Que sont-elles devenues… avec Lorette Morel

Ex-pensionnaire de Besançon et du Havre dans l’élite, passée aussi par Colombelles, Lorette Morel a eu une carrière pro aussi intense que concentrée. L’ancienne pivot a en effet tiré un trait sur le haut niveau à 23 ans en ayant notamment remporté une Coupe d’Europe avec les Normandes. Aujourd’hui, elle est agente immobilière dans sa ville natale après avoir pas mal roulé sa bosse.

La conversation s’est terminée – alors qu’elle en avait déjà été ponctuée – par un éclat de rires. De ceux, solaires et francs, qui illuminent une journée. Et cela en dit long sur celle qui les a offerts à l’humble interlocuteur venu quérir quelques nouvelles. Car elle est comme ça, Lorette Morel, ex de Besançon et du Havre, généreuse et directe, même au bout de quelques minutes de conversation. Un peu comme tous les pivots au cuir dur qui, sur le terrain, se sacrifient pour quelques pouces de terrain, mais qui, maillots et stabils remisés, se parent de mille attentions pour les autres. Il faut dire que 10 années après avoir disputé son dernier match pro, au terme d’une carrière éclair, la jeune femme a su prendre le recul nécessaire sur ses belles années de haut niveau, balle pégueuse en main. Et comme pour le personnage d’Otis dans Astérix et Obélix, mission Cléopâtre, interprété par Edouard Baer, ce qui lui a principalement importé, ce sont « les rencontres ». Elle détaille : « Au-delà des résultats et des titres, ce que je retiens principalement ce sont toutes les personnes que j’ai pu rencontrer. Cela va des partenaires de jeu aux coachs en passant par les bénévoles, les partenaires, les institutionnels ou le public. Partout où je suis allée, j’ai eu la chance de rencontrer beaucoup de personnes sympas, bienveillantes. »

Éveillée au hand du côté de Besançon « comme presque toutes les filles du coin », la jeune pivot prendra plaisir à marcher dans les pas de sa sœur aînée, Nina, en gravissant tous les échelons au sein du club. « J’ai vraiment été dans un cocon familial à l’ESBF. C’était un environnement hyper sain. J’ai tracé la route habituelle avec pôle, centre de formation, premier contrat pro. Et après j’ai voulu me tester dans une grosse équipe, au Havre. Et ça a été plus difficile. Je sortais d’une super saison avec Erick Mathé comme coach. Étant quelqu’un qui marche à la confiance, lui avait su me faire beaucoup progresser, me donner une assurance folle. Il m’a vraiment tirée vers le haut. Et lui avait décidé de partir. Moi j’avais 21 ans, je venais de finir un cycle d’études et je me suis dit que c’était l’occasion. Quand je suis arrivée au Havre, je m’étais dit : “je vais être 100 % pro, ça va être génial” et je ne m’y suis pas retrouvée. J’étais loin de ma famille, de mes amis, c’était trop pour moi. D’autres le font, évidemment, mais je n’avais pas cette fibre. Je pense que je suis partie trop tôt. Je me suis brûlée les ailes. J’aurais peut-être dû asseoir mon expertise à Besançon et partir après. En 2013, j’ai donc décidé, à la fin de mon contrat avec le HAC d’arrêter le haut-niveau. On a gagné la Coupe d’Europe, c’était super, j’ai vécu des super choses mais je ne me voyais pas continuer comme ça. J’ai signé en N1 à Colombelles, j’ai travaillé à côté et ça me convenait mieux. »

À partir de là, la future maman de deux enfants fera passer sa reconversion pro au premier plan tout en gardant un sérieux engagement dans sa pratique sportive. « Je me suis beaucoup cherché » poursuit l’intéressée. « Car je m’ennuie rapidement. Donc j’ai fait plein de travails différents dans différents univers. À l’origine, j’ai fait des études de marketing, communication et publicité, mais j’ai travaillé dans l’esthétique, j’ai été directrice d’un magasin de cosmétiques, j’ai aussi bossé au CSN (Centre Sportif de Normandie). C’est comme un CREPS. Je m’occupais de toute la coordination entre les jeunes de haut niveau, leurs parents et les entraîneurs, institutionnels (lycée/rectorat). Ensuite, quand j’ai décidé de revenir à “Besac”, j’ai valorisé mes diplômes en oeuvrant dans le tourisme puis des amis de ma sœur, qui étaient dans l’immobilier, m’ont dit qu’ils me verraient bien dans le secteur. J’ai dit : “ ok on essaye et je me suis éclatée”. C’était il y a 3 ans. »

Désormais, c’est en experte du m2 et des bilans énergétiques qu’elle arpente les terrains, format 40 x 20 m ou autres ! Lorette : « C’est un beau métier. Il y a forcément une partie commerciale, mais c’est l’aspect humain que je retiens surtout. J’accompagne les gens dans leur projet immobilier, je les aide à trouver leur cocon, à des étapes de la vie qui sont diverses. Cela peut être lors d’un premier achat pour un couple, une famille qui s’agrandit ou un décès. Il y a de tout. Ce dont je me rends compte, aujourd’hui, c’est que le handball et le sport en général m’ont permis d’avoir de vraies qualités d’adaptation, d’écoute, de curiosité qui me permettent de réussir dans mon travail. »

Sans regrets pour cette première vie dont certaines anciennes partenaires profitent encore ? « Je me dis parfois que c’est con, que j’aurais pu vivre encore un peu de ça quelques temps, avoir d’autres émotions. Cette adrénaline que l’on a sur le terrain, on a du mal à la trouver dans la vie de tous les jours. Tous ces moments de complicité dans les équipes, les rencontres, voir autant de gens. Ça, ça manque. Mais il n’y a pas de regrets car j’ai deux petites filles, la vie a suivi son cours. Et j’ai trouvé d’autres alternatives pour être bien et heureuse ! »