Katty Piéjos : “Toujours envie de gagner“
Katty Piéjos, Panthère parmi les Panthères 2013-2014 (photo FLHB).
Katty, tout d’abord comment allez-vous ?
Très bien, merci. Nous avons repris le 19 juillet avec Fleury, sous un chaud soleil. J’aime le soleil mais quand on court, je le préfère toujours avec la mer pas loin pour se rafraîchir, comme en Martinique, par exemple (sourires).
Plus sérieusement, tout se passe bien. Fin juillet, nous sommes partis 5 jours à Vichy. Un stage qui fut principalement axé sur le physique, avec des séances de PMA, de la muscu, du handball. Le programme était très intense. Je peux dire que cette préparation est partie sur de bonnes bases ! C’est une période très importante à mes yeux, pour que je puisse trouver mes repères avec ma nouvelle équipe. Il y a une belle cohérence entre les joueuses. Tous les voyants sont au vert, je suis contente.
Pour la 1ère fois depuis 9 ans, vous effectuez votre reprise avec un nouveau club ? Cela vous procure-t-il un sentiment “étrange“ ?
Je ne dirais pas “étrange“ car je m’y suis préparée. Depuis quelques mois, je me suis faite à l’idée que je ne serai pas à Metz à la reprise. Il n’y a pas eu de mauvaise surprise. J’ai été très bien accueillie à Orléans. Parmi mes nouvelles coéquipières, il y en a plusieurs que je connais de par le contexte international, notamment les Espagnoles (Marta Mangué, Beatriz Fernandez, Marta Lopez, ndlr).
A l’arrivée, il n’y a pas vraiment de visage inconnu pour moi puisque pour la plupart, nous nous sommes déjà affrontées sur les parquets. Le stage à Vichy nous a en revanche permis de mieux nous connaître. Je commence à bien appréhender mon nouvel environnement. Nouvelles coéquipières, nouveau maillot, nouveau challenge, mais pas nouvel entraîneur (sourires).
Frédéric Bougeant retrouve une joueuse qu’il connaît depuis toute jeune.
En effet, vous avez débuté votre carrière au Havre (2001-2004) avec Frédéric Bougeant
Oui, Fred a été mon 1er entraineur en métropole. C’est lui qui m’a appris le métier, qui m’a fait beaucoup bosser. Nous avons été champions de D2 (2002), mon 1er titre et désormais j’espère que l’on gagnera encore ensemble.
Quels souvenirs gardez-vous de votre passage au HAC ?
De très bons souvenirs. J’avais 20 ans, j’arrivais de Martinique, tout était nouveau pour moi, je découvrais le haut niveau. Il me semble que Fred était le plus jeune entraîneur de France. Nous sommes montés en D1 dès 2002, j’ai ensuite poursuivi ma carrière à Metz. Depuis, nous sommes toujours restés en bons termes ainsi qu’avec ses parents, qui sont des gens formidables.
Alors avant de raccrocher et de retourner en Martinique, je voulais refaire un bout de chemin avec Fred. Avec l’expérience acquise à Metz, j’avais envie de rendre à mon tour ce qu’il a pu m’apporter. Une façon de “boucler la boucle“.
Peut-on dire que c’est un recrutement fait avec le cœur ?
Oui, le côté humain a joué c’est sûr, mais pas seulement. Je souhaitais rejoindre un club ambitieux. Le projet sportif de Fleury correspond à mon envie qui est de continuer à évoluer au très haut niveau. Toutes les conditions étaient donc réunies pour franchir ce cap.
Quitter le Metz HB, était-ce une décision facile à prendre ?
Fred m’avait déjà sollicitée lorsqu’il était au Havre, et puis la saison dernière aussi. Il n’y a que cette année où je me suis enfin décidée à franchir le pas. Je pense que c’est le bon moment pour moi. J’ai vécu tellement de belles choses à Metz, que je me sentais prête pour un nouveau défi. Fleury a réalisé une super saison. Il y a un beau challenge à relever ici. Je le répète, c’était important pour moi de rester au très haut niveau.
Dragonne de 2004 à 2013.
D’autres clubs vous ont-ils sollicitée ?
Oui, mais mon choix a été clair : travailler à nouveau avec Fred, et avec un projet sportif ambitieux. A Metz, tu es tellement dans la routine du très haut niveau que tu veux rester dans cette dynamique et Fleury Loiret entre dans cette configuration.
Comment avez-vous vécu vos derniers matches en Jaune et Bleu ?
Ce fut très dur à tous les niveaux, mais surtout émotionnel. 9 saisons à Metz, c’est plus de la moitié de ma carrière. J’ai eu la chance de connaître beaucoup de victoires avec ce club (7 titres de championne de France, 7 Coupes de la Ligue, 2 Coupes de France).
Le Metz HB m’a vraiment inculqué la culture de la gagne, il m’a fait devenir une vraie compétitrice. On gagne et on a tout le temps envie de gagner. Cela devient “normal“, on a cela en nous. Donc aujourd’hui, oui, c’est dur de me dire que je n’y serai plus. J’ai évolué handballistiquement bien sûr mais aussi humainement, j’ai côtoyé des personnes que j’ai véritablement admirées, qui m’ont fait grandir. J’en profite à nouveau pour les remercier.
A qui pensez-vous ?
