Squad LFH – Emmanuel Mayonnade : « Tracer notre route ! »

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Dans le cadre du dispositif Squad LFH, qui a pour but de mettre en lumière tour à tour les 12 clubs de la Ligue Féminine de Handball, testez vos connaissances sur le Metz Handball. Entretien avec Emmanuel Mayonnade, qui a récemment prolongé avec le champion de France en titre. 

 

Vous êtes actuellement dans une période très importante pour la suite de la saison, avec des matchs tous les trois jours. Comment sentez-vous l’état de forme de vos troupes ? 

On est bien je pense ! Nous avons eu un mois de janvier un peu complexe, avec une charge importante d’entraînements, qui a eu inévitablement des répercussions sur notre niveau de jeu. A partir du moment ou nous avons diminué le nombre d’entraînements, nous sommes progressivement revenus à un niveau de jeu conforme à nos ambitions. Le timing est plutôt bien tombé pour nous, puisque cela a coïncidé avec la réception de Rostov en Ligue des Champions, le déplacement à Brest et la venue de Copenhague. Notre planification a plutôt bien fonctionné sur cette période, après nous avons eu un match plus poussif récemment à Nantes. Un début de match qui n’était pas conforme à notre niveau, mais ce que j’ai dit aux filles à la mi-temps, c’est que nous avons aussi le droit de ne pas être à notre meilleur niveau tout le temps. Il faut juste en avoir conscience, ne pas se cacher les choses, et continuer à avancer. Notre deuxième période était de meilleure facture, et nous nous en sommes bien sortis. Avec l’enchainement des matchs, il faut que la récupération soit optimale, que les filles prennent bien soin d’elles dans les moments off, faute de quoi on a tout perdu.

 

Nantes en championnat, Besançon en coupe de France, Rostov en Ligue des Champions, trois déplacements en une semaine. Comment gérez-vous ce type de période ? 

C’est assez complexe à vivre. Les modalités de déplacement du Metz Handball, ne sont pas les mêmes qu’un club comme Györ par exemple, et il faut faire avec. Nous allons à Besançon, avant de revenir sur Metz, pour partir ensuite directement pour Rostov. Concrètement on va partir le matin à 7H, pour arriver à destination autour de 23H avec un décalage horaire qui n’est pas en notre faveur. Nous aimons nous entraîner à Metz, et dans ce contexte ce n’est pas toujours facile, il faut vraiment arriver à être hyper efficaces pendant nos temps de travail.

 

Est-ce-que les expériences des saisons précédentes vous permettent de mieux aborder ces déplacements successifs ? 

L’expérience aide, surtout en terme d’appréhension des choses. Après ce n’est pas parce qu’on a fait une erreur auparavant, qu’on ne va pas la répéter la fois suivante. Il y a toujours un contexte propre à chaque déplacement, et on a beau avoir tous les éléments en main, les choses peuvent prendre des trajectoires différentes. Il faut travailler, faire preuve de beaucoup de justesse dans nos temps d’entraînement. 

 

Votre profondeur de banc joue un rôle important dans la gestion de la fatigue de vos joueuses ? 

Pour préparer le match de ce mercredi en coupe de France contre Besançon, on travail avec les images de nos dernières confrontations, et c’est vrai que la dernière fois que nous avons joué contre l’ESBF nous avions débuté avec une équipe un peu « BIS », avec Méline Nocandy, Orlane Kanor et Alexandra Zych sur la base arrière. L’idée est de tenir compte aussi de ce qu’il se passe aux entraînements, et de récompenser les joueuses qui s’entraînent bien. Cela nous permet de garder toutes les joueuses sous pression, et de ménager parfois certaines joueuses. Les rotations nous font du bien dans l’enchainement des matchs, il faut que tout le monde reste concerné, ce qui n’est pas évident à gérer. Parfois on peut perdre le rythme à rester trop longtemps sur le banc, il faut donc trouver le bon équilibre pour chaque joueuse. 

 

 

Comment abordez-vous ce 1/8e de finale de la coupe de France à Besançon ? 

