Des interventions inspirantes pour la journée Internationale des Droits des Femmes

Ce vendredi 8 mars, à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes, la Ligue féminine de handball met à l’honneur cinq figures inspirantes, qui, par leur engagement et leurs réalisations, contribuent à valoriser le sport féminin. Elles témoignent de l’importance de soutenir et de promouvoir les femmes dans tous les domaines de la vie. La présidente de la LFH Nodjialem Myaro, ancienne championne internationale, mère de famille, et psychologue de métier, est un exemple concret de cet engagement.

Cette journée d’action et de rassemblement à travers le monde est l’occasion de mobiliser en faveur des droits des femmes et de leur participation à la vie politique et économique. Chaque année, les Nations Unies définissent une thématique différente qui en 2024 s’articule autour de : « Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme« . Autour de cette thématique, cinq axes clés sont mis en avant :

  • Investir en faveur des femmes : une question de droits humains
  • Mettre fin à la pauvreté
  • Mettre en œuvre un financement tenant compte du genre
  • Passer à une économie verte et une société de soins
  • Soutenir les agents de changement féministes

La Ligue féminine de handball souhaite célébrer l’engagement et les réalisations remarquables de cinq figures inspirantes de la Ligue Féminine de Handball pour cette journée qui se sont exprimées sur l’un des axes de cette édition 2024. Leur détermination et leur contribution à l’avancement du sport féminin attestent l’importance de soutenir et de promouvoir les femmes dans tous les domaines de la vie. Chacune de ces cinq personnalités apporte une contribution unique à l’évolution du handball féminin, repoussant sans cesse les limites et inspirant les générations futures à poursuivre leurs rêves avec passion et détermination.

#Citation

En investissant dans l’éducation des femmes à travers le sport, nous accélérons le rythme vers un avenir plus égalitaire et prospère pour tous. Le sport est une école de la vie. Il apprend la rigueur, le respect, le travail en équipe et le dépassement de soi. Il faut donner aux femmes les mêmes chances qu’aux hommes pour leur donner les moyens de s’enrichir et s’affirmer personnellement et professionnellement. Je me suis toujours battue pour cela, que ce soit à travers mon investissement pour mon sport, mon métier ou mon quotidien familial. Je suis fière aussi de montrer, à travers les cinq témoignages apportés vendredi prochain, que nous avons de nombreuses porte-paroles inspirantes au sein de la LFH qui font avancer les choses.

Nodjialem MYARO (Présidente de la LFH)

Les interventions inspirantes sur les 5 axes clés

  • Investir en faveur des femmes : une question de droits humains

Béatrice BARBUSSE (Vice-Présidente de la FFHandball)

C’est une question essentielle. Si il n’y a pas d’investissement, il ne peut pas y avoir de développement du sport féminin. Pourquoi est-ce une question de droits humains ? Je trouve cette formulation très bonne car trop souvent la réflexion s’articule d’un point de vue économique et non pas dans un registre politique. Si nous voulons vraiment que les choses avancent, il faut élever le débat au niveau politique. Les femmes, les sportives, ont tout autant le droit que les hommes à recevoir des investissements qui leur permettent de se développer. Pendant des années les femmes ont été privées de ces droits. Lorsque les économistes, marques etc. justifient les réticences à investir dans le sport féminin, ils oublient de mentionner le contexte historique. Le sport masculin a bénéficié d’un siècle d’avance sur le sport féminin. L’argent qui a servi à financer le sport, a surtout permis à financer le sport masculin. Je vais peut-être un peu loin, mais pour moi il y a quand même une forme de « dette d’opportunité » du sport masculin à l’égard du sport féminin. Pour faire avancer les choses il faut sortir du prisme économique et entrer dans le débat politique. Et c’est pour cela que cette thématique est très bien formulée, avec la mise en avant des droits humains. Investir dans le sport féminin ne devrait pas nécessiter de conditions économiques particulières. Et si je me place dans un registre économique, même si l’investissement ne rapporte pas dans l’immédiat, il le sera demain, et c’est la définition même d’un investissement. Le marché du sport féminin est aujourd’hui en plein développement et il y a un réel potentiel pour les investisseurs.

