Sport Féminin Toujours – Astride N’Gouan : « Ça me tenait à coeur d’être ambassadrice d’une association qui accompagne les femmes »

À l’occasion de l’opération Sport Féminin Toujours qui se déroule du 14 au 20 février, la Ligue Féminine de Handball interroge, chaque jour, divers acteurs et actrices du handball féminin sur leur vision. Rendez-vous, pour ce sixième entretien avec Astride N’Gouan, internationale française et joueuse du Metz Handball. Championne du monde en 2017 et d’Europe en 2018 avec les Bleues, la joueuse de 30 ans possède un magnifique palmarès. Astride N’Gouan est également ambassadrice de l’association « Fight for Dignity » créée par Laurence Fischer (triple championne du monde de karaté), qui a pour but d’aider les femmes victimes de violence à se reconstruire. 

Cette semaine, le monde sportif se mobilise aux côtés du ministère chargé des Sports et du CSA pour une meilleure médiatisation de la pratique sportive féminine à travers l’opération Sport Féminin Toujours. Que vous inspire cette semaine ? 

Cette opération est importante pour continuer de faire avancer les choses. En tant que sportive professionnelle, nous sommes en droit d’avoir les mêmes attentes que les garçons, qui sont bien plus médiatisés que nous. 

Dans votre métier de sportive professionnelle, quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ou rencontrez en évoluant dans le sport féminin ?

J’ai eu la chance pendant ma carrière d’évoluer dans des grandes structures. J’ai commencé à Issy les Moulineaux, je suis passée par Toulon avant de rejoindre Brest et Metz. Dans toutes ces structures, le handball féminin occupe une place très importante, et j’avoue que je n’ai pas eu de soucis dans ces clubs. La difficulté que je peux faire ressortir une nouvelle fois, c’est de réussir à faire parler du handball féminin dans les médias nationaux. Quand nous avons été sacrées championnes du monde en Allemagne en 2017, j’ai l’impression qu’on a pas trop parlé de nous… 

A votre échelle, comment contribuez-vous à la réussite du sport féminin et plus particulièrement quel(s) conseil(s) apporteriez-vous en priorité à des sportives qui souhaitent réussir ou tout simplement se faire plaisir en faisant du sport ?

Je suis engagée dans une association qui vient en aide aux femmes victimes de violence. « Fight for Dignity » a été créée par Laurence Fischer, une grande championne de karaté. Ça me tenait à coeur d’être ambassadrice d’une association qui accompagne les femmes dans leur reconstruction. J’essaie au maximum de faire parler des actions portées par l’association. Avant d’être une sportive, je suis une femme avant tout, et c’est très important de s’engager dans quelque chose qui me touche. Je voulais m’engager dans une association, et j’ai été mise en contact avec Laurence via une connaissance que nous avions en commun. Le feeling est tout de suite passé, et j’ai beaucoup de plaisir à faire partie de cette aventure. Mon calendrier est chargé, mais j’essaie au maximum de participer à des cours, de partager mon expérience et d’échanger avec ces femmes. C’est bien d’être ambassadrice, mais c’est encore mieux de s’investir sur le terrain. 

Quel regard portez-vous sur la place occupée par le handball féminin dans le paysage médiatique. Avez-vous constaté une évolution dans les médias depuis vos débuts dans le milieu ? 

Clairement on peut constater une évolution ces dernières années. Quand tu vois que l’équipe de France a fait la une de l’Équipe à plusieurs reprises dans la même semaine pendant le Mondial en Espagne, c’est quelque chose de fort. Avant, quand nous avions quelques lignes c’était déjà bien… Il y a encore des avancées à faire c’est certain, le traitement médiatique est encore trop irrégulier et se limite aux finalités des grandes compétitions internationales. On a l’impression que la couverture médiatique de notre sport n’est pas à la hauteur des résultats que nous pouvons avoir en club et avec l’équipe de France. Mais les avancées sont bien présentes, et il faut poursuivre sur cette lancée. 

Sport Féminin Toujours souhaite mettre en avant des grands moments du sport féminin. Quel serait celui que tu retiendrais de ton côté (lié ou non au handball et perso ou pas ?

Le titre olympique de l’équipe de France à Tokyo est pour moi un moment très fort dans l’histoire du handball féminin. Et puis le titre de champion d’Europe à Bercy en 2018. Je suis Parisienne, et avoir vécu cela de l’intérieur c’était juste inoubliable. J’allais beaucoup dans cette salle pour voir jouer les garçons, et avoir cette Arena pleine pour nous pour la finale c’était juste incroyable. Tu représentes ton pays, tu chantes la Marseillaise dans une ambiance folle, devant tes proches… J’ai eu la chance de jouer pendant cette finale, et ça me laisse des souvenirs incroyables.