Ce qui est un peu dommage pour nous, c’est que nous avons joué dimanche à Nantes, et que nous enchainons derrière à l’extérieur en coupe de France. Mais c’est comme ça, et le calendrier est quelque chose avec lequel on ne peut pas se bagarrer. Depuis que je suis à Metz, je n’ai jamais eu la perspective de jouer un match de coupe de France à la maison, c’est fou mais c’est vrai. En plus on fait coup double en jouant à l’extérieur, face à un adversaire de qualité. Mais cette compétition reste un objectif fort pour nous ! Nous l’avons gagné il y a deux ans, perdu l’année dernière, et il faut qu’on la récupère. 

 

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En championnat, la défaite de Brest à Nice vous offre un joker supplémentaire dans la course à la première place de la phase régulière. Est-ce-que vous prenez cela en compte ? 

Cela n’a pas d’importance. Quand j’ai préparé le discours d’avant match pour Nantes, je n’avais pas encore connaissance du score de Brest. Cinq minutes avant de rentrer aux vestiaire je l’ai eu, et j’ai appelé mon adjointe pour lui demander si il était judicieux d’en parler aux joueuses. Après réflexion, nous avons décidé de ne pas le faire, car cela n’avait pas d’impact. Nous devions faire notre match de toute manière, indépendamment de Brest, et il faut tracer notre route, en restant concentrés sur nous-mêmes. 

 

Vous pouvez devenir la première équipe à remporter toutes vos rencontres de la phase régulière du championnat. Est-ce un objectif ?  

Je ne dis pas que nous n’allons pas tout faire pour parvenir à gagner tous nos matchs de la phase régulière, parce que c’est dans l’ADN de la structure de chercher à tout gagner, mais ce n’est pas quelque chose d’extraordinaire qui nous anime au quotidien. On prend les matchs tranquillement, et si aujourd’hui cette perspective est possible, c’est dû à un enchainement de victoires sur des matchs que nous avions préparé individuellement. La vérité c’est que la route est encore très très longue, et qu’il nous reste encore beaucoup de matchs importants et difficiles à jouer. J’ai en tête le 1/4 de finale des playoffs d’il y a deux saisons contre Dijon, que nous avions mal maitrisé, et sur lequel nous aurions presque pu sortir. Nous restons très mesurés par rapport à cela. 

 

Malgré votre excellent début de saison, vous n’êtes pas à l’abri de ne pas gagner de titre à l’issue de l’exercice. Comment gérer cette pression ? 

J’ai appris à vivre avec depuis que je suis à Metz. L’année dernière, notre saison était incroyable, et puis en arrivant aux 1/4 de finale de la Ligue des Champions, nous nous sommes cassés la gueule, en coupe de France nous nous sommes faits sortir par Brest en 1/2 finale. Tu joues bien, mais tu peux potentiellement tout perdre en fin de saison. C’est comme ça, on ne peut rien y changer, et il ne faut pas subir les choses et il faut rester dans la prise d’initiatives. Il y a deux ans nous avions gagné deux titres, la saison dernière un, c’est comme ça, il faut mesurer ce que nous avons réalisé ensemble, la légitimité que nous avons à gagner des choses. Il faut éviter de vivre un quotidien qui serait uniquement corrélé à nos résultats. Nous construisons les choses au quotidien, et c’est ce qui doit nous animer, indépendant des titres remportés ou perdus. Par la force des choses, je pense que les résultats suivront. 

 

Un mot sur votre récente nomination à la tête de la sélection des Pays-Bas, et sur votre prolongation à Metz… 

Prendre la tête d’une sélection nationale, ce n’était pas un plan de carrière. C’est devenue une opportunité quand le poste s’est libéré. J’ai décidé de candidater, j’ai envoyé un CV, un dossier que j’avais constitué. Cela a retenu leur attention, et derrière nous avons eu une série d’entretiens téléphoniques et physiques, et puis la fédération a décidé de me retenir pour ce poste. C’est super ! La perspective de vivre une compétition internationale est quelque chose d’hyper intéressant et je suis très content de vivre cela, avec les difficultés que cela va générer, les remises en question… Pour la prolongation à Metz, ça a été une réflexion longue pour moi, il avait beaucoup d’éléments à prendre en compte. Et puis finalement j’ai fait le choix de poursuivre mon aventure ici. La relation avec mon président est bonne, elle dépasse le cadre de la relation entraîneur à président, et le climat est parfait pour continuer.