  • Mettre fin à la pauvreté

Sabrina Zazai-Özil (joueuse professionnelle de l’Entente Sportive Bisontine Féminine)

Nous avons énormément de chance en France avec une Fédération qui a les moyens pour développer notre sport. Avec l’Algérie, nous ne sommes pas du tout dans les mêmes conditions. Mon expérience d’internationale algérienne est assez récente. Je suis passée par les catégories jeunes avec l’équipe de France, j’ai joué avec l’équipe de France de Beach Handball. J’ai pu découvrir les conditions dans lesquelles s’entrainent les filles sur place, et ce n’est vraiment pas évident. On traverse juste la Méditerranée, ce n’est pas l’autre bout du monde, et il y a de grosses différences. À mon échelle, j’essaie d’apporter mon expérience du handball français en essayant d’échanger avec les Fédérations. Il y a de plus en plus de filles qui ont la double nationalité, qui jouent avec les équipes africaines, et nous essayons de contribuer au développement de notre sport. Je ne dis pas que nous allons chambouler le système car il a des choses qui son ancrées depuis des années, mais nous devons nous investir à notre échelle à travers l’influence que nous pouvons avoir en tant que sportives de haut niveau. Ces pays regorgent de talents, mais il faut développer les systèmes de détection et de formation pour que les jeunes filles des classes populaires puissent avoir accès à la pratique sportive dans ces pays. Le sport est une réelle école de vie, et sur le terrain il n’y a aucune différence, nous avons la même passion, le même maillot. Peu importe le milieu social dans lequel nous avons grandi, nous sommes tous au même niveau. Il faut que le sport soit accessible à toutes les personnes, peu importe le milieu social. Quand je vois des enfants issus de « milieux défavorisés » dans les tribunes du Palais des Sports avec des étoiles dans les yeux, ça me conforte dans l’idée qu’il faut continuer nos actions.

  • Mettre en œuvre un financement tenant compte du genre

Anne-Stéphanie PIERRY (Directrice de la communication, BUTAGAZ)

Notre démarche à l’époque a été de nous appuyer sur le sponsoring sportif pour repositionner et redynamiser notre marque. L’entreprise Butagaz étant en pleine transformation vers le multi-énergies, le multi-services, notre souhait était de rendre la marque visible et désirable auprès d’un public différent. En partant de cet objectif, nous avions la conviction que le sponsoring sportif pourrait nous aider, et c’est la raison pour laquelle nous sommes partis à la recherche du sport idéal. Et ce sport idéal ça a été le handball, parce que c’est un sport qui se joue partout dans les territoires, c’est un sport de cours d’école et nous aimions cette idée de proximité territoriale et de simplicité. Nous cherchions un sport d’équipe, un sport qui gagne, et qui gagne autant chez les femmes que chez les hommes. La notion de parité a été très importante, et nous avons dès le départ soutenu des équipes masculines et féminines. La parité fait vraiment partie du fonctionnement de notre entreprise. Nous avons un Comex paritaire, notre Présidente est une femme, nous veillons à l’équilibre et à l’égalité femme / homme au sein de l’entreprise. C’est un sujet important, et promouvoir les femmes de talent, montrer les femmes qui gagnent ce sont des choses qui nous plaisaient bien. Lorsque nous avons choisi deux égéries, nous avons pris une femme et un homme avec Allison Pineau à l’époque et Nikola Karabatic.

Après deux années de partenariat avec la FFHandball (2017, 2018), nous avons voulu aller plus loin, plus en profondeur. Nous avons identifié que le handball féminin bénéficiait de moins de visibilité et de moins de moyens que le handball masculin. Lorsque nous avons voulu nous rapprocher des territoires, nous avions la volonté d’être partenaire de premier niveau en devenant Namer de la Ligue féminine de handball. Une idée innovante à l’époque dans le paysage du sport féminin français, et nous aimions bien l’idée d’être les premiers. En plus de cet esprit précurseur, ce partenariat nous semblait juste, car la LFH avait besoin de plus de moyens et de visibilité. Nous sommes très fiers de cette aventure commune avec la Ligue féminine de handball. Nous avons continué de développer notre engagement en soutenant des clubs amateurs (plus de 100 à l’heure actuelle). Lorsque nous avons sélectionné ces clubs, nous avons attaché une grande importance aux clubs porteurs de projets mixtes. Cette notion de parité se traduit sur toute la continuité de notre partenariat avec le handball, qui continue de nous donner une grande satisfaction.

