Focus – Dihane va souffler sa première bougie

 

Dihane

 

Journée internationale des droits des femmes, ce mardi 8 mars est l’occasion de mettre en avant Dihane, qui va bientôt souffler sa première bougie. Déjà un an que les accords collectifs dans le handball féminin français ont été signés. Pour honorer cette avancée majeure pour le handball féminin français et le sport féminin dans son ensemble, nous avons donné la parole aux trois organismes qui ont oeuvré pour la signature et la mise en place de ces accords collectifs avec l’AJPH (Association des Joueurs et Joueuses Professionnels de Handball), 7 Master (le Groupement des entraîneurs et des professionnels de la formation de Handball) et l’UCPHF (Union des Clubs Professionnels de Handball Féminin). Découvrez les réactions de Christophe Cassan (7 Master), de Cléopatre Darleux (AJPH) et de Sophie Palisse (UCPHF). 

 

Dihane va souffler sa première bougie dans quelques jours. Un an après la signature des accords collectifs, quel regard portez-vous sur cette avancée majeure pour le handball féminin français ? 

 

Christophe Cassan (entraîneur du Fleury Loiret Handball et représentant de 7 Master) : Je pense que c’est une première étape qui vient valider une vraie considération de l’activité des joueuses et de leur encadrement sportif. C’est une avancée majeure dans tout ce que peut représenter une femme dans son activité professionnelle, de joueuse ou d’entraîneure. Pour les joueuses, la vie d’étudiante, le  statut professionnel, la vie de maman et puis la reconversion. Avec Dihane, il y a une vraie prise en compte de ces étapes.

 

Cléopatre Darleux (joueuse du Brest Bretagne Handball et adhérente à l’AJPH) : Il y a eu de belles retombées médiatiques autour de la signature de cet accord collectif. C’est un bel exemple pour l’ensemble des sports féminins, qui ont une vraie volonté de prendre exemple sur le handball féminin. Ça a permis d’initier une prise de conscience, et de montrer l’importance de ces accords collectifs. C’est un point départ, et les choses peuvent encore avancer et être améliorées. Nous avons encore du retard par rapport au handball masculin, mais les étapes sont passées progressivement. Il y a eu une phase de structuration de la LFH, des clubs, des structures et aujourd’hui, Dihane a permis une nouvelle avancée importante. Il ne faut pas vouloir aller trop vite, et prendre le temps de faire évoluer les choses de la bonne manière. 

 

Sophie Palisse (Présidente du Saint-Amand Handball, secrétaire générale UCPHF) : Arriver à la signature de ces accords collectifs a demandé beaucoup d’énergie de la part de toutes les parties prenantes. Cela a demandé un gros travail de fond, un travail collectif entre tous les partenaires, et ça n’a pas toujours été simple. Je pense que c’est important de le souligner, car on a rien sans rien. Il y a eu des débats, nous n’avons pas toujours été d’accord, mais notre force est que nous avons su trouver des consensus pour arriver à ces accords qui s’imposent comme une avancée majeure pour le handball féminin français. Nous sommes allés au-delà de ce qui peut se faire généralement, et c’est une vraie reconnaissance pour nos sportives. C’est également une sécurisation pour les clubs, car il y a désormais un cadre défini. On oublie parfois de le mettre en avant, mais c’est aussi important pour les clubs, qui sont des employeurs, et qui contribuent au fonctionnement du handball féminin.  

 

Le handball a été précurseur. Cette convention collective marque un tournant majeur dans le développement de notre sport. Quel sentiment prédomine lorsque vous pensez à tout le travail effectué pour en arriver à l’avènement de Dihane ? 

 

Christophe Cassan (entraîneur du Fleury Loiret Handball et représentant de 7 Master) : Être le premier sport collectif féminin à avoir un accord collectif signé par l’ensemble des parties prenantes, donne du crédit à la structuration de notre sport et à la professionnalisation de l’activité professionnelle des joueuses et des entraîneurs. Les acteurs ont vraiment oeuvré avec une vraie considération du sport féminin professionnel. Ça a été un travail de longue haleine, et il a fallu avoir une démarche collaborative entre les trois partenaires professionnels (7MASTER, AJPH, UCPHF), pour atteindre cette première étape concrète. Cet accord nécessite forcément une refonte des organisations des effectifs, nécessitent une économie nouvelle qui doit être de plus en plus solide pour accompagner les actrices et les acteurs du monde professionnel. Les mentalités ont déjà évolué grâce à Dihane, maintenant la mise en pratique et la mise en oeuvre doivent être une priorité. 