En l’espace de 9 ans, il y en a en beaucoup. Je ne pourrai pas citer tout le monde mais parmi elles, Isabelle Wendling m’a particulièrement marquée. C’est quelqu’un de spécial pour moi, en qui j’ai tout le temps eu confiance. Même quand elle ne jouait plus, le fait de savoir qu’elle était là, cela me rassurait, elle a toujours été comme un repère pour moi. Dans les moments difficiles, j’échangeais avec elle, cela me faisait du bien. D’un coup d’œil, elle pouvait me redonner envie et confiance. Elle a été bienveillante avec moi, je n’oublierai pas ça.
En mai dernier, le doublé (Championnat, Coupe de France) est venu un peu plus étoffer votre palmarès**
Cela fait plaisir, même si la défaite en Coupe d’Europe me laisse encore un goût amer, complètement amer. Nous réalisons un parcours exceptionnel avec un super match aller en finale (Holstebro 31-35 Metz). 4 buts d’avance et nous perdons de 5 aux Arènes (33-28). Je l’ai très, très mal vécu. Passer si près du but pour notre 1ère finale de Coupe d’Europe…
Le 19 mai dernier, Metz remportait son 19è titre de Champion de France, le 7è pour Katty Piéjos.
Inconsciemment, nous avons peut-être pensé que c’était fait avant le match retour. C’est un peu le même scénario qu’a connu Fleury en finale des Play-Offs (Fleury Loiret 27-22 Metz / finale aller, Metz 27-21 Fleury Loiret / finale retour). C’est une expérience, parmi d’autres, dans un parcours de sportif. Il faut savoir s’en relever.
Jouer la finale des Play-Offs face à vos futures coéquipières, était-ce déstabilisant ?
Non pas du tout. Même si tout le monde savait où je jouerai en 2013-2014, cela n’a rien changé dans mon approche. J’étais Messine à 3 000 %. J’étais Messine jusqu’au bout des ongles. C’était très important pour moi de partir de Metz avec le titre. La gagne jusqu’au bout.
Vous avez disputé la Ligue des Champions. Comment appréhendez-vous le tournoi de qualification à la C1, les 14-15 septembre prochains*** ?
C’est déjà un rendez-vous important pour le club, pour son histoire. Nous seront toutes très motivées et dans tous les cas il faudra jouer le coup à fond, aussi pour Fred (Bougeant) qui attend ça depuis si longtemps. Avec nos rotations, je pense que nous avons la possibilité de faire quelque chose. C’est un bel événement pour tout le monde. Ce sera difficile mais pas impossible. Ce serait bien pour le handball féminin français que 2 de ses équipes disputent la C1.
Fini les jupettes, place aux shorts désormais ?
La jupette va me manquer. J’aimais bien ce côté différent, féminin. Une petite touche de féminité dans un sport de contacts, parfois “violent“, c’est toujours agréable. Bon, je ne m’entraîne pas en jupette (rires). Je dois m’adapter à revêtir à nouveau des shorts.
De Dragonne, vous voici aujourd’hui Panthère ?
Oui, à partir de maintenant, je vais sortir les griffes (sourires)
Vice-Championne du Monde (2009), Katty Piéjos compte plus de 100 sélections en équipe de France.
Fleury Loiret se déplace à Metz dès la 3è journée de championnat (21/22 septembre)
Oui, pour être sincère, c’est le 1er match que j’ai regardé lorsque le calendrier est sorti. Je suis toute contente d’y retourner rapidement, de revoir les Arènes, et tout le public messin. Un magnifique public. J’ai gardé contact avec les supporters, par Facebook, au téléphone, nous avons gardé de bonnes relations. Metz restera toujours spécial pour moi. Cela me fera plaisir même s’il ne faudra pas faire de sentiment une fois sur le terrain.
Quel est l’objectif de Fleury Loiret cette saison ?
L’objectif du club, c’est le championnat mais sinon, on part avec l’état d’esprit de tout gagner, aller le plus loin possible dans toutes les compétitions qui se présenteront à nous. La Coupe de la Ligue, Coupe de France, Coupe d’Europe (Ligue des Champions si possible !). L’équipe de l’an dernier a montré son potentiel. Il faudra bien gérer le rythme mais sur le papier, l’équipe a les moyens de faire de belles choses. J’ai toujours envie de gagner.
Quel est votre rôle dans le vestiaire ?
Apporter du mieux que je peux mon expérience de l’enchaînement des rencontres, pour gérer les matches à enjeu et la Coupe d’Europe. Je sais que l’équipe en a besoin. La Ligue des Champions, c’est tout nouveau pour Fred, pour les jeunes joueuses. J’ai eu la chance de la jouer plusieurs saisons, je sais que la pression est importante, comment cela se passe. J’ai envie de faire partager mon vécu.
Etes-vous impatiente que la saison commence ?
Très. J’ai vraiment hâte ! Surtout avec un nouveau club, j’ai envie que la compétition commence. J’ai envie de jouer, de partager et vivre de belles émotions avec mes nouvelles coéquipières. Nous recevons Nantes pour la 1ère journée (7-8 septembre).
*Equipe de France. 128 sélections, 377 buts marqués, vice-championne du monde 2009, médaille de bronze à l’Euro 2006
**Palmarès avec le Metz HB. 7 titres de Champion de France, 7 Coupes de la Ligue, 2 Coupes de France
***Fleury Loiret aura pour adversaires lors de ce tournoi Rostov-Don (Russie), WHC Vardar SCBT (Macédoine) et Jomi Salerno (Italie)