« Sportives et Cycles Menstruels » retour sur l’atelier organisé avec Dijon

Dans la continuité du talk organisé avec des experts et des handballeuses en novembre 2022, la Ligue féminine de Handball et son nouveau partenaire majeur depuis la rentrée 2022, Lidl France, lancent, sur tout le territoire, la deuxième phase d’activation de la saison sur le thème des « cycles menstruels dans le sport ». Les clubs de Ligue Butagaz Énergie, vont organiser, entre début mars et fin mai, des ateliers de sensibilisation auprès de jeunes joueuses dans les centres de formation, les collèges et universités. L’objectif est d’échanger sur cette thématique des menstruations, encore trop « tabou » chez les joueuses et leur staff et d’analyser les conséquences, avec des études précises, sur les performances sportives. Le cinquième atelier s’est déroulé la semaine dernière avec le club de la JDA Dijon Handball, en présence de l’ambassadrice, Manon Gravelle (joueuse professionnelle), Manuella Dos Reis (joueuse professionnelle) et de Christophe Maréchal (directeur sportif) qui sont intervenus auprès de jeunes sportives à l’UFR STAPS de Dijon.

L’ENTRETIEN DE l’AMBASSADRICE AVEC manon Gravelle

  • 84 % des sportives vivent leurs règles comme des difficultés (étude faite par le ministère des sports), parmi elles 23 % ont du mal à en parler à leur staff médical. Est-ce que c’est votre cas ?  

Alors moi personnellement je n’ai pas de gros symptômes pendant mes règles, mis à part un peu de fatigue, des petites douleurs dans le bas du dos, donc je n’ai pas forcément eu besoin d’en parler à mon staff, mon entraîneur ni mon staff médical. C’est vrai que c’est un sujet dont je ne m’étais jamais posé la question parce que je n’en ai pas eu le besoin. C’est un sujet qui n’est pas toujours évident pour tout le monde, donc c’est vrai que ça peut parfois être délicat à traiter.

  • On parle souvent de performance, Est-ce que pour toi ces périodes-là ont un impact sur la performance ?  

Oui et non. Oui forcément parce que s’il y a plus de fatigue ou si ce sont justement des périodes où on se sent plus fatigué ou plus sujette à certaines douleurs, ça peut impacter la performance. Maintenant, on essaie d’intégrer de plus en plus dans notre préparation ce moment-là pour essayer d’être moins fatigué, de se sentir en forme à cette période-là pour essayer de rester le plus performant possible.  

  1. Est-ce que pour vous l’initiative de la LFH et de LIDL est un bon début pour aller encore plus loin afin de toucher au-delà des sportives de haut niveau, les jeunes sportives et qu’elles puissent être informées ? En d’autres termes pour toi quelles pourraient être les choses à mettre en place pour sensibiliser davantage ces jeunes sportives ?  

Oui je trouve que c’est une superbe initiative de la part de la LFH et de LIDL, ça permet d’ouvrir le dialogue sur un sujet qui n’est pas facile à traiter parce qu’il peut occasionner des gènes, soit de la part de ceux qui en parlent, soit de la part de ceux qui écoutent donc je trouve ça super qu’ils aient mis ça en place pour amener à ouvrir le dialogue sur plein de choses à ce sujet. Après, ce qui pourrait être éventuellement fait dans la continuité, ce serait que dans les centres de formations féminins, qu’on ait des interventions obligatoires sur le sujet des cycles menstruels avec des explications sur certaines choses pour que, quand on est jeune, nous n’avons pas encore la conscience de certaines choses et qu’on puisse se rendre compte que c’est ok d’avoir certains symptômes, que c’est ok d’être fatigué, que c’est ok de ne pas être bien et de ne pas pouvoir s’entraîner et qu’on ne se sente pas démuni face à ce genre de situation.

Pour voir l’interview en vidéo : https://www.facebook.com/reel/6014665835235921

L’entretien de Christophe Maréchal, directeur sportif de la JDA dijon handball

  • Vous avez dirigé plusieurs équipes féminines dans votre carrière, avez vous déjà évoqué ce sujet avec vos joueuses ?

Au début de ma carrière d’entraineur, dans les années 90, je ne te cache pas, que ce sujet était peu abordé avec les joueuses et notre staff médical n’était présent que ponctuellement. La plupart du temps c’était souvent la capitaine qui m’informait quand une joueuse était en difficulté ou absente pour règles douloureuses. Je m’adaptais ainsi au cas par cas. Par la suite cela dépendait des athlètes, certaines m’en parlaient librement d’autres restaient discrètes. A partir des années 2000, le club se professionnalisant, la structure médicale était plus régulièrement présente aux entrainements et compétitions. En début de saison, le staff médical m’informait si des adaptations d’entrainement étaient nécessaires pour certaines joueuses. Suivant les cas, cela allait d’un repos total (très rarement) à un allègement de la semaine d’entrainement. Actuellement à Dijon, nous fonctionnons de la même façon.

  • Est-ce que ce sujet est abordé lors de vos formations d’entraîneurs ?

Jusqu’à maintenant non, hormis les infos mis en place par la LFH cette année.

  • Comment abordez-vous cela avec vos joueuses et est-ce que vous mettez en place des aménagements pour les joueuses en fonction de leurs cycles menstruels ?

Jusqu’à maintenant, comme je te l’ai précisé, nous traitons au cas par cas, soit en relation avec le staff médical soit directement avec la joueuse. Nous n’avons pas d’adaptation précise tant pour le groupe que pour l’individu. Cependant nous sommes ouverts à toutes suggestions ou informations à ce sujet

L’ENTRETIEN AVEC UNE JEUNE JOUEUSE (ANONYME)

  1. Pour commencer, est-ce que dans ta vie sportive et de manière générale, tu te sens à l’aise avec ce sujet, parles en tu facilement ?  

Je n’ai pas trop l’habitude d’en parler, c’est vrai qu’on est pudique car c’est un sujet assez tabou donc c’est assez rare d’en parler. En revanche si une personne me pose une question oui je vais en parler plus facilement parce que ça va venir de quelqu’un pour qui ça ne sera pas tabou. 

  1. Le fait de recevoir des informations concrètes et de pouvoir en parler avec une joueuse professionnelle, est-ce que cela te permet d’être plus à l’aise pour en parler par la suite ?  

Oui parce qu’on se rend compte que ce sont des personnes médiatisées, qui jouent au haut niveau donc on se dit qui si elles parlent de ce sujet on peut très bien en parler à notre niveau.  

  1. Pour finir, comment as-tu trouvé ces moments d’échanges et pensais-tu que LIDL et la Ligue féminine pouvaient être associés à ce genre de sujet un peu particulier ?  

La conférence était très bien, ça permet vraiment de déconstruire le tabou qu’il y a au niveau des cycles menstruels dans le sport féminin et oui ça me semble logique que ces 2 acteurs s’associent sur le sujet.