[ITW] Camille Ayglon Saurina : « L’abitrage est un rôle de l’ombre, et il est important de le valoriser pour susciter des vocations »

D’une vie de sportive de (très) haut niveau à un quotidien rythmé par de multiple projets passionnants, la transition n’a pas été longue pour Camille Ayglon Saurina, qui a clôturé sa magnifique carrière de sportive professionnelle en 2021. Depuis deux ans, l’ex internationale tricolore, se consacre pleinement à tous les domaines qui ont du sens pour elle. Ambassadrice des Journées nationales de l’arbitrage organisées par La Poste, partenaire de la Ligue Féminine de Handball, l’ancienne joueuse des Neptunes de Nantes a pris le sifflet pour faire la promotion de cette opération importante pour la mise en valeur de l’arbitrage dans tous les sports collectifs. Elle sera également aux commentaires ce dimanche du choc de la huitième de la Ligue Butagaz Énergie qui va opposer Paris 92 aux Neptunes de Nantes. Une rencontre qui sera à suivre en direct sur beIN Sports et sur HandballTV (15H). Dans un emploi du temps chargé, Camille Ayglon Saurina a pris le temps de répondre à nos questions, l’occasion idéale pour prendre de ses nouvelles.

L’entretien avec Camille Ayglon Saurina

Tu es engagée dans de nombreux projets depuis l’arrêt de ta carrière de sportive professionnelle. Est-ce-que tu peux nous en dire plus…

Camille Ayglon Saurina : J’aimerais bien avoir 36H dans mes journées pour pouvoir faire encore plus de choses. J’ai dû faire des choix, et aujourd’hui je continue de me former dans mon activité d’accompagnement sur la gestion de patrimoine. Je n’aime pas trop le terme de « gestion » qui n’a pas très bonne presse, mais j’aime parler d’accompagnement, car l’idée est vraiment d’accompagner les sportifs, de transmettre mon expérience de joueuse, et de faire en sorte qu’ils évitent de tomber dans les pièges. Je suis dans l’acquisition de connaissances dans le milieu de l’investissement, qui est un milieu difficile, et le but de cette activité et d’accompagner sur le long terme, dans un climat de confiance. C’est une activité qui me tient à coeur et que je développe progressivement.

Je me suis lancée depuis le mois de septembre dans une formation de Manager Général de clubs professionnels dispensée par le Centre de droit et d’Économie du Sport de Limoges. Je ne suis pas la seule handballeuse puisque je suis avec Siraba Dembélé Pavlovic. Je pense qu’il y a encore beaucoup de choses à faire dans la structuration des clubs de handball, et c’est un secteur qui m’intéresse beaucoup. Je ne sais pas encore sur quoi ça va aboutir, j’ai deux ans de formations, et si je peux acquérir de nouvelles compétences en complément de mon expérience, et que je peux rendre un peu au handball ce qu’il m’a apporté, c’est quelque chose d’important pour moi.

Ensuite, je suis membre de la commission des athlètes de haut niveau (CAHN), et impliquée sur le sujet de la reconversion. Nous avons toujours tendance à nous plaindre pendant notre carrière, et intégrer cette commission m’a permis de prendre un peu de hauteur sur ce sujet. J’ai pu prendre conscience de la position du handball professionnel par rapport à d’autres sports, et j’ai pu me rendre compte que certains sportifs de très haut niveau ne sont pas « accompagnés » comme nous pouvons l’être dans le handball. Nous avons un responsable socio-professionnel au sein de la FFHandball, en la personne de Laurent Frécon, qui est très pro-actif pour aider et accompagner les athlètes de notre sport. Dans cette commission du CNOSF, nous avons fait naitre un programme : « parcours reconversion athlète (PRA) » qui a été présenté ce mercredi 18 octobre, et qui va accompagner des athlètes en fin de carrière ou qui viennent d’arrêter, à travers des « mentors » issus du monde de l’entreprise, pour les aider dans leurs projets de reconversions.

Et pour finir j’ai aussi passé mes diplômes d’entraîneur. Je ne souhaite pas coacher une équipe, je ne veux plus vivre au rythme des saisons sportives, avec des déplacements tous les weekends. Mais dans ce fil rouge de transmission, notamment dans le secteur défensif, je garde une vraie appétence à transmettre mon expérience et mon expertise, et cela va certainement aboutir avec des interventions auprès des équipes jeunes à travers la FFHandball.

Transmettre est quelque chose de central pour toi…

C’est ce qui donne un sens aux choses pour moi. Les deux certitudes que j’avais dans mes projets de reconversions c’était de faire quelque chose d’utile, et d’avoir des activités qui me permettent de garder du contact avec l’humain. Avant même de faire du handball je voulais être institutrice, être maîtresse de CP pour apprendre à lire et à écrire aux enfants. J’aime transmettre, je pense être pédagogue, et c’est vraiment quelque chose qui m’anime. Ça peut se décliner de mille manières, mais c’est essentiel pour moi.

Tu as été sollicitée par La Poste pour être ambassadrice de l’édition 2023 des Journées de l’arbitrage. Tu te retrouves dans une position que tu n’avais jamais connu, comment as tu pris ce rôle ?

C’est une expérience hyper enrichissante d’échanger avec d’autres sportifs issus d’autres disciplines sur la relation qu’ils ont pu avoir avec les arbitres dans leur sport. Rugby, football, basket, le rapport avec l’arbitre n’est pas toujours le même et c’était interessant d’en parler avec eux. Nous avons aussi eu l’occasion d’échanger avec des arbitres professionnels lors de l’opération que nous avons réalisé auprès de jeunes collégiens. Les frères Gasmi étaient présents pour représenter le handball, et nous avons eu des échanges très enrichissants. J’ai aussi réalisé que pendant ma carrière, je n’ai quasiment jamais pris le sifflet, même pour arbitrer une opposition à l’entraînement, et finalement je pense que c’est essentiel de passer par ce rôle pour en comprendre la complexité. On pointe souvent l’arbitrage quand il n’a pas été bon, mais il faut garder en tête que les arbitres sont un des maillons essentiels de nos sports. C’est un rôle de l’ombre et nous avons besoin de le valoriser pour susciter des vocations. C’est un rôle compliqué, et on s’en rend compte quand on prend le sifflet.

Tu seras aux commentaires ce dimanche de la rencontre de Ligue Butagaz Énergie entre Paris 92 et les Neptunes de Hand, le dernier club avec qui tu as évolué. Comment abordes-tu ce rendez-vous ?

Je m’éclate vraiment dans ce rôle et je suis très contente d’avoir l’opportunité de commenter cette rencontre. Je connais pas mal de joueuses qui seront sur le parquet ce dimanche, même si l’équipe de Nantes a bien évolué. Et puis quand je regarde cette équipe de Paris 92, je connais aussi pas mal de joueuses. Je suis encore dans le « game » et je suis activement les résultats du championnat. Je suis contente de pouvoir commenter une affiche aussi attractive, et j’espère que nous allons avoir un match accroché.