais on peut se trouver en tant que joueuse, être humain, développer des affinités autres qu’avec sa sœur.
Emma : On a tiré une force particulière de cette relation. On a toujours eu quelqu’un sur qui compter, pour affronter toutes le épreuves. Et si ça se passait mal avec certaines partenaires ou avec le coach, ça permettait de continuer à se battre, de ne pas lâcher et d’avancer.
Vous avez pris deux chemins différents désormais. Quel regard portez vous sur votre parcours et celui de votre sœur ?
Emma : Moi je suis vraiment contente de ce que l’on produit pour le moment. Je suis surtout bien concentrée sur ma saison, comme je reviens d’une grosse blessure (pubalgie, ndlr). J’étais incertaine sur mon avenir et là ça se redessine. Ma coach m’apporte beaucoup cette année, elle m’aide vraiment à me développer. Concernant Laurie, elle a une grosse carrière qui se présente devant elle. C’est sa première année en Coupe d’Europe et je pense que ça ne sera pas la dernière. Elle va aller encore loin, elle a une grosse marge de progression devant elle. Moi je ferais peut-être moins de vieux os (rires). Au pivot, on vieillit plus vite.
Laurie : À la mi-saison, on est dans nos objectifs car on s’était fixé d’être 5e et d’être qualifiées en Coupe d’Europe. On a eu quelques difficultés en début de saison contre Plan-de-Cuques et Saint-Amand (sourires). Et si on a une belle équipe, je pense que l’on peut encore mieux faire. Concernant Emma, son poste est dur et elle a eu quelques pépins physiques, mais je sais qu’elle va continuer à tout donner même si, contrairement à moi, je pense qu’elle ne se dit pas qu’elle jouera jusqu’à 36 ans ou plus. Je suis peut-être la plus passionnée par le hand, tandis que je pense qu’elle fera autre chose à un moment.
Vous évoquiez le match entre Chambray et Saint-Amand, elle a été spéciale cette opposition. Il y a eu du grabuge un peu… ?
Emma : On avait déjà joué face à face la saison dernière et ça s’était bien passée même si ce sont des rencontres où forcément on met plus d’intensité. Cette saison, on y a pas mal été. On a envie de se donner à fond, de donner deux fois plus de coups (rires), de ne pas faire de cadeau. Car on sait très bien que quoi qu’il arrive, elle pardonnera.
Laurie : C’était important pour les deux équipes. Quand on joue contre sa sœur jumelle, c’est un peu plus engagé, palpitant. Et puis bon, on va dire que j’ai pris un petit rouge après une faute sur ma soeur… (rires).
Emma : Et moi, je n’ai pas été loin du mien (rires) !
Vous aviez des choses à prouver ?
Emma : On n’a rien à se prouver car on sait chacune la valeur de l’autre.
Laurie : Rien à prouver ?! Peut-être… Mais on a des comptes à régler (rires). Je me souviens de tout ce qu’elle m’a fait quand j’étais jeune (rires).
Mais alors qui est la meilleure des deux ?
Emma : Moi évidemment ! Je suis la première je serai toujours la meilleure (rires).
Laurie : Et voilà, j’en étais sûre. Honnêtement, il n’y a pas de meilleure, on est toutes les deux à des postes différents ! Mais après, c’est sûr qu’au poste de pivot elle me tue, mais en tant qu’arrière, elle est nulle.
Vous êtes vraiment deux personnes très joviales, ouvertes. C’est ce qui vous rassemble notamment ?
Laurie : Ah oui on est très ouvertes et joyeuses. On aime la vie, on aime rire. On nous appelle les p’tits soleils !
Emma : On est très famille. On a un groupe d’amis en commun qui est très important pour nous.
Laurie : Emma adore faire le clown. Elle dégaine tout le temps des conneries (rires).
En dehors du handball, qu’est ce que vous aimez partager ?
Laurie : Le surf et les tatouages. Le surf, on a commencé quand on avait 14 ans, avec Camille Gardent. On adore pratiquer. Et concernant les tatouages, on en a pas mal en commun et moi j’ai trois grosses pièces sur le corps. Et Emma des plus petites choses.
Emma : Et on aime aussi l’Olympique de Marseille ! Pour le surf, ma planche me suit partout. Alors à Saint-Amand, ça n’est pas hyper utile mais ça fait un peu de déco.
Quelle est la qualité première de votre sœur ?
Emma : Je crois que toutes les deux, on est très déterminées et combatives. On va se donner à 100 % sur le terrain, quoi qu’il arrive. On donnera notre âme et nos tripes pour notre équipe. Ça je pense qu’on peut le voir à chaque match.
Laurie : Oui c’est vrai. On ne lâche jamais rien… Et côté défaut, on est aussi assez impulsives. Emma a parfois vraiment un caractère de cochon. Je pense que je pardonne plus facilement et elle est plus rancunière. Moi je laisse couler, on verra, on s’en fout.
Qu’est ce que vous voleriez à l’autre ?
Laurie : Moi c’est sa hargne, c’est vraiment une très bonne joueuse et quand elle a la volonté, elle ne lâche rien.
Emma : Moi je lui piquerais… Son chat !