Frédéric Bougeant, Paroles de coach

Après trois journées de championnat, Fleury occupe avec Metz la première place du classement de LFH. Frédéric Bougeant, l’entraîneur des Panthères depuis cet été, revient sur le début de saison de son équipe, encore invaincue avant de recevoir le promu Nice Côte d’Azur ce vendredi.

Etre leader de LFH fait-il de vous un entraineur heureux ?
Heureux, oui… mais vigilant ! Nous sommes 1er mais je m’attache à ce que l’on garde la tête froide et les pieds bien sur terre. On se remet vite en question quand on perd. Il est très important, aussi, de rester dans l’analyse quand on gagne. Nous sommes invaincus mais je n’oublie pas que nous avons été chahutés à Mios (J2) et pendant 10 bonnes minutes par Besançon (J3).

Quel est l’objectif de Fleury cette saison ?
Avec mes dirigeants, nous nous sommes fixés un 1er “pré-bilan“ fin octobre, après 6 journées de LFH, à 1/3 de la saison régulière. C’est alors que nous fixerons les objectifs. Toutes les équipes ambitionnent de disputer les play-offs, il n’y aura pas de place pour tout le monde. N’oublions pas qu’il y a quelques mois, Fleury s’est maintenu la dernière journée (play-downs). Restons lucides, humbles et avançons pas à pas

A partir de la 6ème journée, vous affronterez successivement Issy Paris, Toulon puis Metz !
Ce sont des matches qui brillent quand on lit l’affiche. Moi, je regarde surtout nos 2 prochains matches (Nice, Dijon) qui peuvent s’avérer très rentables en termes comptables. Si nous négocions bien ces 2 rencontres, nous pouvons nous positionner idéalement dans la course aux play-offs.

Avec 9 arrivées, dont vous, et 10 départs, vous semblez bien vivre le changement ?
Personnellement, le fait que l’effectif soit renouvelé ne me dérange pas. C’était souvent le cas au Havre, pour des raisons économiques. Là, nous avons quand même eu 7 semaines de préparation, c’est important pour donner un sens au projet de jeu. Sur ce point, j’ai été au bout de mes convictions. Après, ce sont les filles qui ont les réponses. La seule “difficulté“, c’est que nous avons eu 3 joueuses aux JO de Londres (les internationales espagnoles, ndlr). Nous étions ravis qu’elles décrochent une médaille. Mais du coup elles ont rejoint le groupe plus tard.

Parlez nous de vos 3 recrues espagnoles…
Marta Lopez Herrero (ex Alcobendas) sort d’une saison exceptionnelle en Espagne. Nous avons discuté un peu avec elle et le projet l’a convaincu. Je suis catalan d’origine, je parle couramment espagnol, cela a peut-être aidé. Beatriz Fernandez Ibanez (ex Bera Bera), je suis très content qu’elle soit venue car je la suis depuis 2007 ! Nous sommes tombés au bon moment parce que elle avait envie de tenter l’aventure à l’étranger. Nely-Carla Alberto (ex HAC), notre capitaine, je pense que c’est surtout Le Havre qui n’a pas su la retenir. Ces joueuses au statut international sont venues bonifier un groupe de filles de 18-22 ans, un groupe revanchard et déjà très intéressant.

Marta Lopez Herrero élue “joueuse du match“ face à Besançon (J3)

On dit de votre groupe qu’il a du caractère, confirmez-vous ?
Oui. Nous avons conservé des joueuses qui, l’an dernier, n’avaient pas ou peu de temps de jeu. Elles ont de l’orgueil et, après avoir emmagasiné de la frustration, elles ont envie de prouver, elles ne veulent rien lâcher. Ce sont des joueuses revanchardes et j’apprécie cela. Et puis les Espagnoles sont quand même allées chercher une médaille aux JO après deux prolongations. Elles sont capables de gérer des situations chaudes.

Après 14 saisons passées au Havre, pourquoi avoir choisi Fleury ?
J’ai eu la chance de dire moi-même assez tôt que je n’allais pas prolonger. J’ai tout donné pour ce club mais dans mon for intérieur, je ne pouvais plus travailler au HAC. Avec la campagne européenne (Le Havre a remporté la Challenge Cup en mai dernier, ndlr), j’ai eu des opportunités à l’étranger, dont des propositions exotiques. Ma femme souhaitait rester en France et les dirigeants de Fleury m’ont proposé un projet qui m’a tout de suite séduit.

Par exemple ?
J’ai senti dans la direction l’envie de réussir, une vraie motivation et une passion commune qui est, à mes yeux, le moteur de toute réussite. C’est une belle aventure, sportivement, mais aussi humainement, chose qui compte beaucoup pour moi. J’ai conscience qu’il y a une grande attente ici.

Cela fait 4-5 ans que le club se donne les moyens de grandir et que les résultats ne suivent pas, deux années de construction difficiles avec la SASP. Le club n’a pas encore été récompensé de ses efforts. Nous voulons constituer un socle solide pour que Fleury puisse lutter durablement avec les meilleurs, être européen tous les ans. Pour cela, il faut être capable d’anticiper les choses. Quand on a un coup d’avance, on arrive toujours à l’heure !

Comment avez-vous géré la trêve internationale ?
J’ai de la chance puisque mis à part Karolina Siodmiak (Pologne), j’ai eu un groupe au complet, il n’y a pas eu de rassemblement pour les Espagnoles. Nous avons coupé 3 jours après le match face à Besançon (28/09). Un cycle de 10 jours de travail, avec un groupe quasiment complet, cela ne m’était pour ainsi dire jamais arrivé. Les filles se sont régénérées, nous avons travaillé sur le plan physique. Et dès aujourd’hui, nous nous projetons sur la réception de Nice, ce vendredi.