  • Passer à une économie verte et une société de soins

Thierry DURAND (Président du Toulon Métropole Var Handball)

Pour les entreprises, les associations, les clubs… la réflexion RSE est aujourd’hui quelque chose de très important. Si on a un peu le sens des responsabilités, cette réflexion doit être considérée dans tout ce que l’on fait au quotidien. Nous avons donc cherché un projet à développer au sein de notre structure. À chaque fin de match, nous nous retrouvons avec des dizaines de bouteilles plastiques à ramasser dans le Palais des Sports. L’idée est d’arrêter de consommer une / deux palettes de bouteilles par an. Nous avons dû sensibiliser notre collectivité pour avoir de l’eau à disposition dans les points clés. La ville de Toulon a installé des fontaines à eau disponibles au niveau des vestiaires, et pour les spectateurs. Nous allons fournir aux joueuses des gourdes d’1L et des gourdes de 50cl pour tous les membres de notre association. L’idée étant de supprimer toutes ces bouteilles en plastique, avec la volonté de ne pas nous limiter aux membres de notre structure. Nous voulons fournir aux arbitres, aux officiels et aux équipes adverses des gourdes. Nous voulons faire la démarche auprès des clubs visiteurs, en leur fournissant des gourdes s’ils n’en n’ont pas. Entre les rencontres de l’équipe professionnelle au Palais des Sports et l’association, nous pouvons facilement supprimer la consommation de 2000 bouteilles, ce qui représente quasiment 1 mètre cube de bouteilles plastiques compressées. Nous aurons contribué à notre petite échelle en faisant quelque chose qui participe à l’effort collectif.

  • Soutenir les agents de changement féministes

Oumou NIANG FOUQUET (Co-Présidente du HAC Handball)

Dans le sport féminin nous avons plus de difficultés à trouver de nouveaux partenaires privés que le sport masculin. Le sport féminin doit également prendre en compte des besoins différents, comme par exemple le congé parental des femmes, les cycles menstruels. Des sujets qui ont longtemps été tabous, et le handball a été précurseur dans les avancées qui ont été mises en place pour nos sportives. Nous avons la chance dans notre sport d’avoir des femmes comme Nodjialem Myaro (Présidente de la LFH) et Béatrice Barbusse (Vice-Présidente de la FFHandball) qui occupent des positions avec de fortes responsabilités. C’est important que nous prenions la parole pour montrer à toutes les femmes que c’est possible et qu’elles peuvent prendre des responsabilités au niveau des clubs, des comités, de la Fédération. Il y a aussi un gros travail à faire auprès des jeunes filles. Dans les cours d’école la pratique du foot est omniprésente avec très peu de pratiquantes, il faut que ces jeunes filles puissent pratiquer d’autres sports et trouvent leur place. Il faut inciter ces jeunes à rejoindre les clubs, à se lancer dans la pratique de l’arbitrage, dans tous les métiers qui gravitent autour du sport. J’ai aujourd’hui le sentiment que les choses bougent dans le milieu du handball, qui selon moi est une forme d’exemple dans le milieu sportif. Nous avons un cran d’avance, mais nous avons encore du chemin à parcourir. Si on prend l’exemple des conseils d’administration de nos clubs, il y a encore un gros travail à effectuer. Nous avons encore du mal à attirer des femmes bénévoles. Il faut laisser les femmes prendre la parole, car trop souvent se sont les hommes qui monopolisent le dialogue. Respecter les femmes qui s’engagent et leur laisser prendre des responsabilités. Petit à petit ces bénévoles vont trouver leur place et vont vouloir s’investir encore plus dans les clubs. Leur rôle ne se limite pas à faire des gâteaux ou des crèpes, elles peuvent aussi agir pour le club et entrer dans les instances.