Squad LFH – L’entretien du président avec Gérard Le Saint (BBH)

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Fin de notre nouvel épisode du Squad LFH spécial Brest Bretagne Handball avec l’interview du président breton, Gérard Le Saint, qui aborde tous les sujets qui gravitent autour de son club, qui dispute sa troisième saison au plus haut niveau du handball féminin français.

 

Entre 2012 et 2018, le Brest Bretagne Handball a parcouru du chemin, avec l’accession en LFH en 2016, deux fois vainqueur de la Coupe de France, vice-champion de France à deux reprises, deux participations en Ligue des Champions… Pouvez-vous nous parler de cette ascension fulgurante, qui vient récompenser le travail réalisé depuis votre arrivée au club ?

Notre progression est en grande partie dû à l’Arena. A partir du moment où nous avons eu un outil pour rassembler plus de 4000 personnes, il fallait absolument tout faire pour ne pas être ridicule dedans. Nous avons accéléré nos démarches pour développer notre réseau de partenaires, et faire grandir le club.

 

A l’issue de la saison 2011-12, la CNCG rétrogradait de 3 divisions le club d’Arvor Brest, alors champion de France en LFH, pour des raisons financières. Vous n’étiez-pas encore président à cette période. Quels souvenirs gardez-vous de cette période et comment avez-vous raisonné à votre arrivée pour ne pas renouveler les erreurs de vos prédécesseurs ?

L’Arvor était une structure totalement différente de la nôtre. Ils avaient des ambitions, mais ils n’avaient pas les moyens pour y parvenir. Nous sommes plus structurés sur le plan économique, c’est le jour et la nuit entre eux et nous. Même pour la salle, ils faisaient 800/1000 spectateurs, c’était autre chose, et je ne compare pas du tout mon club à eux.

 

Depuis votre retour en LFH, on sent naître une vraie rivalité sportive avec Metz, concurrent récurrent pour le titre de champion de France. Quel regard portez-vous sur cette lutte face au club le plus titré du handball féminin français ?  

C’est important d’avoir une concurrence comme celle-ci dans un championnat. Cela nous montre qu’il y a encore du boulot à faire pour arriver au niveau de Metz. L’autre jour nous avons pris une correction à domicile, c’est un accident de parcours qui arrive dans le sport, mais c’est pour cela que nous travaillons encore plus pour bientôt les dépasser.

 

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Justement, vous retrouvez Metz ce weekend à domicile en Ligue des Champions. On imagine qu’il va y avoir un petit sentiment de revanche après la lourde défaite concédée en LFH en fin d’année dernière.

Je ne pense pas que nous allons prendre une correction comme la dernière fois, mais c’est sûr qu’il va falloir faire un très gros match. Metz a une très grosse équipe, ce n’est pas compliqué, c’est l’équipe de France ! C’est comme si on se préparait à jouer contre l’équipe de France, donc j’espère que nous serons plus à la hauteur pour ce rendez-vous.  

 

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Parlez-nous de la saison 2015-2016, historique pour le Brest Bretagne Handball, sacré champion de France de D2F, et vainqueur de la Coupe de France à Bercy.    

C’est pour vivre cela qu’on s’investit autant dans le sport. Pour vivre toutes ces émotions qu’on a pu avoir lors de cette finale de la Coupe de France à Paris, c’est extraordinaire. Ca montre aussi que des gens nous suivent, les Bretons sont quand même chauvins, et on a su créer une dynamique derrière le Brest Bretagne Handball.

 

On sent un réel engouement en Bretagne autour des performances de votre équipe, avec une Brest Arena qui réalise souvent le plein. En quoi cet outil a-t-il été un moteur pour le développement du club et pourquoi vous projetez-vous déjà vers une nouvelle salle ?

Nous travaillons dans ce sens. Nous essayons de rassembler tous les clubs qui se trouvent autour de nous, avec la volonté de fédérer le plus loin possible. C’est pour cela d’ailleurs que nous avons mis le nom “Bretagne” dans notre identité. L’enjeu est que tous les acteurs impliqués dans le handball dans notre région aillent dans le même sens.

 

Le club a de nouveau attiré cette saison de grands noms du handball international, à l’image d’Isabelle Gullden. Quelles sont les ambitions et objectifs de votre club cette saison en ligue des champions ?

Si nous recrutons comme cela, c’est parce que nous n’avons pas vraiment le choix. A partir du moment ou dans le secteur de la formation, nous sommes encore jeune, et que nous allons devoir patienter encore quelques années avant de pouvoir sortir des joueuses de très haut niveau. Lorsque Clément Petit (responsable du centre de formation brestois) est arrivé au club il y a 6 mois, je lui ai demandé combien de temps avant qu’il puisse sortir une joueuse. Il m’a répondu : “Gérard, dans 7 ans…”. Nous ne pouvons pas attendre et c’est pour cela que nous faisons venir des joueuses extérieurs. Les bases sont en place, et il faut maintenant du temps.

 

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Toute proportion gardée, le club de Brest est parfois comparé à celui du PSG handball puisque cette saison vous disposez d’un budget presque doublé par rapport au 2ème budget de LFH. Quel est le secret de votre modèle économique ?

Nous fonctionnons comme une entreprise. Nous avons d’ailleurs cette saison dissocier le secteur professionnel du secteur amateur, en créant une SAS. Nous avons quatre commerciaux, des salariés à la communication, à tous les niveaux. Ils ont tous des responsabilités, et nous fonctionnons avec peu de bénévoles. Les gens sont pour la plupart rémunérés pour faire ce qu’ils font pour le club.

 

Un mot sur l’identité très forte que vous avez avec votre région. On peut dire que le Brest Bretagne Handball est porteur de quelque chose sur votre territoire ?

On est chauvin de notre territoire, et le fait de nous trouver à l’extrémité du pays, cela renforce ce sentiment. Les gens se prêtent au jeu, et même s’ils ne viennent pas à la salle, ils suivent l’actualité du club dans la presse locale, à la télévision. Pour le premier match de coupe d’Europe, nous avons lancé une initiative pour permettre à Tébéo de co-diffuser les matchs avec beIN SPORTS, et permettre ainsi aux Bretons de suivre la Ligue des Champions. Je pense que si nous voulons recevoir de la part des gens, il faut aussi donner, c’est quelque chose de très important pour moi.

 

Cette saison, la Ligue Féminine de Handball fête ses dix ans. Quel regard portez-vous sur le championnat français et quelles perspectives voyez-vous pour l’avenir ?  

Demain ce sera l’autonomie de la Ligue Féminine de Handball, comme on peut avoir chez les garçons. Il faut parvenir à attirer les grands médias autour du handball féminin. On a pu voir que les diffusions de l’équipe de France pendant l’Euro de décembre dernier ont fait de très belles audiences, qui n’ont rien à envier à celles des garçons, et pour moi le spectacle que nous pouvons offrir est encore plus qualitatif, plus élégant.