 

Cléopatre Darleux (joueuse du Brest Bretagne Handball et adhérente à l’AJPH) : C’est une vraie fierté. Nous avons un sport qui est plutôt en avance dans beaucoup de domaines. La Ligue s’est vraiment professionnalisée, et même si il nous reste du chemin à parcourir, nous sommes sur le bon chemin. 

Ces accords collectifs rassurent les joueuses. Les choses sont claires, et ce n’était pas forcément le cas avant. Je me posais beaucoup de questions avant de tomber enceinte, ce n’était pas toujours évident d’en parler, et aujourd’hui c’est beaucoup plus évident. Il y a un cadre établi, et ça permet aux joueuses d’aborder la maternité plus sérieusement. 

L’AJPH joue un rôle très important dans l’accompagnement des joueuses pendant leur carrière. À travers le syndicat, nous pouvons parler d’une seule voix, et c’est quelque chose d’important.  

 

Sophie Palisse (Présidente du Saint-Amand Handball, secrétaire générale UCPHF) : Avec un peu de recul, il y a toujours un sentiment de grande fierté. En tant que femme tout d’abord, par rapport à tout le travail qui a été réalisé, et à la participation et la contribution pour ces accords. Je pense vraiment que ce sentiment est unanime, pour tous les acteurs qui ont oeuvré pour ces accords collectifs, qui honore le handball féminin français dans son ensemble, et surtout les partenaires sociaux qui ont contribué à cette fabuleuse avancée pour la femme et le sport féminin.  

 

Suite à cette avancée historique, d’autre sports féminins ont suivi la dynamique. Est-ce que le but de ce travail réalisé pour le handball féminin professionnel avait aussi pour enjeu de rayonner à plus grande échelle sur l’ensemble du sport féminin ? 

 

Christophe Cassan (entraîneur du Fleury Loiret Handball et représentant de 7 Master) : 7 Master est très impliqué au sein de la Fédération des entraîneurs professionnels qui regroupe l’ensemble des sports collectifs, comme l’’AJPH au sien de la FNASS. 7Master à la FEP, cela permet d’avoir un vrai réseau pour pouvoir développer et faire avancer les mentalités sur le sport féminin professionnel. Thibaut Dagorne (délégué général de 7 Master)  est un acteur majeur dans cette fédération, et cela permet d’asseoir encore un peu plus l’innovation du handball féminin et de notre groupement. Les partenaires professionnels sont précurseurs comme l’est la LFH, et le réseau que 7Master peut avoir permet de créer des services au bénéfice de l’encadrement sportif au féminin et en mixité, comme la FEP le présentera le 18 mars.. On connait les particularités de chaque fédération, de chaque ligue professionnelle, mais le handball féminin montre la voie dans les pratiques quotidiennes pour accompagner au mieux nos joueuses et nos entraineures et entraineurs. 

 

Cléopatre Darleux (joueuse du Brest Bretagne Handball et adhérente à l’AJPH) : Le sport féminin est souvent au centre des débats, et c’est évident que Dihane a eu un rayonnement au-delà du monde du handball. Les mentalités commencent à changer, il y a une volonté de faire avancer les sports féminins, et nous sommes un bel exemple. Je ne pense pas que nous recherchons des éloges, mais ces accords collectifs ouvrent la voie,   et il y a beaucoup de joueuses qui se rendent comptent aujourd’hui de l’importance de cette avancée. De plus en plus d’étrangères viennent jouer en France car elles savent que leurs droits sont respectés. 

 

Sophie Palisse (Présidente du Saint-Amand Handball, secrétaire générale UCPHF) : Nous pouvons être une locomotive pour les autres disciplines qui peuvent désormais s’appuyer sur notre expérience, en toute humilité évidemment, il ne s’agit pas de donner des leçons. C’est aujourd’hui la journée internationale des droits de la femme, et si le handball peut insuffler une dynamique pour les autres, et bien tant mieux. C’est un enjeu pour le sport au féminin dans son ensemble. L’équipe de France qui brille sur la scène internationale est un moteur pour le handball, comme nos clubs qui portent cette dynamique. Nous sommes souvent innovants dans le handball français, c’est notre marque de fabrique. C’est notre culture aussi d’avancer ensemble, même si nous ne sommes pas toujours d’accord.