Que sont-elles devenues… avec Anne-Sophie Kpoze

Ancienne arrière gauche qui a notamment porté les couleurs de Fleury-les-Aubrais et d’Issy-Paris, Anne-Sophie Kpoze a laissé une belle empreinte dans les mémoires des amateurs de hand des années 2000 à 2010. Retirée des parquets depuis une dizaine d’années, elle occupe désormais des fonctions professionnelles loin du sport de haut niveau. Mais garde un lien très fort avec celui-ci… et surtout ses anciennes partenaires !

Elle a toujours préféré la bonne passe à l’exploit individuel ; même la défense, à l’attaque, « car il y a quelque chose de fraternel dans ce moment du jeu, tu es toutes ensemble en train de tenir ton camp ». Ainsi a avancé Anne-Sophie Kpoze, longiligne arrière passée par Fleury, où elle a éclot en joueuse du cru, puis par l’Espagne et enfin Issy-Paris où elle a rangé les stabils, au gré de sa riche mais finalement presque trop courte carrière. « Je n’ai pas joué les prolongations » avance-t-elle. « À 29 ans, mon corps était fatigué, j’ai eu très vite de l’arthrose aux deux genoux, je ne prenais guère plus de plaisir. Il fallait jongler avec les douleurs, je ne m’entrainais presque plus la semaine pour pouvoir jouer le week-end. Quand les choses deviennent un déplaisir, il faut arrêter ». Et dans ces mots, habillés d’un sourire constant, pointe une philosophie positive plus que de l’amertume chez celle qui a depuis pris un chemin qui semble assez éloigné des reconversions « classiques » des sportifs de haut-niveau. En effet, Anne-Sophie Kpoze est aujourd’hui cheffe de service éducatif à la fondation des Amis de l’Atelier, un acteur majeur de l’accompagnement de personnes en situation de handicap psychique et mental en France. « Ce n’était pas quelque chose qui était prévu avant, mais je m’y suis retrouvée un peu par hasard. Et aujourd’hui j’adore aller bosser, chaque jour est différent. Je suis vraiment épanouie. »

Un chemin qui tient du hasard, mais semble surtout s’appuyer sur la nature profonde de la maman de deux enfants, qui « continue de courir pour s’entretenir », et pour qui l’instinct et une façon d’appréhender le monde et les autres ont été des guides. Côté formation, Anne-Sophie Kpoze a d’abord pris une voie très « classique » chez les sportifs : STAPS ! Elle détaille : « J’ai toujours voulu faire des études pendant ma carrière car j’étais une grosse stressée de l’après. Comme toute bonne sportive, j’ai fait STAPS pour pouvoir continuer à m’entraîner tous les jours. J’ai fait un master I management des organisations sportives et développement sportif. C’était très marketing, communication et organisation d’évènement. Ça me parlait pas trop à l’époque mais je continuais de jouer en parallèle donc tout allait bien. Puis je suis partie en Espagne car c’était une belle opportunité. Là-bas, ça a été plutôt l’école de la vie. J’avais fait anglais et allemand à l’école donc j’ai été confronté à une autre langue, il a fallu s’adapter car je ne savais que commander une bière et demander le chemin de la plage (rires). C’est le seul moment où je n’ai fait que du handball. Quand je suis revenue en France ensuite, à Paris, je n’avais pas envie de me remettre dans le marketing mais ne faire que du sport ne me suffisait pas. Certes, c’était super au niveau sportif et en plus je retrouvais mes anciennes partenaires de Fleury comme Amélie Goudjo, Mariama Signaté ou Karolina Zalewski, mais il me fallait plus. Je me suis donc rendue dans un CIO, comme un jeune qui sort du bac, en expliquant tout ce que j’avais déjà fait mais que je voulais être encore plus dans le lien avec les gens. Ils m’ont orientée vers une licence développement social et médiation par le sport et… j’ai fait mes stages en foyer de l’enfance. C’est là où ça a commencé. Au début, je me suis dit que je n’allais peut-être pas aimé, que ça allait être dur de me retrouver qu’avec des jeunes filles – alors que je n’avais été qu’avec des filles dans mes différentes équipes (rires) -. Mais comme je suis quelqu’un qui va jusqu’au bout et qui, quand elle s’engage, tient son engagement, c’était parti. À ce moment-là, je n’étais que sur le versant sport… Et j’ai adoré. Après, comme dans toute bonne structure sociale, il manque toujours du personnel et donc mes interventions déviait aussi la pratique d’éducateur spécialisé. Et donc à la fin, ma directrice m’a dit : “ franchement, tu as su créer un vrai lien, ça a bien marché, si tu veux passer ton diplôme d’éduc, viens.” J’ai répondu que je jouais, que je n’avais pas le temps. » Et ça en est resté là pour un moment. La jeune femme jongle alors entre ses stages, ses cours et sa pratique pro. Avec de longues semaines, même si celles-ci, équivalence oblige, ne dureront qu’un an. « À un moment, le coach s’est étonné de me voir fatigué et quand je lui ai expliqué, il a mieux compris. Comme le club était beaucoup sur la reconversion, ça n’a pas bossé de problème. »

Par la suite, Anne-Sophie va s’engager aux côtés d’Amélie Goudjo pour Educ’Hand « Je faisais de la recherche de partenariats, je montais les dossiers pour les subventions. Ensuite, Amélie est partie et j’ai pris la présidence de l’association. J’ai beaucoup appris mais le terrain m’a vite manqué. J’ai alors rappelée ma cheffe de service de l’époque… Et ils cherchaient quelqu’un depuis la veille. »

La suite sera marquée par diverses évolutions dans différentes structures jusqu’à aujourd’hui avec un fil conducteur pas si éloigné que cela du haut-niveau. L’intéressée poursuit : « Je dis souvent que l’on n’a pas tous les mêmes qualités mais que tous, côte à côte, on fait une belle équipe. Dans le social, on remet celui qui a des difficultés, ponctuelles ou continues, dans la lumière. On lui montre toutes les capacités qu’il peut avoir. De l’extérieur, les gens pensent que les éduc’ et encadrants apportent tellement aux gens dont ils s’occupent, mais on apprend aussi beaucoup sur soi grâce à eux. Ce sont des relations humaines qui sont toujours inattendues. » Et guider par une joie de vivre sans faille du côté de l’arrière qui ne boude pas une occasion de regarder des matchs à la télé ou en salles. « En janvier et février, la télé est réquisitionnée pour les grosses compétitions des équipes nationales et je vais très souvent voir les filles de Paris. Karolina travaille là-bas donc on a l’occasion de se voir et Amélie commente aussi. Ça permet de passer du temps ensemble après. » Et de se remémorer le passé avec gourmandise comme lorsque les Franciliennes s’étaient imposées à Rostov en demi-finale de Coupe d’Europe : « C’est clairement mon meilleur souvenir car on était partie avec 8 joueuses, la moitié de l’équipe était blessée et un gagne d’un but. C’était génial. À Fleury aussi, on a eu une saison avec une ambiance folle entre les 14 ou 15 joueuses, ce qui n’arrive pas dans tous les collectifs. »

Tout dépend si c’est Anne-Sophie qui tient le rôle de capitaine !