LBE – Joueurs professionnels à Nîmes, Benjamin Gallego et Julien Rebichon vont arbitrer un match de LBE !
Joueurs professionnels au sein de l’USAM Nîmes Gard depuis de nombreuses années, Benjamin Gallego et Julien Rebichon préparent activement leur reconversion, en parallèle de leur carrière sportive. Inséparables sur le terrain et en dehors, les deux Nîmois suivent depuis plusieurs saisons une formation accélérée, mise en place par la FFHandball, à destination des joueuses et joueurs professionnels qui souhaitent se tourner vers l’arbitrage. C’est le cas de Benjamin et Julien, qui ont été désignés pour diriger la rencontre de ce weekend en Ligue Butagaz Énergie entre Bourg de Péage et Paris. Si la jeune paire arbitrale a déjà sifflé des rencontres du niveau national, et un tournoi amical réunissant des formations de Lidl Starligue, c’est la première fois qu’il vont officier dans un championnat professionnel. « Je n’ai aucun doute sur les capacités de Benjamin et Julien à intégrer le moment venu nos élites en arbitrage, ce sont de réels compétiteurs ils vont assurément apporter un vent nouveau au sein du groupe. » nous confiait François Garcia (Directeur National de l’arbitrage), avant la grande première de ce binôme prometteur. Fait peu commun, deux joueurs professionnels encore en activité, vont arbitrer une rencontre d’un championnat professionnel, l’occasion de partir à la rencontre de ces deux passionnés, qui ne manquent pas d’ambitions.
L’entretien
Vous vous préparez à diriger le premier match professionnel dans votre jeune carrière d’arbitres. Comment abordez-vous cet événement ?
Benjamin Gallego: On aborde cette rencontre comme toutes les autres. Que ce soit un match amateur, professionnel, nous avons la même approche, la même vision du handball. On ne va pas changer notre manière d’arbitrer en fonction de tel ou tel match.
Julien Rebichon: Nous avons notre manière d’arbitrer, et elle doit rester la même quelque soit le niveau. L’important est de rester fidèles à notre philosophie, c’est vraiment quelque chose d’important.
Arbitrer une rencontre d’un championnat professionnel peut engendrer plus de pression. Comment le ressentez-vous ?
J.R: Forcément le monde professionnel peut engendrer un peu plus de pression. Mais dans le contexte actuel, le match va se jouer à huis clos, sans public. Nous n’avons pas forcément échanger sur cet aspect, mais ce qui est certain, c’est que nous sommes prêts à arbitrer ce match.
L’arbitrage est-il un moyen pour vous de continuer à vivre votre passion de l’intérieur lorsque votre carrière sportive s’arrêtera ?
J.R: Une fois notre carrière de joueur terminée, notre objectif à long terme est de nous épanouir dans le milieu de l’arbitrage. Il y a 5-6 ans nous avons décidé de nous lancer dans cette aventure, avec une certaine curiosité, de savoir si ça allait nous plaire. Et nous avons pris beaucoup de plaisir ! Nous avons progressé petit à petit, et même si nous avons encore une marge de progression, je pense que nous avançons dans la bonne direction. Nous voulons prendre le plus d’expérience possible, pour pouvoir percer dans ce milieu une fois que nous pourrons nous y consacrer à 100%. Nous nous sommes fixés des objectifs élevés, comme arbitrer en coupe d’Europe, sur une compétition internationale, et nous sommes motivés pour atteindre ces buts.
« Plaisant de pouvoir arbitrer un match du plus haut niveau féminin en France »
Est-ce-que vous pensiez arbitrer votre premier match professionnel aussi tôt dans votre carrière ?
B.G: C’était dans nos plans, mais c’est vrai que ça arrive tôt. Dans le contexte actuel, nous n’y pensions pas forcément pour cette année, mais plutôt dans un ou deux ans. Mais on prend la chose avec enthousiasme, et c’est plaisant de pouvoir arbitrer un match du plus haut niveau féminin en France. Il y a une certaine fierté il faut le dire, et c’est aussi une récompense pour notre investissement. À nous de l’assumer et de continuer à travailler pour avancer.
Qu’est ce qui vous a motivé à vous lancer dans cette aventure ?
J.R: Il manque des arbitres en France, à tous les niveaux, et nous avons envie de rester dans le milieu du handball après notre carrière de joueur. Je pars du principe que notre sport nous a beaucoup donné, et j’aimerai redonner au handball ce qu’il nous a apporté. J’aime bien le dire, et c’est important pour moi. C’est une passion, nous prenons beaucoup de plaisir dans ce sport, et si on peut continuer de travailler avec plaisir, ce n’est pas négligeable.
B.G: Il a bien résumé. C’est un environnement que l’on affectionne, et nous nous sentons bien dans le milieu du handball. Même si nous avons d’autres projets à côté, si nous avons l’opportunité de poursuivre notre passion avec l’arbitrage, nous n’allons pas nous en priver. Si nous pouvons également montrer l’exemple d’une nouvelle forme de reconversion, qui peut donner des idées à certains, c’est une bonne chose aussi, même si d’autres l’ont fait avant nous.
