L’Arvor29 en apesanteur
Il n’est jamais anecdotique de battre le Metz Handball. Tant il est rare d’y parvenir. Jugez donc : 17 titres nationaux depuis le premier conquis en 1989. L’ogre lorrain ne laisse pas souvent le loisir a ses concurrents de savourer le bonheur de la réussite. Tenantes du titre hexagonal, les Messines ne s’attendaient sans doute pas à tomber de si haut mercredi soir en Bretagne. Certes, il leur était déjà arrivé de s’incliner cette saison. C’était juste avant la trêve internationale de décembre. Surmenée, la troupe entraînée par Sébastien Gardillou avait laissé échapper des points au Havre et à Fleury. Désormais privées d’Allison Pineau (rupture des ligaments du genou), on devinait que les Lorraines seraient moins en verve qu’ à l’automne où elles s’étaient qualifiées pour le tour principal de la Ligue des Champions, une première dans l’histoire du club. Mais de là à s’imaginer qu’elles seraient très vite dépassées par la vista des Bretonnes de l’Arvor29.
Ce sont pourtant Amandine Leynaud et ses camarades qui débutaient le mieux les échanges dans un Palais des Sports de Lesneven prêt à imploser. Après que Kanto a ouvert la marque pour Metz, il a fallu plus de trois minutes aux hôtes de la rencontre pour égaliser. La pression s’est très vite déplacée d’un camp à l’autre. Le détonateur ? Les arrêts autoritaires de Cléopâtre Darleux sur les jets de sept mètres de son ancienne coéquipière de club Svetlana Ognenovic. La portière des Bleues, vice-championne du Monde en décembre au Brésil, répondait ainsi aux parades de son homologue lorraine et de l’équipe de France Amandine Leynaud, elle aussi très à son fait en début de partie. Les filles du Metz Handball tiennent le choc jusqu’à la 17ème minute. Avant de voir fondre sur elles une véritable tornade.
« Tout jouer pour tout gagner ! »
Dans le sillage d’un Bojana Filipovic démentielle (10/18 dt 3/3), présente à chaque instant clé, une Julie Goïorani décidément impressionnante d’efficacité, d’une Manon Le Bihan délicieuse à la finition et – évidemment – d’une Alexandra Lacrabère à l’heure au rendez-vous et qui ne s’est ni privée de distiller les passes magiques dont elle a le secret, ni de prendre le relais de Filipovic au besoin. L’Arvor29 ne se retournera plus. Infligeant un douloureux 5 buts à zéro aux Messines. La Russe Andryushina aura beau tenter de sonner la révolte, les Bretonnes étaient trop fortes mercredi soir.
L’explosion de joie, les pas de danses des Brestoises au terme des échanges ne faisaient que refléter la passion et l’engagement fournis au fil des soixante minutes de match. « On a toutes le sourire« , sautille Cléopâtre Darleux. « C’est super !, enchérit Alexandra Lacrabère. On voulait vraiment le gagner pour le public, pour remonter au classement, pour être bien avant le match face à Toulon ce week-end. Maintenant, il ne faut pas perde de vue que même si c’est une très bonne chose, la saison est loin d’être terminée. Pour décrocher le titre, il va falloir se battre encore et encore. » « On marque le territoire, résume, moins exalté que ses protégées, Laurent Bezeau. Gagner Metz avec la manière c’est évidemment agréable. Mais c’est à la fin du bal qu’on paye les musiciens. » Une fin de bal glorieuse, l’Arvor29 en a connu une fin décembre en décrochant la Coupe de la Ligue, premier titre de l’Histoire du club. La démonstration proposée face à Metz ne peut que mettre de l’eau au moulin des ambitions bretonnes. « La suite ?, demande Cléo Darleux au micro de Tébéo, la TV locale qui retransmettait le match en direct. On va tout jouer pour tout gagner ! »
* Les dix clubs de la Ligue ont désormais disputé le même nombre de rencontre (12) et l’Arvor s’empare avec cette victoire, de la deuxième place au classement derrière Issy Paris Hand.