Squad LFH – L’entretien du président avec Jean-Pierre Gontier (Fleury Loiret)
Dans le cadre du dispositif Squad LFH, qui a pour but de mettre en lumière tour à tour les 12 clubs de la Ligue Féminine de Handball, focus cette semaine sur le Fleury Loiret Handball. Entretien avec Jean-Pierre Gontier, président du FLHB.
Malgré sa jeune histoire, le Fleury Loiret Handball s’est construit un magnifique palmarès en quelques années, avec notamment un titre de champion de France en 2015. Quel regard portez-vous sur l’installation du FLHB au plus haut niveau ?
C’est un club qui est parvenu à se faire une place tout d’abord au niveau national, et puis après au niveau international, au travers de plusieurs facteurs. L’implication de bénévoles historiques qui ont porté avec vigueur le développement du sport féminin au club, et qui ont contribué aussi à la construction de la LFH que nous connaissons aujourd’hui. Le fort soutien des partenaires privés, qui ont su accompagner cette montée en puissance. L’apport de techniciens renommés qui ont travaillé au club, de joueuses formées chez nous qui évoluent aujourd’hui dans les meilleurs clubs européens et en équipe nationale, notamment en équipe de France. Et puis aussi de joueuses étrangères qui sont venues apporter une vraie expérience du contexte international et une renommée du club au-delà des frontières de l’hexagone.
Vous avez régulièrement alerté sur les problématiques de votre club qui ne possède pas une salle attitrée à la hauteur de vos ambitions sportives. Le projet de construction d’une nouvelle salle est-il toujours d’actualité et où en est-il ?
Les projets d’agrandissement ou de construction d’une nouvelle salle, tout le monde y a tourné le dos il y a trois ans maintenant, en 2016. Aujourd’hui, nous sommes dans la situation ou nous jouons la majeure partie de nos matchs au Palais des Sports d’Orléans, et c’est déjà une vraie avancée, même si le contexte est difficile, et qu’il faut saluer le travail des 50 bénévoles qui font un travail remarquable à chaque rencontre, car nous ne sommes pas chez nous dans ce Palais des Sports. La perspective vers laquelle nous nous projetons serait de devenir un club résident du Palais des Sports d’Orléans en 2021. C’est aujourd’hui les informations que nous avons en main. Notre projet sportif a été bâti avec l’objectif de nous retrouver dans la meilleure position sportive possible en 2021, avec un retour en coupe d’Europe.
Il y a deux saisons, le club a revu ses ambitions à la baisse avec un projet économique différent et les départs de plusieurs joueuses cadres de l’effectif. Malgré cela, le FLHB a décroché sa qualification en playoffs pour la deuxième saison consécutive. On imagine que c’est une satisfaction pour vous ?
Il faut saluer toutes les personnes qui travaillent depuis trois ans sur le nouveau projet sportif. Les joueuses au premier plan, mais aussi les salariés, le staff technique, les dirigeants. Nous sommes au rendez-vous des échéances que nous avions fixées en 2016. L’objectif de la saison 2016-17 était le maintien, nous voulions retrouver les Playoffs pour l’exercice 2017-18, et intégrer le top 6 pour la saison actuelle. La progression est linéaire, et qui est réaliste par rapport à la concurrence présente aujourd’hui en LFH. Les autres ne nous ont pas attendus depuis trois ans pour continuer à progresser, et vite en plus de cela ! Aujourd’hui, nous retrouver à la lutte pour ces places qui potentiellement pourraient être qualificatives en coupe d’Europe, on considère que c’est un projet ambitieux.
Vous avez enregistré cette année le recrutement d’Alexandra Lacrabère, internationale française championne du monde – et récemment d’Europe. Que représente cette joueuse pour le FLHB ?
C’est une joueuse qui nous a apporté un vrai coup d’éclairage, et dans notre contexte c’était hyper intéressant de pouvoir bénéficier de l’image d’Alexandra. Nous en avons bénéficié pas seulement à son arrivée, mais dès l’annonce de son recrutement en janvier 2018 avec l’annonce de sa signature. On se rend compte qu’il y a peu de joueuses qui provoquent cette effervescence avant, après les matchs, avec des dizaines de gamines qui sont présentes pour récupérer un sourire, une photo, une dédicace. Elle nous apporte aussi une crédibilité sur le projet global que nous voulons mettre en place, à savoir d’être performant au plus haut niveau, et placer nos joueuses dans les meilleures conditions possibles sur le chemin de l’Europe. Et puis sportivement, c’est une joueuse qui sait parfaitement où elle veut aller, et elle le montre ! C’est la capitaine de l’équipe aujourd’hui, et elle a su, avec les autres cadres et le staff, décrocher cette sixième place de la phase régulière. Si notre début de saison a été plus difficile, la deuxième partie a été vraiment aboutie, et cela montre que les choses se sont progressivement mises en place.
Votre structure est la première, en LFH, à avoir constitué une société sportive pour la gestion de l’équipe professionnelle. Quels sont pour vous les prochaines étapes et enjeux de structuration pour votre club ?
C’est une réussite car c’est venu apporter une certaine crédibilité professionnelle. Cela a permis d’installer un cadre de gouvernance pour les dirigeants, et de pouvoir réaliser un vrai tour d’horizon de nos forces et faiblesses pour faire ressortir les éléments nécessaires pour atteindre le très haut niveau. Je pense que personne n’a de regret d’avoir créé la SA, et aujourd’hui il n’y a pas de raison de revenir en arrière sur ce modèle. Ce qui est important, et c’est une chose qui prend du temps, c’est le lien, la nouvelle relation, qu’il a fallu faire avec l’association. Des étapes de croissance qui ne sont pas sans difficulté, sans réflexion. La SA se porte bien, les résultats et l’effervescence autour de l’équipe professionnelle sont là pour le prouver, et puis il y a une vraie relation de travail qui est en place entre l’association et la partie professionnelle, pour ne faire qu’un. Cela semble bateau, mais c’est une vraie étape dans le développement de notre club. Savoir garder et entretenir le lien avec l’histoire du club.
Depuis quelques saisons, le club masculin de Saran a rejoint la LNH et évolué en D1 ou D2. Représente-il une concurrence pour le développement de votre club ou une opportunité de promouvoir ensemble le handball ?
Notre vision de cette situation, c’est que les relations sont bonnes entre les deux clubs ! Nous avons eu l’occasion depuis quelques années de mener une certain nombre d’actions ensemble et c’est forcément pour faire la promotion du handball au niveau local. Nous avons une excellente relation dès lors que nous jouons encore quelques matchs à Saran. Après nous sommes vraiment sur deux clubs qui ont une histoire différente, et qui bâtissent leur avenir à leur manière. Avec par contre une certitude d’après nous, que les deux clubs gardent leur propre identité, car lier les deux clubs reviendrait forcément à faire un choix entre la section masculine et la section féminine. Il n’y a pas d’exemple en France dans le handball, ou un club arrive à gérer de front deux sections professionnelles.
Cette saison, la Ligue Féminine de Handball fête ses dix ans. Quel regard portez-vous sur l’évolution du championnat français ?
Le niveau sportif a évidemment augmenté. Le jeu évolue, et en 10 ans l’évolution est forcément énorme. Sur le plan de la structuration, les attentes sont fortes, et aujourd’hui il est difficile d’être satisfait sur le lien qui veut être mis en place avec la volonté de la LFH de promouvoir son championnat sur le plan national, et les impacts réels pour les clubs au niveau local. La vitesse de développement n’est jamais la même, surtout dans le handball féminin où nous sommes partis plus loin que les autres.