(photo : Michel Fisquet / Team Photo)
« On arrive à anticiper ce que l’autre va siffler dans telle ou telle situation »
Vous jouez ensemble à Nîmes depuis de nombreuses saisons, est-ce-que votre vécu commun vous aide dans votre activité arbitrale ?
J.R: Nous sommes ensemble depuis que nous sommes enfants. Nous avons joué à Clermont l’Hérault, nous nous sommes séparés un petit peu quand Benjamin était à Montpellier et moi à Nîmes, mais nous nous sommes vite retrouvés. Nous avons une vision commune du handball, et c’est forcément plus facile pour nous comprendre sur le terrain lorsqu’on arbitre. On arrive à anticiper ce que l’autre va siffler dans telle ou telle situation, et c’est forcément un avantage pour nous d’avoir cette même vision du jeu.
Est ce que votre activité d’arbitre a fait évoluer la vision que vous aviez de ce métier avant de vous lancer dans cette aventure ?
B.G: J’avais tendance à beaucoup râler sur le terrain, j’étais un peu sanguin… Maintenant, je prends plus de recul par rapport aux arbitres. Personne n’est parfait, tout le monde peut se tromper, même l’arbitre. Quand nous sommes sur le terrain en tant que joueur, nous sommes plus posés, on arrive à dialoguer plus calmement et c’est constructif.
J.R: Notre comportement pour dialoguer avec les arbitres sur le terrain a évolué. Ça peut nous arriver de ne pas être d’accord avec une décision, mais au lieu de venir en criant, on va y aller en discutant normalement, et l’arbitre va avoir plus tendance à nous répondre dans ce contexte. C’est dans cette philosophie que nous voulons arbitrer, dans le dialogue. Si personne ne dépasse les limites, ça se passe super bien.
« Nous faisons le même sport, et il n’y a pas de différences à faire entre les filles et les garçons. »
Est-ce qu’on arbitre différemment un match féminin ou masculin ?
B.G: Nous faisons le même sport, et il n’y a pas de différences à faire entre les filles et les garçons. À n’importe quel niveau, il faut que nous ayons la même implication, la même manière d’arbitrer. Il faut être juste et honnête, c’est le plus important.
J.R: C’est ça. Nous faisons le même sport, avec les mêmes règles. Il n’y a aucune différence à faire entre le handball féminin et masculin.
En tant que joueurs professionnels, vous connaissez des joueurs, des joueuses que vous allez arbitrer…
J.R: Pour arbitrer une rencontre il faut être totalement neutre. Je n’aime pas l’idée qu’un arbitre puisse avoir des aprioris sur une joueuse ou un joueur.
B.G: On connait plus de joueurs que de joueuses, mais vous pouvez être certain que sur chaque match que nous allons arbitrer, les deux équipes seront logées à la même enseigne. On vient pour arbitrer, et il faut rester impartial, sinon on n’y arrivera jamais.
Vous vous imaginez arbitrer un jour le derby entre Nîmes et Montpellier ?
J.R: Je ne pense pas que nous aurons une désignation pour cette affiche, mais au final pourquoi pas. Nous avons toujours été impartial dans notre manière d’arbitrer, et ça ne changera pas, quelle que soit l’équipe.
« La professionnalisation du secteur féminin est bien présente, et c’est important pour notre discipline. »
Quel regard portez-vous sur la Ligue Butagaz Énergie ?
J.R: C’est un championnat qui a évolué, progressé ces dernières années. Je pense que les résultats de l’équipe de France féminine sur la scène internationale ont permis au handball féminin de se développer. La professionnalisation du secteur féminin est bien présente, et c’est important pour notre discipline. Avoir un gros championnat féminin, et masculin, est un vrai plus pour que le handball français dans son ensemble soit reconnu et compétitif sur le continent.
B.G: Les clubs féminins français performent sur la scène européenne, notamment en Ligue des Champions avec Brest et Metz, et ça montre la belle évolution du championnat.
On le sait le sport féminin souffre un peu d’un manque de reconnaissance, notamment médiatique, quel est votre avis sur ce sujet ?
J.R: Les filles n’ont pas la chance d’avoir une couverture médiatique à la hauteur de leurs performances. C’est dommage, parce que nous sommes toujours avares de regarder des matchs de handball, féminins ou masculins à la télévision. Elles méritent une meilleure couverture, elles travaillent de la même manière que nous, et je ne vois pas pourquoi elles ne seraient pas reconnues de la même manière.
B.G: C’est vrai que de manière générale le sport masculin est toujours mis plus en avant que le féminin, et c’est le cas dans la majorité des sports collectifs. Elles partent avec un désavantage, et ce n’est pas égalitaire.
Pour terminer, pouvez-vous nous évoquer vos objectifs en club pour la deuxième partie de la saison avec l’USAM.
J.R: L’objectif est de terminer le championnat dans les cinq premiers pour décrocher une qualification européenne pour la saison prochaine. Et puis nous voulons faire le meilleur parcours possible en European League. Nous sommes bien partis pour sortir des poules, et nous allons jouer à la reprise des matchs importants pour la suite de notre saison.
B.G: Il a beaucoup trop parlé, l’objectif c’est de gagner tous les matchs (rires).
Un grand merci à Benjamin et Julien pour le temps qu’ils nous ont accordé et bonne première en Ligue Butagaz Énergie !